Dany Boon, malheureusement trop ch'tylé
Trop cool, je vais voir le dernier spectacle de Dany Boon ! J’espère secrètement qu’il n’aura pas perdu sa saveur tel un vieux yaourt que l’on goûte après l’avoir laissé plusieurs jours sur le bord de l’évier… La question m’est venue parce que son « nouveau » show tourne depuis 2009, et que quand on fait des blagues sur l’actualité ça peut ne plus être très pertinent.
Que nenni ! Le rideau rouge s’ouvre sur un grand drap blanc et Dany danse derrière en ombre chinoise un « Pump Up the Jam » saisissant, me voilà rassuré question rance et manque de modernité. Ceci dit, cela reste le moment le plus drôle du spectacle, je me suis même surpris en train de me dire que j’allais passer un bon moment, tellement cela partait fort.
Mais voilà, le premier sketch parle de la grippe H1N1, un sujet encore plus froid et oublié que les vaccins eux-mêmes dans les frigos de Bachelot.
De la maladie et des microbes, il se transforme en un Portugais appelé Da Silva (quelle imagination), qui est saoûl et propose d’aller remonter le mur de Berlin parce que les Portugais bossent mieux que les Polonais ! (Et vlan, prend ta dose d’idées reçues qui font même plus rire Gérard au bistrot !)
Après un moment d’émotion où il parle de l’amour comme Franck Dubosc dans son premier spectacle, il arrive au sujet tant attendu, sa psychanalyse envers son public du phénomène « Bienvenue chez les Ch’tis », et comment par quel miracle il ne mange plus de pain depuis que la boulangère s’évanouit en le voyant arriver. C’est une étape un peu forcée pour un artiste de son envergure financière qui est devenu businessman plus que comédien en se lançant dans les films labélisés TF1. Il se sent obligé de montrer au public qu’il n’a pas changé, ce fameux public à qui il doit tout et donne tout son amour à 50 € la place.
On se prend une deuxième couche d’humour pas très drôle quand il raconte qu’il y a eu une parodie de son film, un pastiche pornographique nommé « Bienvenue chez les Chtites Coquines » et une deuxième couche de rance quand il raconte devant des familles de gens « comme tout le monde » que dans le film ça baise à tout va et que dans le porno ils n’ont pas peur des microbes (oui, les fameux microbes du premier texte pour ceux qui n’ont pas suivi !)
Un hommage à Raymond Devos plus tard, Dany reprend avec une suite de sketches moins personnels où il parle d’inventions inutiles comme le pédiluve ou les lingettes citron, et finissant son spectacle sur une mise en scène de procès où il est jugé pour avoir voulu euthanasier sa femme car elle avait un gros cul.
Soyons réalistes, les éclats de rires n’étaient pas toujours très contrastés d’avec les bruits de portes des gens qui partent. Un Dany Boon qui se bigardise de plus en plus pour essayer de garder le contact avec ce public qui l’a porté aux nues, presque triste, ou plutôt disons plein de « tendresse » pour éviter les mots qui blessent.
« Dany Boon, Trop Stylé », en tournée dans toute la France et du 23 novembre au 18 décembre 2011 à l’Olympia – 75 009 Paris.