Mercredi – Les enfants de Tensing
Le Tibet est autant idéalisé et rêvé en Occident qu’il est stigmatisé et diabolisé côté Chinois. Difficile finalement de se faire une idée objective puisque ce bout de terre si près des étoiles est hautement fantasmé. « La mendiante de Shigatze » regroupe cinq nouvelles toutes très crues sur les mœurs du Tibet vues par un chinois rustre et partial.
Ma Jian, auteur et voyageur de l’empire du Soleil se pose en seul juge de la culture tibétaine et des villageois qu’il rencontre lors de son périple effectué en 1984. Le moins que l’on puisse dire est que notre voyageur est « Lost in translation » (1), choqué mais aussi fasciné. Au premier rang de sa fascination naissante, les femmes, leur liberté et leur sexualité.
Dans ces nouvelles contant le voyage initiatique dans l’«Empire de l’Herbe», la montagne nous apparaît comme une sorte de personnage omniprésent, auquel font écho des Tibétains anguleux à la vie rythmée par la nature et les rites ancestraux.
Notre Champollion au Tibet nous livre un tableau à mille lieux des chemins battus et emprunte les chemins escarpés qui le mènent entre rude réalité et surnaturel, tour à tour macabre ou érotique.
Notre Candide sur le toit du monde oscille, dans son récit, entre fictions fantasmagoriques et descriptions fidèles des traditions.
Cinq nouvelles : « La Femme en Bleu », « Le Sourire du Lac du Col de Dolm », « Le Chörten d’Or », « La Mendiante de Shigatze « et « L’Ultime Aspersion ».
Paru chez Acte Sud en 1988, dans la collection Terre d’Aventures, ce recueil méconnu permet de prendre un peu de hauteur.
Il s’arpente très rapidement et semble hors du temps, mais ce récit et ces personnage obsèdent.
(0) Tensing Norgay (15 mai 1914 – 9 mai 1986 à Darjeeling) était un sherpa népalais. Il est le premier homme avec Edmund Hillary à gravir l’Everest, le 29 mai 1953.
(1) « Lost in translation », Sofia Coppola, 2003.
Photos de Benjamin Rajjou (merci beaucoup).