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Identités


 

– « Martin Page ? J’connais pas. »

– « Ca va te plaire » m’avait-elle dit, en bonne boulimique d’encre qu’elle était, « c’est  l’auteur de Comment je suis devenu stupide…. »

– « … »

« … Mais c’est des nouvelles ? Bof, c’est chiant à lire les nouvelles… Ah, y’ a des images … »

Alors j’ai lu. Et j’ai ri. Et j’ai beaucoup réfléchi…. à La mauvaise habitude d’être soi.


J’ai commencé par l’histoire de Raphaël. Héraut kafkaïen hébété devant cet enquêteur chargé de résoudre son meurtre. Puis, curieuse, j’ai continué avec Philippe, aux prises avec ce choix cornélien : échangera-t-il sa vie avec un inconnu au risque de n’être plus personne ?


Alors conquise, j’ai enchaîné avec ce mec qui emménage à l’intérieur de sa tête, cet autre qui découvre qu’il est une espèce en voie de disparition, ce dernier qui enquête sur la désertion des cafards parisiens… Avant d’enfermer tous ces frappés dans leur prison de papier.


Quelque chose me dit que ce livre pourrait me remuer bien plus que ce qu’il n’y paraît. Alors, je le ré-ouvre quelques fois, lorsque je chasse le zébu, nue à la pleine lune sur les toits de Paris, tout en cherchant une nouvelle tête volontaire, mon corps ayant eu raison de la première.



Martin Page et Quentin Faucompré, La mauvaise habitude d’être soi, Éditions de l’Olivier, 2010.