Tout semble avoir été dit sur le chef d’œuvre iranien. La critique est unanime. On applaudit le réalisateur Asghar Farhadi, la performance de Leila Hatami, on salue un scénario finement tissé, des personnages miroirs sans teint d’une société iranienne peu connue. Tout est dit et pourtant, on ne peut s’empêcher d’en reparler…
Peut-être parce qu’on nous a laissé choisir, sans matraquage publicitaire, d’aller voir ce secret qui se passe de bouches en oreilles ?
Peut-être parce que le film déroute par son ambivalente complexité simple ?
Sûrement parce que le film reste dans un coin de la tête comme une triste ritournelle dont les quelques accords restant en éternelle redéfinition, questionnent.
La première scène du film s’ouvre sur un couple côte à côte et pourtant si lointain. Le juge est pris à parti, chacun semble attendre que l’autre recouvre la raison grâce à son intervention mais la mésentente ne trouve pas d’issue. Elle veut partir, lui veut rester. Une longue séparation commence.
La séparation d’un couple, d’un ici et d’un là-bas, d’un fœtus et de sa mère, d’une fille et de son père, de deux couples que tout oppose, de deux Iran roulant à allure différente.
D’une rive, le couple central qui reflète un Iran moderne où chaque individu préserve une existence qui lui est propre, où l’identité duale n’a pas pris le dessus, et où le divorce n’est pas un tabou. Nader, père de famille aimant et fils fidèle à son père malade d’Alzheimer. Simin, femme active, réfléchie, que la détermination a rendue froide, mais belle et libre. Leur fille, une adolescente sage et studieuse qui refuse de faire un choix entre les deux parents. Ils évoluent dans une maison confortable. Pourtant, la lumière traversant les pièces ne suffit pas à unir ces êtres. Elle appelle vers des envies d’ailleurs qui divisent.
De l’autre berge, le couple iranien plus attendu peut-être, celui de Razieh et son mari, où l’homme, pilier central en voie d’effritement, repose sans jamais l’admettre sur les initiatives secrètes de son épouse dissimulée derrière un tchador protecteur.
Bande annonce
Simin décide de tenter le coup: elle part vivre chez sa mère pour essayer de faire changer d’avis Nader, attendant sans suite qu’il vienne l’implorer de revenir. Nader s’obstine: il y arrivera tout seul. Il engage alors Razieh, afin de s’occuper de son père malade. Celle-ci accepte, accompagnée de sa petite fille, mais ne dit rien à son mari, un homme impulsif et instable.
Quand Nader retrouve son père tombé aux pieds du lit, laissé seul sans surveillance, il renvoie Razieh brutalement sous l’effet de la colère. Celle-ci, enceinte fait une fausse-couche. Relation de causes à effets ? Coïncidence ? Mensonges ? Victimes ? Coupables ? Vérités ? Tout se mélange…
Les deux couples se retrouvent alors pris dans une bataille judiciaire acharnée lors de laquelle les sentiments des uns et des autres s’entremêlent. Aidés par les traditions, la religion, l’honneur, la vérité, l’obsession, les dominos s’écroulent et les évènements s’enchevêtrent vers une issue de plus en plus incertaine. La religion justement, présente à travers un jeu de voiles croisés et cette scène surprenante. Face à l’homme incontinent, Razieh ne sait pas comment réagir. Doit elle laver le vieillard au risque de toucher à son intimité ? Sa religion le lui autorise t-elle? Elle compose un numéro de téléphone où un savant religieux disponible 24h/24h répond à sa question. Duale, la religion. Ridicule et perverse en motrice de tout cet imbroglio mais aussi gardienne d’une issue favorable quand le doute s’installe et que les pêchés proposent de s’échanger….
Peut-être qu’ Une séparation fait couler autant d’encre car il s’adresse au monde, rapprochant cet Iran trop longtemps resté lointain.
Le film a joué les prolongations dans les salles. Où voir Une séparation
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