Un voyage en terres inconnues mais sans animateur cordial. Sans caméra. Sans trucage. Sans la sécurité d’un repas chaud et d’un toit (un vrai). Sans autre but que la découverte. Sans autre témoin qu’un Leica. Sans frontière. Sans préjugé. Sans peur ?
Un bouquin qui donne soif. De grands espaces. D’aventures.
Des mémoires de baroudeurs qui sentent l’air pur des grands chemins, le miel himalayen et la poudre d’escampette. Une plume qui n’a rien de formidable mais des rencontres emplies de sagesse et une démarche de paquelineur avide de vérité. Une écriture qui a donc le mérite d’être impartiale, simple et directe.
Eric Valli a quitté Dijon très jeune et troqué le destin qu’on lui promettait contre celui de grand voyageur. Pas un voyageur en costume 3 pièces et business-class, un voyageur quasi- sans bagages à pieds, à cheval, en stop, en bus ou en ferry… à la rencontre de paysages et au contact de populations des mois durant dans des lieux reculés le Nepal, l’Afghanistan, la Birmanie…
Extraits :
« Qu’ai-je éprouvé le jour où, juché sur les balles de coton du camion bariolé qui m’avait pris à la frontière indienne pour me conduire à Katmandou, j’ai ouvert pour la première fois les yeux sur ce paysage grandiose ? […] Réveillé par le froid plus que par le bruit et les secousses, je m’étais redressé parmi les ballots en frissonnant. Nous débouchions sur un col.
Dans une symphonie de verts, éclaboussée ici et là des minuscules points blanc et ocre des habitations au toit de chaume, les collines d’une vaste vallée, sculptées de milliers de terrasses, parcourues d’innombrables sentiers, s’offraient à la caresse des derniers rayons du soleil. »
« Je veux être le témoin de ces peuples oubliés, de ces hommes que j’ai rencontrés, côtoyés, au milieu des forêts, accrochés aux falaises ou aux arbres, risquant leur vie pour arracher aux abeilles à mains nues, le miel de nids géants. »
« Des paysages suspendus dans la brume et le silence des forêts. Des villages aux toits de nattes arrondis, chaque maison ponctuée de son mât ou flotte le drapeau à l’effigie du Tâ le cheval porteur des prières des hommes vers les dieux, les terrasses où l’on vanne et qui au soleil accueillent les bavardages des femmes. Les visages ridés de tous les montagnards du monde, les gestes simples, antiques, du paysan qui bat le grain. »
Lecteurs, attention, ce récit de voyage là vous donnera la chair de poule et une envie folle de mettre les adjas. On suit le chemin d’un français étonnant qui avait des rêves bien plus grands que sa Bourgogne natale. Si son nom, Eric Valli, vous dit quelque chose, c’est peut-être aussi pour ses photos, à la lumière et aux regards transcendant ou pour son film Himalaya enfance d’un chef, comme un comte pour enfants rêvant des plus hauts sommets du monde. De quoi prolonger en image ce pèlerinage sur le toit du monde.
Titre : Le Ciel sera mon toit
Auteur : Éric Valli en collaboration avec Sophie Troubac
Editeur : Gallimard
Date de parution : 2006
Plus d’infos et de photos : http://www.ericvalli.com/
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