Spectateurs, nous sommes invités à nous installer dans un décor de maison hantée, n’ayant rien à envier à celle qui contribue au succès de Disneyland Paris. La lumière étrange et la toile placée entre le public et la scène nimbent la salle d’étrangeté. Dans cet écrin débute alors une suite de contes s’entrecoupant pendant toute la durée du spectacle.
Ce rituel scénique est mystérieux, surtout, effrayant, parfois (surtout les trente premières minutes). Les histoires mettent en scène des rencontres étranges, baignées de ces angoisses qui habitent l’enfant quand « La Nuit Tombe ». Ici, une mère fuyant un mari violent pendant la période de Noël semble avoir l’air possédée. Deux sœurs se rendent à un mariage de leur père, mais l’une fini par étrangler l’autre. Un réalisateur psychopathe agit bizarrement avec son actrice… Une autre mère envoie son gamin à la recherche d’un frère mort dans un monde proche de celui d’« Alice au Pays des Merveilles », avec placard sans fond, clé et labyrinthe.
Techniquement, le spectacle est très bien construit. Les bruitages, les sons d’ambiances, les voix trafiquées prolongent la sensation d’angoisse qui nous habite, Guillaume Vincent s’inspire des maîtres de l’épouvante : la peur est dans la suggestion.
La scénographie et le dispositif sont très beaux : une chambre d’hôtel décorée d’une grande baie en fond de scène. Le ciel, visible au travers, change au fil de la représentation. Il pleut, il neige, parfois, le ciel se teinte d’un vert à la « Sleepy Hollow », parfois d’un grand bleu à la « Shrek ». Quoi qu’il en soit, cette lumière est toujours irréelle. Elle, comme tout le spectacle, taquine la réalité avec des pincées de fiction.
L’ombre de la mort en souffrance plane sur chaque scène, sans jamais frapper complètement. Elle est l’épée de Damoclès des personnages. « La Nuit Tombe » est un objet théâtral attrayant, étrange et très ludique, il faut le reconnaître. La profondeur des histoires passe au second plan derrière la technique. Une création qui ne manquera pas de plaire aux jeunes et aux publics peux enclins à fréquenter les salles de théâtre.
Tournée :
- Du 8 janvier au 2 février 2013 au Théâtre des Bouffes du Nord (Paris)
- Les 7 et 8 février 2013 au Théâtre de Beauvaisis – Scène Nationale de l’Oise
- Du 13 au 15 février à La Comédie de Reims
- Le 8 mars au Mail – Scène Culturelle de Soissons
- Le 12 mars au Théâtre de Cornouaille – Scène Nationale de Quimper
- Les 3 et 4 avril au Centre Dramatique National Orléans/Loiret/Centre
- Le 8 avril à Alençon – Scène Nationale 61
- Les 11 et 12 avril au Parvis – Scène Nationale de Tarbes
- Du 16 au 19 avril Théâtre des 13 Vents Centre Dramatique National de Montpellier
- Le 30 avril à l’Espace Jean Legendre Compiègne – Scène Nationale de l’Oise
Texte & Mise en scène : Guillaume Vincent
Avec : Francesco Calabrese, Emilie Incerti Formentini, Florence Janas, Pauline Lorillard, Nicolas Maury, Susann Vogel et les voix de Nikita Gouzovsky, Johan Argenté et les visages de Thibaut-Théodore Babin, Io Smith.
La Nuit Tombe… a été créé le 10 juillet à la Chapelle des Pénitents Blancs en Avignon.
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