Les toutous et les journalistes peuvent au sens de Paul Nizan être des « chiens de garde » (1).
Si le premier a le mérite de défendre votre humble demeure, le second peut défendre la république et la liberté de penser, d’écrire et de faire savoir.
Or, en ces temps de campagne électorale n’est-il pas nécessaire de se replonger dans ces notions d’indépendance, objectivité et pluralisme!?
Serge Halimi a écrit Les nouveaux chiens de garde en 1997 aux Editions Liber – Raisons d’Agir après la crise de 95. Le livre fait écho au pamphlet de Nizan Les chiens de garde. Le propos était évidemment actualisé puisqu’en lieu et place des philosophes gardiens de l’ordre établi on retrouvait ici les journalistes, éditorialistes… Une réflexion bien étayée sur la force des médias en tant que « contre-pouvoir ».
Le postulat partisan étant le suivant « Au sein d’un périmètre idéologique minuscule se multiplient les informations prémâchées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices et les renvois d’ascenseur. » L’ambiance est donc posée, le texte est vindicatif et certains passages sont écrits au vitriol. On y apprend par exemple que Christine Ockrent (cible privilégiée de ce « jeux de massacre ») fait des « ménages » c’est à dire des interventions payantes, rémunérées par des entreprises du CAC40 pour y évoquer des sujets de société. Ce qui implique une parfaite partialité lors du vote des lois et ce n’est que le début de la longue liste des connivences et népotismes entre politiques et journalistes.
A défaut d’être modéré et de taper aussi sur les politiques « du moment », ça fait réfléchir!
L’ouvrage date de 1997 : pourquoi diable en parler aujourd’hui ?
Et bien parce qu’Halimi s’est adjoint les services de Pierre Rimbert, Renaud Lambert, Gilles Balbastre, Yannick Kergoat pour scénariser un film basé sur son livre. Le film « Les nouveaux chiens de garde » est sorti le 11 Janvier 2012 et est diffusé dans des salles d’art et d’essai (2). Il est rythmé par une alternance d’analyses et d’archives, à la manière d' »Inside Job »(3).
Serge Halimi décrit son film ainsi : « on a fait le choix d’un film de combat, qui ne prétend pas chercher la nuance en toute chose. »
(1) Paul Nizan essai/pamphlet : Les chiens de garde 1932.
(2) Projections
(3) Inside Job, film de Charles H. Ferguson (2010), oscar du meilleur documentaire en 2011.
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