Les Enfarinés, drôle d’Archipel !

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Théâtre de l’Archipel, Xe arrondissement, un vendredi soir.
Une petite salle parisienne comme il en existe tant, à cette particularité près qu’elle fait également office de cinéma.

Mais c’est de théâtre dont nous parlons aujourd’hui.
« Les Enfarinés », la nouvelle création de Gracco Gracci, auteur et metteur en scène, se joue jusqu’au 13 janvier 2013 dans cette intimité réconfortante.

En quelques mots, la pièce nous dépeint les déboires d’un couple aux prises avec son fils, adopté, et son père biologique, puissant baron du cartel de la drogue colombien. Sans retour du fils dans son pays natal, le dangereux patriarche s’attachera à liquider le père adoptif.
Trafic de drogue, trafic d’armes, corruption, proxénétisme, tout y passe durant cette heure et demie.

Surprise dès l’entrée en scène des différents comédiens, nous n’en dirons pas plus pour vous la préserver intacte !
S’ensuit une première partie quelque peu poussive, le temps que le décor et l’histoire se mettent en place. Un début où les comédiens semblent surjouer, et usent de ficelles peu convaincantes (la réaction de la salle en témoigne d’elle-même).
Une grande inquiétude émerge alors à l’esprit du spectateur : « Et si ça ne s’améliorait pas dans les scènes suivantes ? » … On entraperçoit alors un long moment de solitude … surtout lorsque l’on se porte garant d’une belle soirée auprès de ses amis !

Mais que nenni ! (Phrase théâtrale pour un revirement de situation théâtral lui aussi)
Un déclic, une réplique, un ou deux tics … et le tour est joué !

La situation s’emballe, le jeu se déride (certains spectateurs rêveraient que ça leur arrive aussi … ), les calembours font mouche (rien à voir avec l’effet du camembert …) !
Tout s’enchaîne du tac au tac, les acteurs maîtrisent la scène et leur jeu, les fous rires retentissent. Les zygomatiques sont alors mises à rude épreuvre, pas de répit possible.
On ne fait plus vraiment attention à l’histoire et à l’intrigue qui se développe devant nous tant les gags des acteurs sont prenants.
Et le plus surprenant reste sans hésitation cet état de doute dans lequel est parfois plongé le spectateur : quid de l’improvisation ? quid de l’écriture ?

En effet, au-delà même des ficelles plutôt « traditionelles » de la comédie (calembours, comique de situation et autres décalages de ton et de langage), ce sont toutes les petites références à cela même qui est en train de se dérouler qui font mouche auprès du spectateur.
Je ne sais s’il s’agit là de « méta-communication » mais ça y ressemble fortement. Les acteurs réagissent autour et à propos même du jeu qu’ils sont en train d’offrir à une salle comblée (à défaut d’être comble) !

Et l’on vient à en faire un rapprochement avec une autre pièce, encore à l’affiche et qui connaît un véritable succès partout en France : « Si je t’attrape je te mort ». A noter d’ailleurs au rang des similitudes entre ces deux pièces, la présence à l’affiche de la désopilante Kim Schwarck. La jeune actrice excelle d’ailleurs dans la propagation du doute entre jeu / mise en scène et dérapage / improvisation / fou rire.

Le dénouement arrive presque trop vite, tant cette seconde partie est jouissive pour le spectateur.
N’allez toutefois pas chercher de message philosophico-subliminal. Pas de morale à se mettre sous la dent (juste un peu de cocaïne peut-être … ). Juste un pur moment de délectation !

les enfarinés

 

Les Enfarinés
Théâtre de l’Archipel, 17 boulevard de Strasbourg, Paris Xe
Jusqu’au 13 janvier 2013
Les jeudis, vendredis et samedis à 21h30 et dimanche à 18h30
http://www.larchipel.net/

Auteur et metteur en scène : Gracco Gracci
Distribution : Pascal Barraud, Ariane Gardel, Emmanuelle Graci, Othmane Larhrib, Siewert Van Dijk, Eliott Lerner, Kim Schwarck

 

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