Encore un événement de rentrée (théâtrale). Quelques saisons après Johnny à l’Edouard VII, c’est au tour de Sylvie (Vartan) de monter sur les planches pour la première fois. Cet honneur, elle le fait au Théâtre des Variétés, dans une pièce de – et avec – Isabelle Mergault, « Ne me regardez pas comme ça !»
Le potentiel comique de Sylvie Vartan est connu de son public. Celle qui remplit encore des Olympia ne peut être là que pour s’amuser : c’est ce qu’elle fait. Les spectateurs venus pour voir la star jouant le rôle d’une star ne seront pas déçus. Sur scène, elle est Victoire Carlota, ancienne vedette de cinéma qui n’est pas sortie de son appartement depuis 20 ans. Le succès est loin mais le fisc frappe à la porte : Victoire Carlota prévoit d’écrire ses mémoires pour payer ses impôts. Mais voilà : elle se souvient de tous ceux qu’elle a rencontrés, mais d’elle, plus rien. Isabelle Mergault est Marcelle, le nègre envoyé par l’éditeur. Ensemble, elles partent en Italie pour tenter de raviver la mémoire de la star déchue. Si les souvenirs sont définitivement perdus, Victoire y (re)trouvera l’amour.
Si le texte de la pièce était un bateau, il serait l’Erika, tellement tout cela est mal écrit. La mise en scène est à peu près inexistante et le décor vidéo mérite qu’on s’y arrête : composé en grande partie de projections montrant des paysages italiens (Rome, la campagne), le responsable technique semble avoir tout essayé pour faire de l’humour informatique. Les transitions avec lesquelles les images se succèdent en fond de scène sont plus inesthétiques les unes que les autres. On a l’impression que défilent des photos retouchées par un enfant sur Paint, version Windows 98. On reste difficilement stoïque face à ces fondus enchaînés qui semblent faire absolument ce qu’ils veulent, surtout de se foutre de l’effet qu’ils font car tout le monde n’a d’yeux que pour la star Vartan.
Mais Isabelle Mergault joue Mergault (avec son inimitable cheveux sur la langue), à rendre le public hilare. Sylvie Vartan ne se prend pas au sérieux et est surprenante d’autodérision. On est dans le pur théâtre visant à rire sans réfléchir. Il ne faut pas en attendre autre chose, car de ce point de vue (et il serait hypocrite d’en prendre un autre), c’est totalement réussi.
« Ne me regardez pas comme ça » d’Isabelle Mergault. Mise en scène de Christophe Duthuron, actuellement au Théâtre des Variétés, 7 boulevard Montmartre, 75002, Paris. Durée : 1h20. Plus d’informations et réservations sur www.theatre-des-varietes.fr/
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