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Sélectionné aux festivals de Sundance et de Venise de 2013, May in the summer est le deuxième film de Cherien Dabis et s’inscrit dans la continuité d’Amerrika (2009). Si celui-ci traitait de la place des Arabes dans la société américaine, celui-là s’attelle à son pendant : comment se vivre femme américanisée dans la société arabe.
May Brennan (interprétée avec brio par la réalisatrice elle-même) revient dans sa famille en Jordanie après quelques années de fuite et d’exil avec son livre publié en poche. La raison de ce retour réside dans l’organisation de son mariage. On découvre alors que ce jour censé être le plus beau de sa vie n’est au final que source de problèmes et d’angoisses. May est la fille d’un diplomate américain et d’une palestinienne chrétienne alors que son fiancé Ziad, brillant universitaire, est musulman. La mère de May (grandiose Hiam Abbas, hilarante en mère folle de Dieu) ne voit pas cette union d’un très bon œil et ne s’en cache pas. Mais ce n’est pas son seul souci, pilier de la famille elle-même perdue, May doit affronter ses craintes et ses faiblesses dans une milieu en perte de repères. Malgré tout, May vit une relation presque fusionnelle avec ses deux sœurs cadettes, Dalia et Yasmine, aux mœurs très modernes. Ce film montre ainsi des histoires de famille comme nous en vivons tou-te-s, et dresse le portraits de femmes libérées ou souhaitant l’être envers et contre tout.
La réalisatrice parvient à capter au travers de sa caméra la beauté de la Jordanie, aussi bien Amman que le désert de Wadi Rom et filme avec le même talent, la société jordanienne. On découvre les contradictions d’une jeunesse désillusionnée, en quête de liberté la nuit en discothèque ou la journée au bord de la mer Noire, et on jubile face aux regards tantôt méprisants, tantôt libidineux, souvent choqués des Jordaniens, face à May faisant son jogging tel qu’elle le ferait à New-York. Si l’on peut reprocher à Cherien Dabis un film parfois trop travaillé, à l’écriture trop poussée et manquant un peu de naturel, concédons-lui le mérite de ne pas tomber dans le travers d’un « Roméo et Juliette » à la sauce des mille et une nuits, le mariage mixte devenant au final un thème très secondaire.
Ce film est un cheminement intellectuel sur la recherche et la connaissance de soi, une réflexion philosophique sur la foi, le doute (religieux ou non) et les certitudes. Mais c’est aussi une chronique sociologique qui s’attache à la famille et à notre interaction avec les autres, identitaire bien sûr et politique aussi avec, en filigrane, le conflit outre-frontière et la question du statut du réfugié palestinien.
Film (Jordanie, USA, Qatar) de Cherien Dabis avec Cherien Dabis, Alia Shawkat, Nadine Malouf, Hiam Abbas, Bill Pullman et Alexander Siddig
Durée, 1 h 39.