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« L’enfant », terrible drame rural

Copyright : Guillaume Lavie

 

Pour imaginer cette création, Carole Thibaut s’est installée en résidence à Saint-Antoine l’Abbaye, commune de l’est de la France en 2009. Un village comme il en existe des milliers. A partir de témoignages reçus, elle crée son décor, une fiction où elle dénonce à quel point l’immobilisme des « honnêtes gens » (au sens auquel l’entendait Brassens), peut conduire aux pires horreurs. Ce texte est le premier volet d’un vaste projet baptisé « Les communautés territoires ».

L’Enfant – Drame rural part d’une métaphore biblique, celle de la destruction de Sodome (qui a été détruite, non pas pour le péché de sodomie qu’on y pratiquait comme il est courant de l’entendre, mais pour le mauvais traitement fait à des étrangers de passages, contrairement à la coutume antique de l’hospitalité). Ici, un enfant est abandonné de bon matin au pied de la ferme la plus isolée d’un village de l’Isère. Ses occupants (une idiote et son père) ne peuvent le garder et le confient au maire, qui le confie à sa sœur qui demande à sa femme de ménage d’en prendre soin. Au final, l’enfant se trouve à nouveau chez l’idiote, qui s’enfuira avec lui pour éviter qu’on ne le lui prenne de nouveau.

Tout au long de l’intrigue, on suit l’Enfant de main en main, le spectateur entre donc dans chaque foyer. Se retrouve du bon côté de la porte pour observer ce qu’il se déroule dans le salon des habitants, dans leur intimité, jusque dans les moindres détails du mobilier… Comment peuvent-ils être monstrueux au point de ne pouvoir garder un bébé quelques heures ? Finalement l’Enfant est prétexte à une fresque effroyable par sa vérité. On est effaré de ce que peut faire l’humain par égoïsme ordinaire. Et bien que ce thème paraisse évident, la façon dont il est montré est particulièrement étonnante.

De belles lumières, un dispositif scénographique ingénieux (qui ressemble à celui de « Ma chambre froide » de Pommerat) et une bande son nous plaçant dans un espace temps radicalement bouleversant font de ce drame un portrait qui semble terriblement réel. Monstrueusement réel. Sans pour autant tomber dans le réalisme gorgé de larmes et d’angoisses. Carole Thibaut a créé un monde dans l’écriture, elle arrive très bien à le faire rejaillir théâtralement, avec une pincée de cynisme grinçant bienvenue.

La création dure 2 h 15, et pourtant elle s’arrête au bon moment, à aucun instant cela ne semble long. Et elle réussit la prouesse de ne pas tomber dans la tragédie sanglante inutile. En choisissant de faire narrer la fin du drame à l’Enfant, elle ne se préoccupe pas de faire mourir chacun de ses personnages, elle se contente juste de nous montrer leur chute, leur vie en somme.

Les acteurs sont tous excellents dans ces rôles, bien marqués et, une fois de plus, tellement crédibles. Ce drame rural ne touche pas que ses protagonistes. Il est affreusement universel.

Pratique : Jusqu’au 27 octobre au théâtre la Tempête, La Cartoucherie de Vincennes, Route du Champ-de-Manoeuvre (75012, Paris) – Réservations par téléphone au 01 43 28 36 36  ou sur www.la-tempete.fr/ / Tarifs : entre 12 € (étudiants, chômeurs) et 18 € (plein tarif) – Du mardi au dimanche.

Durée : 2 h 15

Texte et mise en scène : Carole Thibaut

Avec :  Marion Barché, Thierry Bosc, Eddie Chignara, Sophie Daull, Emmanuelle Grangé, Donatien Guillot, Fanny Santer, Boris Terral.

Tournée :

  • Le 8 novembre, ATP de Millau
  • Le 10 novembre, ATP de Dax
  • Le 13 novembre, ATP d’Aix-en-Provence
  • Le 14 novembre, ATP d’Avignon
  • Le 16 novembre, ATP de l’Aude, Pennautier
  • Le 20 novembre au théâtre Roger Barrat, Herblay
  • Le 22 novembre, ATP d’Uzès
  • Le 24 novembre, ATP de Nîmes
  • Le 27 novembre, ATP d’Epinal
  • Le 30 novembre à l’Apostrophe, Scène Nationale de Cergy-Pontoise
  • Le 8 janvier, ATP d’Orléans
  • Le 18 janvier, ATP de Roanne
  • Le 22 janvier, ATP de Poitiers
  • Le 1er février à la Ferme de Bel Ebat, Théâtre de Guyancourt
  • Le 16 avril, ATP de Lunel
  • Les 27 (ou 28) juillet au festival « Textes en l’air » de Saint-Antoine l’Abbaye



Jacques Lassalle nous emmène « Loin de Corpus Christi »

Copyright : Marc Ginot

La création de « Loin de Corpus Christi », pièce de Christophe Pellet mise en scène par Jacques Lassalle est inédite. Inédite parce que montée une fois à la Comédie de Genève, mais aussi par son format, son contenu, sa forme… Tout commence lorsqu’une passionnée de cinéma tombe sous le charme d’un acteur à la Cinémathèque Française, elle va partir à sa recherche… Ne se contentant pas d’intégrer du cinéma dans le théâtre, elle bouscule les frontières entre ces deux arts par une problématique difficile. 

Tout d’abord, en soulignant la différence d »importance du personnage face à l’Histoire. Bertolt Brecht et Richard Hart vivent dans le même Hollywood qui voit se produire la montée du macchartysme après la Seconde Guerre mondiale. Le premier personnage existe encore dans la mémoire collective, le second est presque oublié après quatre films. En interrogeant ce fait, Christophe Pellet questionne également notre obsession de l’image, du désir qu’elle nous procure et l’occupation de notre esprit par un acteur, son visage, ou le corps d’une héroïne de jeux vidéos.

Sur ces idées est écrite une pièce complexe qui nous fait jongler d’une époque à l’autre, en 1946, 1989, 2005 et 2025, mais pas forcément dans cet ordre… Jacques Lassalle a fait le choix du réalisme pour dépeindre ces espaces chronologiques. Dans un décor qui est une salle de cinéma, on fait des bonds dans le siècle, guidés par des panneaux dactylographiés sur le fronton de l’écran, comme dans un film muet. Les années changent mais le cadre reste, ces sièges rouges… Tout au plus quelques draps viendront les recouvrir…

Une étrange atmosphère

Divisée en deux parties distinctes (l’une d’1h20, l’autre d’1h), la pièce nous invite à suivre Anne Wittgenstein (Sophie Tellier). Passionnée de cinéma elle partage le coup de foudre qu’elle a eu pour Richard Hart avec son vieux professeur de cinéma, Pierre Ramut (Bernard Bloch), clin d’oeil amical au critique de cinéma toujours en activité, Pierre Murat. Il la met en garde, faisant référence au Portrait de Jennie de William Dieterle. Ce film où un peintre croise un soir une jeune fille dans un parc, la fait vivre dans une toile, et par mégarde, la ressuscite. Où se situent rêve et réalité ?

Ces discussions maître-élève sont une belle leçon de cinéma, qui ne laissent pas pour autant les non-initiés sur le bord du chemin. Bloch est touchant et humain dans ce rôle, sa disciple semble troublée, mais aussi follement amoureuse de ce nouveau visage inconnu. Léger bémol cependant, dans son jeu, Sophie Teillier vire parfois un tantinet groupie, on a l’impression qu’elle essaye de se convaincre de son amour, c’est gênant. 

On sent sur toute la pièce un voile de mystère, d’étrangeté. Des fantômes planent au-dessus de nos têtes. C’est d’ailleurs comme une apparition qu’arrive Richard Hart (Brice Hillairet), pour son premier rendez-vous à la MGM en 1946. Il est comme nous l’a décrit Anne Wittgenstein : absent, aérien, nous faisant douter de sa propre existence… Il a 20 ans, vient de Corpus Christi au Texas et appréhende la vie de Los Angeles, ses excès. Dans ce monde irréel créé par Jacques Lassalle, on est forcément questionné sur comment le cinéma nous absorbe, nous capte et nous plonge dans des sensations inconnues.

Aliénation par l’image

L’Histoire nous fait rester sur terre, la chasse aux communistes fait rage outre-atlantique. Richard Hart, faible d’esprit, gamin du « deep south », devient un informateur du gouvernement et cause la fuite de quelques uns des gens qui l’ont approché de trop près : Norma Westmore (Marianne Basler), Julie Arzner (Annick Le Goff), toutes deux excellentes dans leurs rôles respectifs. Bertolt Brecht (Bernard Bloch) est aussi conduit à s’échapper avec elles.

Puis on revient à notre époque, Anne a subi quelques épreuves qui l’ont conduite à abandonner Richard Hart.

Et vient Berlin-Est, Norma Westmore s’y est réfugiée depuis 25 ans, on vit avec elle la chute du Mur. La question de Richard, de l’image, la hante. Morritz, son amant d’aujourd’hui a les mêmes traits que son amour d’hier. Le jeune homme s’avère n’être en fait qu’un informateur de la Stasi. Toujours cette question de l’image, de l’espionnage et du jeu de dupe. Qui sont ces gens qui nous obsèdent et pourtant nous détruisent ?

Toute la pièce est une critique poétique de l’aliénation à l’écran, qui nous donne l’illusion de vivre dans un monde libre. Alors que sans cesse les spectres du passés montrent que ce n’est pas le cas, le mal n’est pas forcément où le plus gros doigt le pointe. La terreur ne règne pas là où on hurle le plus fort qu’elle existe. Et si « Loin de Corpus Christi » était le cri d’un désir de liberté ?

Avec une conclusion réussie, Jacques Lassalle propose une version compréhensible de cette pièce complexe, un pari qui n’était pas gagné d’avance.

Pratique : Jusqu’au 6 octobre 2012 au théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses (18e arrondissement, Paris) – Réservations par téléphone au 01 42 74 22 77 ou sur www.theatredelaville-paris.com / Tarifs : entre 15 € (jeune) et 26 € (plein tarif).

Durée : 2 h 20 (avec entracte)

Texte : Christophe Pellet (édité chez L’Arche)

Avec :  Marianne Basler, Annick Le Goff, Sophie Tellier, Tania Torrens, Julien Bal, Bernard Bloch, Brice Hillairet

Tournée :

  • Du 10 au 19 octobre 2012 au Théâtre des 13 Vents – Centre Dramatique National du Languedoc-Roussillon, Montpellier
  • Le 13 décembre 2012 au Préau – Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie, Vire
  • Du 26 au 30 mars 2013 aux Célestins – Théâtre de Lyon



Plongeon dans le coeur de la « Démocratie » au théâtre 14

Copyright : Photo Lot

Sous le nom de « Démocratie », le théâtre 14 fait revivre l’un des plus grand scandale politique du 20e siècle : « L’affaire Guillaume », du nom d’un proche assistant du chancelier Willy Brandt qui était en réalité espion de la Stasi. L’intrigue se déroule à la charnière des années soixante.

Le public est invité à découvrir une version théâtralisée de ce drame passionant, signée de l’auteur britannique, Michael Frayn (à qui l’on doit également Copenaghe). Cette retranscription romancée ne perd pas pour autant son intêret historique certain. Sur scène, pour tout décor, des tables et des chaises en ferronnerie, malléables à souhait par les acteurs. Elles forment tantôt un grand bureau, tantôt plusieurs petites pièces, voir un coin de bistro ou un train. La délimitation des espaces et des époques est (très bien) faite par des jeux de lumières. En fond de scène, le Mur, alors construit en 1961.

C’est dans ce Mur que Willy Brandt va s’acharner à ouvrir une brèche, sans savoir que la Russie soviétique est au courant de ses moindres gestes par le biais de Gunter Guillaume. Officiellement syndicaliste, brave type, un peu gigoteur, il est agaçant par son côté groupie naïve. Alain Eloy campe très bien ce personnage. Comme Jean-Pierre Bouvier EST Willy Brandt. Tous les autres protagonistes incarnent à merveille leurs rôles, avec une mention spéciale pour le directeur des lieux, Emmanuel Dechartre, qui joue un Helmut Schmidt complexe et manipulateur effroyable, affirmant que « la démocratie doit être contrôlée ».

Ce monde ainsi dépeint est terrible, on y voit les rouages d’une démocratie d’après-guerre qui fait face tant bien que mal aux luttes intestines qui rongent l’intérieur du parti au pouvoir. Une histoire qui ressemble en de nombreux points au fonctionnement du Parti Communiste Chinois aujourd’hui… C’est dire le chemin parcouru.

En suivant Brandt et Guillaume, on vit une campagne, assiste aux tentatives de coalition, partage les doutes du candidat sur lui même, lui-même envers son équipe. Mais aussi les interrogations du parti à propos de Guillaume qui sera surveillé étroitement pendant de longs mois sans que jamais ne puisse être prouvée sa culpabilité. C’est lui-même qui finira par avouer, tiraillé entre sa fidélité à l’Allemagne de l’Est, son épouse, sa vie d’avant, et cette Allemagne qu’il construit corps et âme aux côtés de Willy Brandt, personnage profondément charismatique et pourtant méprisant à l’égard du petit peuple dont Gunter fait parti.

 « L’Affaire Guillaume » peut sembler complexe et difficile au premier abord. Mais les choix faits dans l’adaptation donnent à voir une histoire simplifiée de ses aspects administratifs, pour ne pas dire abrupts, elle insiste sur la relation entre cette poignée d’hommes de pouvoir. Le public est guidé, accompagné à chaque minute par un dispositif de flashbacks centrés sur Guillaume. On le voit raconter son épopée à un agent de la Stasi (qui s’invite parfois directement dans le bureau du Chancelier), et à d’autre moment le syndicaliste plonge dans ses souvenirs. La mise en scène de Jean-Claude Idée, est juste et précise, soutenant avec élégance la dizaine d’hommes qui incarnent les dirigeants, souvent tous sur scène en même temps, sans pour autant être au même point de l’Histoire. Durant toute l’intrigue, il y a si peu de sorties, que lorsqu’un personnage quitte le plateau, un vide se créé. Ces personnages de tout âge dessinent l’ossature générationelle du pouvoir.

Le monde décrit dans « Démocratie » est excessivement masculin (il n’y a que des hommes sur scène). Aucune douceur ni aucune finesse féminine viens tempérer les ardeurs et les concurrences permanentes qu’entrainent invariablement la concentration de testostérone. Cris, haussements de voix, échanges musclés, petites manipulations ponctuées de rires gorgés de nicotine. Tout est très bien décrit, rythmé, jusqu’à la chute (sans suspens) de Willy Brandt. L’homme qui était récompensé d’un prix Nobel de la Paix en 1971, se retrouve en 1974, tournant dans son bureau, ne parlant plus que de « falaises et de pistolets »…

Cette pièce est un conte moderne riche, prenant et peu tendre avec l’envers du décor de ce qui nous est souvent décrit comme le meilleur système politique au monde. Courrez, prenez de l’élan et jetez-vous avec lui dans l’une de ses chutes.



Pratique : Mardi, vendredi et samedi à 20 h 30. Mercredi et jeudi à 19 h. Matinée le samedi à 16 h. Jusqu’au 27 octobre au théâtre 14, 20 avenue Marc Sangnier (14e arrondissement, Paris) – Réservations par téléphone au 01 45 45 49 77. Informations complémentaires sur theatre14.fr / Tarifs : entre 11 € et 25 €.

Durée : 1 h 40

Texte : Michael Frayn (traduit par Dominique Hollier)

Mise en scène : Jean-Claude Idée

Avec :  Jean-Pierre Bouvier, Alain Eloy, Frédéric Lepers, François Sikivie, Frédéric Nyssen, Freddy Sicx, Emmanuel Dechartre, Xavier Campion, Alexandre Von Sivers, Jean-François Guilliet




Au théâtre de Paris, « Tartuffe » déçoit

Cachez ce (mauvais) Tartuffe qu’on ne saurait voir ! Celui-là même qui est actuellement donné au théâtre de Paris où Pierre Chesnais joue l’illustre imposteur aux yeux et à la barbe d’Orgon, incarné par Claude Brasseur. La célèbre comédie de Molière, maintes fois racontée, montrée et mise en scène depuis presque 350 ans n’avait vraiment pas besoin qu’une version aussi médiocre s’invite dans son Histoire théâtrale. Marion Bierry en signe ici une énième mise en scène de la pièce, sans rien apporter au spectateur, pas même un divertissement.

Le décor est tout de blanc construit, escaliers, murs, tables et chaises. Même le piano a eu droit à ce relooking qui fait que la pièce semble se dérouler dans un décor créé pour un clip d’Enya. De plus, l’espace est mal utilisé. Les comédiens semblent se déplacer et utiliser l’espace sans raison apparente, juste parce qu’ils ont toute cette place à leur disposition et qu’on leur a dit d’en profiter. C’est d’ailleurs toute la mise en scène qui manque de structure et de dynamisme. Dommage, car les six entrées laissées à la créativité du metteur en scène pouvaient laisser croire une utilisation plus vivante de la scénographie.

Le mécanisme de changement de décor est lui aussi mal fait : un rideau noir fond sur la scène pendant que sont changés les accessoires de plateau. Lorsque le tissu se relève, une banquette est apparue comme par magie… Beaucoup de bruit pour pas grand chose.

A l’image de ces changements de décor inutiles, tout le spectacle manque de surprise. Des douze personnages que compte la distribution, seuls trois semblent prendre du plaisir à être sur scène et à être dans leur personnage : Claude Brasseur, Chantal Neuwirth (Dorine) et Arnaud Denis (Damis).

Patrick Chesnais, lui, est incroyable de sérieux, habillé en janséniste et flanqué d’une tête d’enterrement, on peine à croire qu’il n’est pas l’austère homme de foi qu’il prétend être. Il nous faut du temps pour croire toutes les accusations dont il est victime par le personnel de maison et les enfants du maître. Et quand il est en position de séduire la femme de son hôte (Elmire, Beata Nilska), la scène est dénuée d’érotisme, d’excitation ou d’une quelconque friponnerie. C’est juste ennuyeux comme un sermon en latin un matin de Pâques. Les seuls instants drôles, c’est au génie de Molière qu’on les doit, grâce aux situations embarrassantes qu’il fait vivre à ses personnages.

Rester chez soi et lire le texte, une bien plus riche idée que de se rendre au théâtre, au moins cela permet d’éviter les tunnels d’ennuis  qui creusent la pièce. Cela permettrait également de nous replonger dans la profondeur de critique des dévots, scrupuleux de respecter le Ciel à condition que cela serve leur avidité. On pardonnera donc aisément la fin bâclée au théâtre de Paris, car elle sonne pour le public comme une libération.

Pratique : Actuellement au théâtre de Paris, 15 rue Blanche (9e arrondissement, Paris) – Réservations par téléphone au 01 48 74 25 37  ou sur www.theatredeparis.com / Tarifs : entre 18 € et 48 €.

Durée : 2 h

Texte : Molière

Mise en scène : Marion Bierry

Avec :  Claude Brasseur, Patrick Chesnais, Chantal Neuwirth, Beata Nilska, Emilie Chesnais, Julien Rochefort, Arnaud Denis, Marcel Philippot, Guillaume Bienvenu, Roman Jean-Elie, Alice De La Baume et Jacqueline Danno

Un projet MyMajorCompany – http://www.mymajorcompany.com/projects/tartuffe-au-theatre-de-paris

 




« Antigone » de Jean Anouilh à la Comédie Française

Plus le temps passe, plus l’Antigone de Jean Anouilh perd de son aspect polémique au profit du mystère qui a poussé l’auteur à réécrire la pièce de Sophocle. Pureté déchue ? Antigone résistante face à la folie des hommes ? Et si Créon était le véritable héros de la pièce d’Anouilh ? Pièce éminemment politique, elle a été choisie pour être présentée par la Comédie-Française au théâtre du Vieux Colombier, grâce à une mise en scène de Marc Paquien.

Dès le départ, Paquien souligne l’aspect de dédramatisation de la tragédie se dégageant du texte originel en donnant à la pièce une narratrice forte (Clotilde de Bayser), autoritaire, plaçant la tête du spectateur où elle le veut, quand elle le veut. A chacun de ses passages, on a d’autre choix que d’acquiescer, de se laisser faire, de voir les choses qu’elle souhaite au cœur de cette scénographie monumentale changeant d’aspect selon la lumière. « Au moins c’est clair, dans la tragédie il n’y a plus d’espoir ».

L’espiègle Antigone (Françoise Gillard) se mue, sautille au milieu de cette histoire comme une souris se faufile entre les pièges, ne gardant qu’un seul but en tête : résister, tenir tête à son oncle, Créon (Bruno Raffaelli), quitte à mourir s’il le faut. Dans chacune de ses relations humaines, Françoise Gillard joue à merveille. D’avec Hémon se dégage une sensualité puissante, de la défiance surgit d’avec Ismène, un désir de vivre surgit de ses liens avec l’autorité. Des interactions menées par des comédiens tous brillants, notamment Raffaelli qui campe le tyran prisonnier du pouvoir avec une belle justesse.

Par contre, il n’est pas forcément évident (ni utile) de trouver une résonance actuelle à l’histoire, en comparaison, l’Antigone de Sophocle s’impose naturellement comme moderne en 2012, ce qui n’est pas le cas de celle d’Anouilh. Mais le recul, la langue sarcastique et ce regard noir sur le monde sont des composantes de la pièce dont on se délecte encore aisément, surtout quand ils sont présentés de façon si réussie. 

 

Pratique : Jusqu’au 24 octobre 2012 au théâtre du Vieux Colombier, 21 rue du Vieux-Colombier (6e arrondissement, Paris) – Réservations par téléphone au 0825 10 1680 ou sur www.comedie-francaise.fr / Tarifs : entre 8 € et 29 €.

Durée : 1 h 50

Texte : Jean Anouilh

Mise en scène : Marc Paquien

Avec :  Véronique Vella, Bruno Raffaelli, Françoise Gillard, Clotilde de Bayser, Benjamin Jungers, Stéphane Varupenne, Nâzim Boudjenah, Marion Malenfant, Laurent Cogez, Carine Goron, Maxime Taffanel.




Une « Anne Frank » aux airs de téléfilm

Copyright : Laura Cortès

Le journal d’Anne Frank, c’est des millions d’exemplaires vendus à travers la planète. Témoignage rare, il rapporte la vie clandestine endurée pendant deux ans par une jeune fille juive et sa famille à Amsterdam. Il est probablement l’un des journaux intimes les plus exposés aux yeux du monde. Évidemment, se lancer dans une création à partir de ce monument du souvenir tient du véritable défi. Une épreuve relevée par Eric-Emmanuel Schmitt, visible sur la scène du théâtre Rive-Gauche à Paris jusqu’en décembre.

Dans un décor et une mise en scène extrêmement réalistes, Francis Huster est Otto Frank, le père, seul survivant de la famille. La scène est divisée en trois espaces chronologiques, alternant entre temps présent et souvenir, au moyen de flash-backs, comme au cinéma, éclairés par une lumière à la Jean-Pierre Jeunet… On en oublie parfois (malheureusement) que nous sommes au théâtre. Toute la pièce baigne dans la recherche d’émotion : Eric-Emmanuel Schmitt, soutenu par Steve Suissa à la mise en scène, s’est mis en tête de faire pleurer dans les chaumières avec de grossières ficelles (la récurrence de l’Agnus Dei de Samuel Barber ou des discours d’Hitler soulignent cette intention), bien évidemment, ça ne fonctionne pas très bien. Il y a un petit côté téléfilm qui gêne comme un caillou dans la chaussure.

Les acteurs ont chacun un caractère bien marqué, à l’exception de Francis Huster qui manque souvent de justesse, notamment pendant les apartés où il revient à l’époque actuelle, seul face aux écrits de sa fille. La jeune Roxane Duran incarne bien Anne Frank, mais elle fait souvent aux yeux du spectateur, figure d’une petite peste insolente. La faute au texte de Schmitt, problématique quand on sait que « Le Fonds Anne Frank » qui a autorisé la diffusion de la pièce fait tant attention à ce que la mémoire de la petite fille ne soit pas entaché. Dans le texte, le désir et la joie de respirer, le bonheur d’être en vie qui caractérisent Anne passent quelquefois à la trappe au profit d’une sur-maturité (imaginée). Tout au long du spectacle, elle reprend les grands sujets qui la bouleverse (et qui sont sensés nous bouleverser ?) : l’arrivée des règles, de l’amour, la peur du noir et le désir d’apprendre, de vivre…

Vouloir évoquer la richesse des pages publiées d’Anne Frank était un pari difficile, allant de vérité historique à extrapolation, au final on est un peu perdu dans une éruption de bons sentiments à bon compte. Dommage.

Pratique :  Jusqu’au 20 décembre 2012 au théâtre Rive-Gauche, 6 rue de la Gaité (14e arrondissement, Paris) – Réservations par téléphone au 01 43 35 32 31 ou sur www.theatre-rive-gauche.com / Tarifs : entre 42 € et 47 € selon les catégories.

Durée : 1 h 45

Texte : Eric-Emmanuel Schmitt, d’après « Le Journal d’Anne Frank » et avec la permission du Fonds Anne Frank.

Mise en scène : Steve Suissa

Avec :  Francis Huster, Gaïa Weiss, Roxane Duran, Odile Cohen, Katia Miran, Charlotte Kady, Yann Babilee Keogh, Bertrand Usclat, Yann Goven




« L’Atelier Volant », Novarina met en scène sa première oeuvre au Rond-Point

 

Copyright : Giovanni Cittadini Cesi

1971, Valère Novarina a 24 ans quand il écrit L’Atelier Volant. L’oeuvre sera mise en scène une première fois en 1974 par Jean-Pierre Sarrazac. Aujourd’hui, c’est son auteur qui se la (ré)approprie. Pas une seule syllabe n’a changé en 40 ans, « on a juste fait quelques coupes », rassure l’écrivain.

L’auteur est connu pour sa recherche et ses prouesses rythmiques, musicales, chirurgicales avec la langue française. Les bases sont posées dans L’Atelier Volant, mais un sens de la narration plus évident habite la pièce. Une histoire qui aurait pu être écrite ces dernières semaines. Que ce soit chez Foxconn (sous traitant d’Apple) ou sur les chaînes de montages de PSA. Elle est une critique virulente, acide et enrobée d’humour de la société consommatrice. Ce monde qui fait fabriquer à des ouvriers payés le minimum des produits qu’ils s’achètent ensuite au prix fort.

A l’écrit comme à la scène, la création prend la forme d’une fable, dans une scénographie extrêmement colorée, les références enfantines sont nombreuses. Ce qui souligne de manière brillante la folie de la situation, on est effrayé. Puis bercé, menés, dans cet univers burlesque. On parcourt les ateliers à la suite de M. Boucot (O. Martin-Salvan) et on écoute les dernières fulgurances intellectuelles méprisantes de sa femme, Mme Bouche (Myrto Procopiou). Car du mépris (dénonciateur !) il y en a, face à la classe ouvrière, inculte, manipulée, bernée jusqu’à la moëlle. La situation retranscris à merveille cette histoire qui se répète encore aujourd’hui sur la question de l’asservissement du travailleur. « Pendant qu’ils jouent, ils ne se pendent pas », affirme M. Boucot, plein de bontée d’âme.

Le couple leader excelle dans son jeu et les nuances dans lesquelles le metteur en scène les place. Chaque employé incarne également à merveille ce théâtre peu évident de prime abord. Il est important de ne pas se mettre en tête de comprendre tout ce qui se passe sur les planches, il faut lâcher prise, savoir se laisser couler, ne pas chercher la cohérence. Pourquoi cette mobylette est sur scène en même temps que ce wagonnet de fête foraine ? Pour raconter une histoire d’amour construite sur chaîne de montage, tout simplement.

L’absurde englobe le tout : les consommateurs sont déjà avertis que si ils ne consomment plus, l’économie peut se casser la figure ! Que le spectateur se rassure, l’artisan ne sera pas toujours dupe. Un éveil de conscience en conclusion d’une crise mondiale ? Pourquoi pas ! Moderne, actuel et réussi cet Atelier Volant mérite largement une visite. 

Pratique : Jusqu’au 6 octobre 2012 au théâtre du Rond-Point, 2bis av. Franklin D. Roosevelt (VIIIe arrondissement, Paris) – Réservations par téléphone au 01 44 95 98 21 ou sur www.theatredurondpoint.fr / Tarifs : entre 15 € (moins de 30 ans) et 36 € (plein tarif).

Durée : 2 h 15

Texte, mise en scène et peinture : Valère Novarina

Avec :  Julie Kpéré, Olivier Martin-Salvan, Dominique Parent, Richard Pierre, Myrto Procopiou, Nicolas Struve, René Turquois, Valérie Vinci

 

Tournée :

  • Du 9 au 13 octobre 2012 au TNP, Villeurbanne
  • Le 17 octobre 2012 à la Scène Nationale de Mâcon
  • Les 23 et 24 octobre 2012 à La Coupe d’Or, Scène nationale de Rochefort
  • Les 7 et 8 novembre 2012 au Forum Meyrin (Suisse)
  • Du 14 au 24 novembre 2012 au Théâtre de Vidy Lausanne (Suisse)
  • Les 27 et 28 novembre 2012 à l’Espace des Arts, Scène Nationale de Chalon sur Saône
  • Les 6 et 8 décembre 2012 au Théâtre du Grand Marché, Saint-Denis de la Réunion
  • Du 16 au 18 janvier 2013 à la Comédie de Saint-Etienne
  • Du 22 au 26 janvier 2013 au Théâtre de Dijon-Bourgogne
  • Le 7 février 2013 au Théâtre de l’Archipel, Scène nationale, Perpignan
  • Les 14 et 16 février 2013 au Théâtre Garonne, Toulouse
  • Les 6 et 7 mars 2013, Le Maillon, Scène Nationale de Strasbourg
  • Les 12 et 13 mars 2013, Bonlieu, Scène Nationale d’Annecy
  • Du 19 au 22 mars 2013, TNBA, Bordeaux
  • Les 4 et 5 avril, Nouveau Théâtre – CDN, Besançon



« Julie des Batignolles », charmant hommage aux mots des années cinquante

Affiche du spectacle

Lors de son dernier passage au théâtre La Bruyère, Eric Métayer avait fait un carton, grâce à une pièce récompensée de deux Molières (à l’époque où ceux-ci avaient encore cours). C’était avec Les 39 Marches, d’après Alfred Hitchcock, qui a tenu l’affiche pendant un peu plus de 500 représentations.

Pour Julie des Batignolles, Eric Métayer choisit de mettre en scène la pièce d’un auteur presque inconnu (Pascal Laurent), qui est un modeste hommage, drôle et tendre, à Michel Audiard comme à Michel Simon, et plus largement à l’époque des « Tontons Flingueurs ».

L’histoire présentée sur scène est celle d’une bande de branques à l’argot jaillissant de la bouche comme l’eau d’une source, qui décident de réaliser un kidnapping contre rançon. Le projet est de récolter assez de thunes pour financer un coup plus dingue : casser la Loterie Nationale. Bien évidemment, rien ne se passe comme prévu : l’otage est prise de logorrhée permanente, le plus jeune de la bande a la vivacité d’esprit d’une brique et pour couronner le tout, la planque qu’ils pensaient sûre ne l’est pas tant que ça…

 

Toute cette histoire (un peu longue de temps à autre) est portée par les deux cerveaux de la bande (Philippe Lelievre et Viviane Marcenaro), très bons dans leurs rôles respectifs. Le spectacle est charmant, plein d’humour. C’est un plaisir d’entendre ces mots parigots vieillis en fût de chêne, avec la répartie et le sens de l’image qui les accompagne. Des paroles qui nous plongent dans une bonne intrigue à tiroirs au cœur des années cinquante, sans plagiat ni exagération.

Pratique : Depuis août 2012 au théâtre La Bruyère, 5 rue La Bruyère (IXe arrondissement, Paris) – Réservations par téléphone au 01 48 74 76 99 ou sur www.theatrelabruyere.com / Tarifs : entre 10 € (jeunes) et 40 € (1ère catégorie).

Durée : 1 h 50

Texte : Pascal Laurent

Mise en scène : Eric Métayer

Avec : Philippe Lelievre, Viviane Marcenaro, Thierry Liagre, Manon Gilbert et Kevin Métayer




« Six personnages en quête d’auteur » : Drame familial entre réalité et fiction

Copyright : Elisabeth Carecchio

Créée au festival d’Avignon, cette version de la pièce avec laquelle Pirandello a connu son premier succès auprès du public est bien construite, et heureusement adaptée à 2012. Ces dernières années, le drame pirandellien est souvent représenté de manière ennuyeuse. La faute ne vient pas du maître italien ni (forcément) de ses metteurs en scène modernes, mais du texte original. Souvent daté, poussiéreux, il ne correspond plus à notre époque, notre réalité.

Et pourtant, la question de la réalité est au cœur même de cette pièce écrite en 1921. Réécrite par Stéphane Braunschweig, elle ne prend pas un nouveau sens « actuel », mais retrouve tout simplement son intérêt universel, avec son lot de questions à la fois drôles et captivantes. La pièce est d’ailleurs présentée comme « d’après » Pirandello. Une nuance qui s’avère bienvenue.

Nous, spectateurs, assistons en catimini à la réunion d’une troupe en train de s’ennuyer pendant une séance de travail à table avec son metteur en scène (Claude Duparfait, brillant acteur !). Les comédiens sont perdus et entraînent leur directeur dans un questionnement sur le théâtre et l’intérêt du texte s’il n’est pas habité par l’acteur. Arrivent alors dans la pièce les six personnages. Visiblement, le drame les habite, mais l’auteur qui les a imaginés ne l’a jamais écrit. Ils ressentent le besoin impérieux qu’un écrivain s’en charge tout de même.

Le metteur en scène de la troupe n’accepte pas immédiatement la demande qui lui est soumise par cette étrange famille, mais à force de réflexion il s’engage à retranscrire l’horreur qui les hante, à condition que ce soit avec ses acteurs. Il est vrai que le théâtre se doit d’être une imitation et non pas la retranscription de la réalité… La scénographie qui accompagne la création est un beau clin d’œil en ce sens…

Quand les personnages commencent à jouer c’est très confus, conformément à la structure originale, ils veulent raconter leur histoire mais n’y arrivent pas par eux-mêmes. On ne comprend la toile du drame qu’à partir du moment où ils commencent à être guidés. Cette partie de la pièce est difficile à suivre, ce qui est logique puisque nous ne sommes pas censés être là (c’est une répétition). On accroche un peu plus quand, comme dans les contes pour enfants, on comprend que le personnage de théâtre est dans le même cas que le héros mythologique : tous deux ont besoin que nous croyions en eux pour exister.

Sauf que là, c’est un peu l’histoire du Dr. Frankenstein à l’envers : la créature (ici, la famille) a échappé au maître (le metteur en scène) avant même d’avoir été créée. Peu à peu, ce dernier dompte la réalité qu’expose la famille pour en sculpter un vrai drame théâtral.

Finalement, Braunschweig fait de ces « Six personnages en quête d’auteur » une intéressante pièce manifeste, en utilisant le corps de celle-ci pour pauser un certain nombre de questions sur le théâtre d’aujourd’hui. Quel est l’intérêt d’un texte figé ? Qu’en est-il de la possibilité de l’écriture collective ? Quelle part de l’inconscient de l’acteur joue dans une incarnation ? Jusqu’à quel point un acteur doit-il s’approprier le personnage ? Ici le comédien peut créer un fossé avec la personne qu’il interprète. Lui finit sa journée et sort du personnage, mais le personnage de son côté reste prisonnier de son drame comme Tantale de son supplice, condamné à le revivre chaque soir sur scène. N’est-ce pas là que réside l’horreur même ? 

Pratique : Jusqu’au 7 octobre dans le Grand Théâtre de La Colline – Théâtre National.
Réservations au 01 44 62 52 52 ou sur www.colline.fr / Tarifs : entre 14 et 29 €.

Durée : 1 h 55

Texte (d’après Pirandello) et mise en scène : Stéphane Braunschweig

Avec : Elsa Bouchain, Christophe Brault, Caroline Chaniolleau, Claude Duparfait, Philippe Girard, Anthony Jeanne, Maud Le Grévellec, Anne-Laure Tondu, Manuel Vallade et Emmanuel Vérité

Tournée :

  • Du 10 au 20 octobre 2012 au Théâtre National de Bretagne (TNB), Rennes
  • Du 24 au 26 octobre 2012 à La Filature, Scène nationale, Mulhouse
  • Les 8 et 9 novembre 2012 au Théâtre de L’Archipel, Scène nationale, Perpignan
  • Du 14 au 16 novembre 2012 au Théâtre de la Cité, Théâtre national de Toulouse-Midi-Pyrénées (TNT)
  • Du 22 au 24 novembre 2012 à la Scène nationale de Sénart, Combs-la-Ville
  • Les 28 et 29 novembre 2012 à La Passerelle, Scène nationale, Saint-Brieuc
  • Du 5 au 7 décembre 2012 au Centre dramatique national Orléans/Loiret/Centre
  • Les 12 et 13 décembre 2012 à la Comédie de Valence, Centre dramatique national
  • Les 20 et 21 décembre 2012 au Centre dramatique national de Besançon et de Franche-Comté
  • Les 10 et 11 janvier 2013 au Théâtre Lorient, Centre dramatique national de Bretagne (CDDB)
  • Du 16 au 18 janvier 2013 au Théâtre de Caen



Avignon 2012 – « La Nuit Tombe » grâce à Guillaume Vincent

Spectateurs, nous sommes invités à nous installer dans un décor de maison hantée, n’ayant rien à envier à celle qui contribue au succès de Disneyland Paris. La lumière étrange et la toile placée entre le public et la scène nimbent la salle d’étrangeté. Dans cet écrin débute alors une suite de contes s’entrecoupant pendant toute la durée du spectacle.

Ce rituel scénique est mystérieux, surtout, effrayant, parfois (surtout les trente premières minutes). Les histoires mettent en scène des rencontres étranges, baignées de ces angoisses qui habitent l’enfant quand « La Nuit Tombe ». Ici, une mère fuyant un mari violent pendant la période de Noël semble avoir l’air possédée. Deux sœurs se rendent à un mariage de leur père, mais l’une fini par étrangler l’autre. Un réalisateur psychopathe agit bizarrement avec son actrice… Une autre mère envoie son gamin à la recherche d’un frère mort dans un monde proche de celui d’« Alice au Pays des Merveilles », avec placard sans fond, clé et labyrinthe.

Techniquement, le spectacle est très bien construit. Les bruitages, les sons d’ambiances, les voix trafiquées prolongent la sensation d’angoisse qui nous habite, Guillaume Vincent s’inspire des maîtres de l’épouvante : la peur est dans la suggestion.

La scénographie et le dispositif sont très beaux : une chambre d’hôtel décorée d’une grande baie en fond de scène. Le ciel, visible au travers, change au fil de la représentation. Il pleut, il neige, parfois, le ciel se teinte d’un vert à la « Sleepy Hollow », parfois d’un grand bleu à la « Shrek ». Quoi qu’il en soit, cette lumière est toujours irréelle. Elle, comme tout le spectacle, taquine la réalité avec des pincées de fiction.

L’ombre de la mort en souffrance plane sur chaque scène, sans jamais frapper complètement. Elle est l’épée de Damoclès des personnages. « La Nuit Tombe » est un objet théâtral attrayant, étrange et très ludique, il faut le reconnaître. La profondeur des histoires passe au second plan derrière la technique. Une création qui ne manquera pas de plaire aux jeunes et aux publics peux enclins à fréquenter les salles de théâtre.

 

Tournée :

 

  • Du 8 janvier au 2 février 2013 au Théâtre des Bouffes du Nord (Paris)
  • Les 7 et 8 février 2013 au Théâtre de Beauvaisis – Scène Nationale de l’Oise
  • Du 13 au 15 février à La Comédie de Reims
  • Le 8 mars au Mail – Scène Culturelle de Soissons
  • Le 12 mars au Théâtre de Cornouaille – Scène Nationale de Quimper
  • Les 3 et 4 avril au Centre Dramatique National Orléans/Loiret/Centre
  • Le 8 avril à Alençon – Scène Nationale 61
  • Les 11 et 12 avril au Parvis – Scène Nationale de Tarbes
  • Du 16 au 19 avril Théâtre des 13 Vents Centre Dramatique National de Montpellier
  • Le 30 avril à l’Espace Jean Legendre Compiègne – Scène Nationale de l’Oise

Texte & Mise en scène : Guillaume Vincent

Avec : Francesco Calabrese, Emilie Incerti Formentini, Florence Janas, Pauline Lorillard, Nicolas Maury, Susann Vogel et les voix de Nikita Gouzovsky, Johan Argenté et les visages de Thibaut-Théodore Babin, Io Smith.

La Nuit Tombe… a été créé le 10 juillet à la Chapelle des Pénitents Blancs en Avignon. 




NAVA 2012 – « Le Kiné de Carcassonne »

 

(c) Jacqueline Chambord

Une fois n’est pas coutume, Jean-Marie Besset, auteur français habitué aux pièces « sérieuses » a écrit une véritable comédie, « Le Kiné de Carcassonne », à quatre mains avec Régis de Martrin-Donos, jeune auteur de 24 ans, dont Arkult vous avait parlé l’an dernier.

Cette pièce pour rire a été confrontée au public Limouxin, forcément sensibilisé à la géographie de la ville médiévale voisine. Elle raconte l’histoire d’une famille qui débarque à New-York, dont le père vient de perdre un frère. La bande provinciale est bien décidée a récupérer l’héritage de celui-ci. Ils seront empêchés par les véritables proches du défunt. Commence alors une grande escalade du n’importe quoi dans le dédale des rues de Manhattan.

 

Le couple père-mère de la famille française est tordant et explosif. Elle, prof’ de lettre dépressive est accrochée à sa thérapeute, elle compte sur ce voyage inopiné pour reconquérir son mari. Ce dernier n’a d’yeux que pour la fortune de son frère, et les fesses de la colocataire de celui-ci, danseuse new-yorkaise qui finira par succomber à son charme ringardisant. Ce même père qui invite sa fille à coucher avec le notaire pour le convaincre de lâcher du lest. Sans oublier l’irradiante danseuse américaine, qui rejoue pour le mari la scène des pétales de rose d’American Beauty au milieu du gazon de Central Park. Elle a l’accent américain tombant parfois vers celui de Carla Bruni, ce qui ajoute encore à la fulgurance comique.

 

Succès annoncé

Tout le mécanisme de la comédie à tiroirs marche à merveille. Les rebondissement incessants sont vifs, à contretemps : le rire n’arrive pas forcément lorsqu’on l’attend. Cet aspect est particulièrement bien écrit, c’est par l’escalade de l’absurde et la véritable surprise que cette comédie se distingue des « Clan des Divorcées » et autre « Faites l’amour avec un Belge » qui elles sont prévisibles et proches du niveau drôlatique d’un téléfilm d’M6 en après-midi.

Chaque thème porte à rire, les ploucs ahuris par les grattes-ciels, sombrant dans la débauche, tout comme les parodies de répliques américaines, jusqu’aux échos à des faits d’actualité. « Ne bougez-pas, je suis kiné » pourrait devenir une réplique culte. En concurrence avec « La place Carnot de Carcassonne, c’est comme Time Square ».

Malgré l’éclat annoncé de cette comédie brillante et bien que l’on ne s’ennuie pas, quelques petites répliques, font perdre du rythme à la pièce.

Le texte manque parfois de naturel, de fluidité et semble un mécanique par endroit. Certaines scènes qui ajoutent de la profondeur aux personnages ne sont pas indispensables (ça reste une comédie) et ces tentatives cassent l’entrain au moyens de quelques verbiages inutiles.

Gardons à l’esprit que c’était une première lecture réussie. Ébauche nouvelle de ce qui sera un immense succès, mérité.

Tournée :

– En projet de création.

Avec : Raphaëline Goupilleau (la mère), Pierre Cassignard (le père), Félix Beaupérin (le fils), Agathe Le Bourdonnec (la fille), Arnaud Denis (Raoul), David Zeboulon (Winston), Chloé Olivéres (Isabella).

Mise en espace : Gilbert Désveaux




NAVA 2012 – « Car tu es poussière » de Pinter

Le festival NAVA (Nouveaux Auteurs dans la Vallée de l’Aude), est l’occasion de découvrir des textes presque inédits, dans un cadre insolite. Le 27 juillet 2012, une nouvelle traduction de « Car tu es poussière » d’Harold Pinter était donné à Limoux dans l’abside d’une ancienne église aujourd’hui transformée en musée du piano.

La pièce met en scène un homme et une femme, chez eux, de part et d’autre de la scène. Elle l’a trompé. Il essaye de comprendre. Ce dialogue « anodin », aux accents pasoliniens, devient alors prétexte à d’autres découvertes que l’on comprendra avoir été inspirées à travers le prisme traumatique de la seconde guerre mondiale.

Dans ce qui est raconté, on ne sait rapidement plus ce qui est réalité ou fiction. Alors pris dans une spirale de folie douce, entraînante, de ce couple à la dérive en recherche d’un récif auquel se raccrocher. La mise en scène fait l’économie de mouvements au profit d’une tension palpable entre les deux personnages.

Le texte est accrocheur, lancinant et hypnotique. Bien que très clair, les mots nous entretiennent dans un voyage embrumé de souvenirs mystérieux dans un monde aux accents imaginaires, où la demi-absence de la femme laisse la possibilité au spectateur d’extrapoler l’échange dans des sphères invisibles.

On assise à la « refragmentation » de souvenirs dans notre société de l’oubli. Une pièce fine où les personnages semblent pouvoir à tout moment sombrer dans une démence, inquiétante, et pas seulement pour eux…

« Car tu es poussière » de Harold Pinter

Tournée :

  • En projet de création pour 2013-2014

Avec : Anne Loiret, Jacques Allaire

Mise en scène : Séphane Laudier




Avignon 2012 – « Nouveau Roman », sauce Honoré

Christophe Honoré n’en est pas à son premier passage au festival d’Avignon. En 2005, il y présentait « Dionysos impuissant », en 2009 il revenait pour un drame d’Hugo, « Angelo, tyran de Padoue ». Cette année, trois de ses créations sont programmées, parmi lesquelles « Nouveau Roman », qui retrace l’histoire du mouvement littéraire éponyme avec ceux qui l’ont créé. Chronologie indissociable des éditions de Minuit dans la France de l’après-guerre.

Tous les acteurs sont sur scène en permanence. La scénographie mixe les attributs du tribunal et ceux du plateau télévisé. Bien que bourrée d’anachronismes (des téléviseurs à écran plat diffusent ponctuellement le témoignage d’auteurs actuels), l’ambiance des années cinquante est très parisienne. Le temps passe mais le papier peint ne se décolle pas.

Le Nouveau Roman est recréé devant le public, le temps qui passe est ponctué des prix gagnés par les  auteurs (Renaudot, Goncourt et Nobel), une horloge en fond de scène indique l’heure, le public ne perd pas la notion du temps.

On pense alors aux collectifs d’artistes et écrivains qui ont fait le foisonnement littéraire de la France, jusqu’à l’hisser comme la première nation en nombre de prix de Nobel en la matière. La pièce est riche, nostalgique, érudite, la radicalité habite les concepts énoncés.

Difficile de trouver des équivalents à notre époque. Que donnerait un cercle de réflexion réunissant Foenkinos, Levy et Musso ? L’idée même porte à sourire, la possibilité d’un mouvement baptisé la « Nouvelle Naiserie », « L’Amour Plat », ou tout simplement « La SNCF » ? Le collectif n’est pas dans l’air du temps, il n’a plus sa place, les auteurs sont seuls et le groupe du « Nouveau Roman » nous le rappelle.

Au premier abord très dense, l’humour fin, la salsa et les chansons apportent légèreté et respiration au texte, composé d’écrits et d’interviews. Des mots dits en majorité sous la forme du discours, un micro à la main. Les interventions des héros (Alain-Robbe Grillet et un Jérôme Lindon très matriarcal en tête) nous replongent dans les questions posées en cette période d’intense émulsion cérébrale, rare et réussie, sans pour autant n’être qu’une pièce-documentaire. Composée de dialogues aériens, intellectuels, vifs, on ne tombe pas la « private joke » pour public savant.

Les discussions de bureau (et quel bureau !), alternent avec les moments de solitudes des protagonistes où chacun raconte son expérience de la guerre, sa rencontre avec différents types de sexualité, ses remises en question.

Chacun des comédiens montre une maîtrise particulièrement impressionnante à habiter la psychologie de son personnage. Peu avant l’entracte, le public est invité à poser des questions à la bande. On peut questionner Jérôme Lindon, Nathalie Sarraute ou Claude Ollier comme si ils étaient face à nous. Ici, les réponses forcément improvisées sont déstabilisantes de justesse.

Le « Nouveau Roman » à la sauce Honoré n’est pas une pièce littérale où les extraits de livres donnent des indications sur la vie de leurs auteurs (ce qui aurait été dur pour cette bande en particulier). Rigoureuse sans se prendre au sérieux, à la fin de la pièce, Jérôme Lindon classe les auteurs par « importance ». Une importance dont le critères est le nombre de noms de rues, d’écoles et places publiques qui portent le nom de chacun. Pour le public, ils seront tous inoubliables.

Tournée :

– Du 10 au 12 octobre 2012 au CDDB-Théâtre de Lorient Centre Dramatique National

– Les 17 et 18 octobre 2012 au Théâtre de Nîmes

– Du 23 au 26 octobre 2012 au Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées

– Du 7 au 10 novembre 2012 à la Maison des arts de Créteil

– Du 15 novembre au 9 décembre 2012 à La Colline – Théâtre National à Paris

– Du 10 au 12 janvier 2013 au Théâtre Liberté de Toulon

– Du 17 au 19 janvier au Théâtre de l’Archipel à Perpignan

Mise en scène : Christophe Honoré

Avec : Brigitte Catillon, Jean-Charles Clichet, Anaïs Demoustier, Julien Honoré, Annie Mercier, Sébastien Pouderoux, Mélodie Richard, Ludivine Sagnier, Mathurin Voltz, Benjamin Wangermee

La bibliographie du spectacle est téléchargeable sur : www.letheatredelorient.fr/nouveau-roman

Nouveau Roman a été créé le 8 juillet 2012 dans la Cour du lycée Saint-Joseph, Avignon.




Avignon 2012 – The Master and Margarita, du jamais vu

Après Le Suicidé en 2011, la Russie comme symbole de la lutte contre l’oppression est encore bienvenue en Avignon. Le britannique Simon McBurney s’est emparé du chef d’œuvre de Mikhaïl Boulgakov, « Le Maître et la Marguerite », pour sublimer la Cour d’Honneur de façon monu-mentale.

Le Maître est un écrivain qui n’a pas supporté la critique littéraire moscovite, à tel point qu’il se retrouve en hôpital psychiatrique. Marguerite, celle qu’il aime, veut l’en libérer. Heureux hasard de la vie, Satan et sa suite rôdent justement dans cet empire soviétique des années trente, ils « viendront en aide » à Marguerite sans se faire prier.

Toute la pièce est jalonnée d’effets spéciaux vertigineux projetés sur les murs du Palais. A eux seuls, ils méritent le déplacement. Le Palais des Papes grandit, s’effondre, elle est le ciel de Jérusalem et de Russie. Bien heureusement, ce n’est pas la seule richesse qui découle de cette adaptation. Dès les premières minutes, les histoires croisées se chevauchent dans une ambiance étrange où chaque scène baigne dans le mystère.

McBurney réussit la prouesse virtuose de nous dépeindre une fresque romancée (et à la faire exploser !) où les époques se croisent sur le fil. Le dispositif est rendu possible par une mise en scène millimétrée, soutenue par un jeu de lumière précis. Les comédiens, tous excellents, réussissent à s’employer parfaitement au service de la furie créatrice du metteur en scène. Mention particulière pour celui qui est le Satan glacé et le Maître dépressif, Paul Rhys.

Le texte critique et révolutionnaire (largement censuré dans l’URSS de Staline), pose la question de l’autorité, de la possession du pouvoir, de l’amour entre les peuples, de la compassion. On y reflue les symboles, on bouscule les codes jusqu’à croire ouvertement en Dieu dans une Russie « communiste ». L’Hymne patriote est coupé avec des « shut up ! » hurlés par le chat du diable.

Se risquer à la comparaison avec notre époque semblerait simpliste, il est plus sage de se laisser entraîner par l’histoire, importante en son temps, où les interrogations sur la condition humaine sont récurrentes. Le professeur Woland (Satan), pose à plusieurs reprises la question, « les gens ont-ils changé ? ». Non, bien évidemment, aujourd’hui pas plus qu’hier.

« Le Maître et la Marguerite » dure trois heures (sans entracte). Quelques passages plus « psychologiques », parties intégrantes de l’action, font perdre un peu de rythme à cette création brillante. Du jamais vu en Avignon, c’est certain.

Jusqu’au 16 juillet dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes d’Avignon

Tournée : 

– Du 25 au 28 juillet au GREC de Barcelone

– Du 2 au 10 février 2013 à la MC93 de Bobigny

Mise en scène : Simon McBurney

Avec : David Annen, Thomas Arnold, Josie Daxter, Johannes Flaschberger, Tamzin Griffin, Amanda Hadingue, Richard Katz, Sinéad Matthews, Tim McMullan, Clive Mendus, Yasuyo Mochizuki, Ajay Naidu, Henry Pettigrew, Paul Rhys, Cesar Sarachu, Angus Wright.

Le Maître et Marguerite est adapté du roman de Mikhaïl Boulgakov, oeuvre posthume publiée en URSS en 1966 dans une version amputée, mais écrite entre 1928 et 1940, année de sa mort. Ce roman est disponible en Pavillon Poche chez Robert Laffont. 

 




Avignon 2012 – William Kentridge épris de temps

Dans l’opéra d’Avignon, théâtre italien situé sur la place de l’Horloge, William Kentridge partage avec le public ses interrogations sur le temps. Réflexion qu’il a entamée avec le physicien américain Peter Galison.

Kentridge est un artiste pluridisciplinaire. Il est homme de théâtre, plasticien et dessinateur (c’est à lui que l’on doit l’affiche du festival cette année). La scène est un reflet de sa personne. Elle est une sorte de fourre-tout créatif où le brouhaha d’un orchestre qui s’accorde accueille le public.

Pendant 1 h 30, acteurs, musiciens, chanteurs interrogent le temps qui passe, aidés par des vidéos surréalistes et autres machines silencieuses que les occupants des planches actionnent tout en dansant des chorégraphies contemporaines.

Le spectacle est une alternance entre chansons et réflexions lues par Kentridge. Tous les temps y passent, de la création à la destruction. Il est heure, destin, joie et mort. On commence par le mythe de Persée pour arriver à la frayeur des trous noirs interstellaires. Entre les deux on passe par le temps des colonies d’où le metteur en scène est originaire (Afrique du Sud).

Parfois amusant, souvent ennuyeux (il faut ajouter à la représentation le temps de la montre que l’on consulte), le rendu est assez brouillon tellement le sujet est vaste, même si l’aspect poétique et ironique sont intéressants. Une mention particulière à cette vocaliste qui réussit la prouesse de chanter en reverse.

Au final, ce « Refuse the hour » ne convainc pas part son sujet, mais plutôt par la manière, un peu à la Tim Burton, dont il est traité. Une (petite) victoire de la forme sur le fond.

Jusqu’au 13 juillet à l’opéra-théâtre d’Avignon

Tournée :
– 15 au 18 novembre 2012 au Teatro Argentina de Rome dans le cadre du
festival RomaEuropa
– 22 au 25 novembre 2012 à l’Onassis Cultural Center d’Athènes

Mise en scène : William Kentridge

Avec : Joanna Dudley, William Kentridge, Dada Masilo, Ann Masina, Donatienne Michel-
Dansac, Thato Motlhaolwa, Bahm Ntabeni.

Musiciens : Waldo Alexander, Adam Howard, Tlale Makhene, Philip Miller, Vincenzo
Pasquariello, Dan Selsick, Thobeka Thukane.

Spectacle créé le 18 juin 2012 au Holland Festival (Amsterdam)