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Les Enfants de Belle Ville – Dilemme sans fin

Affiche du film

Sorti en Iran en 2004, « Les Enfants de Belle Ville » est le deuxième long métrage du réalisateur iranien Asghar Farhadi. Il a fallu attendre le 11 juillet 2012 pour le voir à l’affiche dans l’Hexagone. Le succès de son dernier long métrage « Une Séparation »(dont nous vous parlions il y a tout juste un an) a sans aucun doute été déterminant dans le choix des producteurs français d’en faire profiter le public français, même tardivement.

A l’image de ses autres longs métrages, Asghar Farhadi dépeint dans « Les Enfants de Belle Ville » un portrait de la société iranienne actuelle, souvent bien loin des clichés encore trop répandus dans le Vieux Continent européen.

Au coeur de cette nouvelle histoire, deux jeunes gens de Téhéran : Firoozeh et Ala.
Et cette nouvelle histoire de coeur est confrontée aux dures réalités de la société iranienne.

Akbar, frère de Firoozeh, vient de fêter ses 18 ans dans un centre de rétention pour mineurs, où il purge une peine de prison pour le meurtre de sa petite amie, la fille de M. Abolqasem. Funeste anniversaire s’il en est, puisque la majorité est synonyme d’éligibilité à la peine capitale. Ainsi, à peine soufflées les bougies, le voilà transféré dans un établissement pour adultes, où il attendra l’exécution de sa sentence. Son exécution.
Ala, un de ses comparses du Centre pour Mineurs s’engage alors à obtenir le retrait des poursuites du plaignant, M. Abolqasem. S’ensuit alors un chassé croisé psychologique entre Ala, Firoozeh, M. Abolqasem, sa femme, et le religieux du quartier.

Ni coupable ni victime

Cette course au pardon va faire naître un marathon amoureux entre les deux jeunes gens, à l’issue conditionnée par le destin d’Akbar.

Ce destin que l’on comprend dépendant des interprétations et des intérêts de chacun.
Le prix du sang : deux fois plus cher pour le coupable (un homme) que celui de la victime (une femme).
La force du pardon et de la miséricorde dans l’Islam. Ce pardon revient sur toutes les lèvres. Mais sous ses traits de principe inaltérable, de valeur transcendante, il cache dans la situation présente bien des bassesses de la nature humaine, la cupidité notamment.

Apparaissent alors nombre de dilemmes pour l’ensemble des personnages de ce film.
Dilemme entre amour pour une fille assassinée et amour pour une vivante.
Dilemme entre respect d’une promesse et passion amoureuse.
Dilemme entre amour conjugal et amour maternel.

La force de ce film est sans doute de ne jamais (sauf à un moment bien précis) tomber dans la facilité. De ne jamais essayer de simplifier les situations et les épreuves que la vie met en travers du chemin des personnages. Et c’est bien cette force dans le récit et dans les images que l’on a retrouvée plus récemment dans « Une Séparation ». Comme il est troublant d’ailleurs de ne pouvoir distinguer clairement le Bien du Mal.

Les grosses productions ne nous y préparent bien souvent pas. Elles préfèrent nous mâcher la réflexion, ériger des positions nettes et franches, de peur que le spectateur ne se trompe dans son jugement. Ne commette une erreur d’appréciation. Ne se range du mauvais côté.
Mais dans « Les Enfants de Belle Ville », comme dans « Une Séparation », pas de manichéisme simplificateur.

Mention spéciale

Et quitte à rapprocher « Les Enfants de Belle Ville » des autres longs métrages d’Asghar Farhadi, il me paraît nécessaire de mentionner l’excellente prestation de Taraneh Allidousti (Firoozeh). La jeune actrice iranienne s’était fait connaître du public français par son rôle d’Elly dans « A Propos d’Elly » du même réalisateur, sorti en 2009 dans les salles obscures. Elle interprète également Rouhi dans « La Fête du Feu » (toujours du même réalisateur). Dans « Les Enfants de Belle Ville », Firoozeh incarne un certaine image de la femme iranienne. Une éclaircie brille au loin dans sa condition de femme, mais un poids des traditions et de la société parfois l’écrase et la blesse.

Seul bémol, car il en faut un … le dénouement …
Je vous laisse juge !

Prochain rendez-vous pour Asghar Farhadi à l’automne prochain. Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas Téhéran, mais la France qui accueillera le tournage de son nouveau film, un « thriller social » selon son producteur français Memento Films. Dans les rôles principaux : Tahar Rahim -à l’actualité chargée en cet été 2012- et Marion Cotillard.
A suivre donc …

 

Titre original : , شهر زیبا Shahr-e ziba
Titre français : Les enfants de Belle Ville
Réalisation : Asghar Farhadi
Pays d’origine : Iran
Durée : 1h41
Sortie en Iran : 2004
Sortie en France : 11 juillet 2012

Distribution :
Taraneh Allidousti : Firoozeh
Babak Ansari : Ala
Faramarz Gharibian : Rahmati Abolqasem
Hossein Farzi-Zadeh : Akbar
Ahu Kheradmand : la femme de M. Abolqasem
Farhad Ghaiemian : Ghafouri : le propriétaire du kiosque




Jésus et Bouddha candidats au couch surfing

Voici des vacanciers intergalactiques dont vous n’attendiez pas de carte postale cet été ! Et pourtant sous la plume de Hikaru Nakamura, Jésus Christ et Bouddha en jeans T-shirt  trainent respectivement auréole de sainteté et couronne d’épines, au pays du soleil levant.  A la cool et incognitos, ces deux icônes religieuses personnifiées et « personnifiables » visitent, découvrent et s’adaptent à la vie quotidienne du XXIème siècle.

Cocasse donc de découvrir ces deux saintetés en coloc,  l’un impulsif -Jésus-, l’autre plus réfléchi et près de ses sous –Bouddha. Leur pèlerinage parmi les mortels se décline en plusieurs mangas (quatre traduits en français à ce jour) toujours gentillets et divertissants, mais jamais blasphématoires .

Cela porte vraiment à sourire d’imaginer Bouddha au supermarché collectant les points cadeaux ou bien Jésus qui se gratte la tête devant la demande d’amitié sur Facebook de Judas. L’imagination débordante de son auteur amène nos deux compères dans le métro, à la piscine, dans un parc d’attraction, au sauna… A l’image des aventures d’une certaine Martine, cela pourrait durer longtemps mais attention à ne point trop tirer sur la corde!

Le dessin, comme souvent dans les mangas, prête une attention toute particulière aux détails et à l’hyper-expressivité du visage. Au fil des planches en noir et blanc, Hikaru Nakamura dévoile des découpages temporels esthétiques, exploitant pleinement les modularités offertes par le Shitei (1).

De truculents anachronismes, liés le plus souvent au comique de situation, se succèdent. L’œil avisé des lecteurs ne saura louper les références, bien amenées, à leur sainte histoire (multiplication des pains, baptême, jeûne, …). En revanche, une fois passé le choc culturel de leur rencontre avec le Japon de l’ère digitale et toutes ces petites pépites humoristiques, il ne reste pas grand-chose.

L’absence d’une analyse un peu plus poussée ou tout simplement d’une approche un peu plus caustique,  qui n’apparaît tout d’abord qu’en filigrane aux yeux du lecteur, finit par nettement se faire ressentir …
Les Vacances de Jésus et Bouddha c’est donc un manga comique agréable mais lisse à déguster dans une chaise longue, les doigts de pieds en éventail et les neurones… eux aussi en vacances.

 

(1) Shitei : manga de type humoristique pour petits et grands (source Wikipedia)

 

Titre original : 聖☆おにいさん, Sei Onii-san (Saint Young Men)

Titre Français : Les Vacances de Jésus et Bouddha

Collection : Kurokawa

Auteur : Hikaru Nakamura




Ken Loach – La part des anges : « Ta mère en kilt »

… Quand la jeunesse turbulente de Glasgow part à la rencontre de la noblesse fortunée des Highlands !

Dans son dernier film, le cinéaste britannique nous emmène dans les quartiers défavorisés de Glasgow.
Comme bien souvent dans l’oeuvre de Ken Loach, les personnages qu’il nous fait rencontrer subissent de plein fouet les affres de la vie : chômage et délinquance côtoient les environnements familiaux chaotiques et s’unissent pour faire disparaître toute trace d’espoir dans le quotidien de leurs victimes.

C’est parmi ces naufragés, bien souvent repris de justice, que se rencontrent Robbie (Paul Brannigan), Albert (Gart Maitland), Rhino (William Ruane) et Mo (Jasmin Riggins). Condamnés à servir l’intérêt général pour leur éviter le supplice des prisons, ils vont se lier d’amitié. Et c’est à l’occasion de la visite d’une distillerie organisée par Harry (John Henshaw), le surveillant de la bande, que Robbie va découvrir la puissance de son goût et de son odorat.

Le whisky, cause de tant de désespoir dans leurs familles respectives, va alors se révéler être son unique source d’espoir. Ironie de l’histoire sans doute …
Le whisky et ses saveurs, véritable reflet de la condition humaine : âcre, tourbé, à l’image des héros du film; ou au contraire  céréale, fruité, comme le quotidien des richissimes amateurs de malt des Highlands.
Le whisky et sa fabrication, métaphore de la vie et de ses épreuves. Le whisky tire profit de chaque fissure, chaque imperfection et chaque brèche présentes dans les alambics qu’il traverse. Sans cette histoire qui lui est propre, il perdrait à jamais sa saveur et son authenticité.

Cette vie qui s’acharne, sans pour autant que la caméra de Ken Loach ne tombe dans le misérabilisme si tentant.
Car c’est encore une fois l’authenticité qui triomphe dans ce nouveau film du Britannique.

Il n’est pas question  pour Robbie, Albert, Rhino ou Mo de céder, de se laisser emporter par le courant de la violence sociale.
Là où tant d’autres auraient sans doute baissé les bras, abandonné la lutte, la « Dream Team » de nos jeunes héros ne plie pas les genoux. Elle se tient prête à affronter son destin.

Et quelle preuve plus évidente de cette dignité intacte, de cette détermination sans faille, que l’humour « so british » présent tout au long du film.

Comme souvent dans l’oeuvre de Ken Loach, cette légèreté constitue une échappatoire précieuse à la gravité des lendemains de ses personnages.
Au-delà de l’humour et de l’ironie, c’est toute la palette de sentiments que déploie le réalisateur dans « La part des anges », et ce comme rarement il en avait eu l’occasion.

Larmes de rire, larmes de désespoir.
Fou rire, violence folle.
Espoir, fatalité.
La vie.
Rien que ça.

Le Jury du dernier festival de Cannes ne s’y est pas trompé en attribuant au film son prix 2012.
Pour tous ceux qui, au son de « Ken Loach » se disent : « Ah non, pas encore un film d’art et d’essai chiant à mourir » … Essayez quand même. On ne sait jamais. Une bonne surprise est si vite arrivée !

 

Titre original : The Angels’ Share
Réalisateur : Ken Loach

Acteurs :
Robbie : Paul Brannigan
Harry : John Henshaw
Albert : Gary Maitland
Nikki : Siobhan Reilly
Rhino : William Ruane
Mo : Jasmin Riggins
Thaddeus : Roger Allam

Producteur : Rebecca O’Brien
Scénariste : Paul Laverty

 




Avignon 2012 – « Nouveau Roman », sauce Honoré

Christophe Honoré n’en est pas à son premier passage au festival d’Avignon. En 2005, il y présentait « Dionysos impuissant », en 2009 il revenait pour un drame d’Hugo, « Angelo, tyran de Padoue ». Cette année, trois de ses créations sont programmées, parmi lesquelles « Nouveau Roman », qui retrace l’histoire du mouvement littéraire éponyme avec ceux qui l’ont créé. Chronologie indissociable des éditions de Minuit dans la France de l’après-guerre.

Tous les acteurs sont sur scène en permanence. La scénographie mixe les attributs du tribunal et ceux du plateau télévisé. Bien que bourrée d’anachronismes (des téléviseurs à écran plat diffusent ponctuellement le témoignage d’auteurs actuels), l’ambiance des années cinquante est très parisienne. Le temps passe mais le papier peint ne se décolle pas.

Le Nouveau Roman est recréé devant le public, le temps qui passe est ponctué des prix gagnés par les  auteurs (Renaudot, Goncourt et Nobel), une horloge en fond de scène indique l’heure, le public ne perd pas la notion du temps.

On pense alors aux collectifs d’artistes et écrivains qui ont fait le foisonnement littéraire de la France, jusqu’à l’hisser comme la première nation en nombre de prix de Nobel en la matière. La pièce est riche, nostalgique, érudite, la radicalité habite les concepts énoncés.

Difficile de trouver des équivalents à notre époque. Que donnerait un cercle de réflexion réunissant Foenkinos, Levy et Musso ? L’idée même porte à sourire, la possibilité d’un mouvement baptisé la « Nouvelle Naiserie », « L’Amour Plat », ou tout simplement « La SNCF » ? Le collectif n’est pas dans l’air du temps, il n’a plus sa place, les auteurs sont seuls et le groupe du « Nouveau Roman » nous le rappelle.

Au premier abord très dense, l’humour fin, la salsa et les chansons apportent légèreté et respiration au texte, composé d’écrits et d’interviews. Des mots dits en majorité sous la forme du discours, un micro à la main. Les interventions des héros (Alain-Robbe Grillet et un Jérôme Lindon très matriarcal en tête) nous replongent dans les questions posées en cette période d’intense émulsion cérébrale, rare et réussie, sans pour autant n’être qu’une pièce-documentaire. Composée de dialogues aériens, intellectuels, vifs, on ne tombe pas la « private joke » pour public savant.

Les discussions de bureau (et quel bureau !), alternent avec les moments de solitudes des protagonistes où chacun raconte son expérience de la guerre, sa rencontre avec différents types de sexualité, ses remises en question.

Chacun des comédiens montre une maîtrise particulièrement impressionnante à habiter la psychologie de son personnage. Peu avant l’entracte, le public est invité à poser des questions à la bande. On peut questionner Jérôme Lindon, Nathalie Sarraute ou Claude Ollier comme si ils étaient face à nous. Ici, les réponses forcément improvisées sont déstabilisantes de justesse.

Le « Nouveau Roman » à la sauce Honoré n’est pas une pièce littérale où les extraits de livres donnent des indications sur la vie de leurs auteurs (ce qui aurait été dur pour cette bande en particulier). Rigoureuse sans se prendre au sérieux, à la fin de la pièce, Jérôme Lindon classe les auteurs par « importance ». Une importance dont le critères est le nombre de noms de rues, d’écoles et places publiques qui portent le nom de chacun. Pour le public, ils seront tous inoubliables.

Tournée :

– Du 10 au 12 octobre 2012 au CDDB-Théâtre de Lorient Centre Dramatique National

– Les 17 et 18 octobre 2012 au Théâtre de Nîmes

– Du 23 au 26 octobre 2012 au Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées

– Du 7 au 10 novembre 2012 à la Maison des arts de Créteil

– Du 15 novembre au 9 décembre 2012 à La Colline – Théâtre National à Paris

– Du 10 au 12 janvier 2013 au Théâtre Liberté de Toulon

– Du 17 au 19 janvier au Théâtre de l’Archipel à Perpignan

Mise en scène : Christophe Honoré

Avec : Brigitte Catillon, Jean-Charles Clichet, Anaïs Demoustier, Julien Honoré, Annie Mercier, Sébastien Pouderoux, Mélodie Richard, Ludivine Sagnier, Mathurin Voltz, Benjamin Wangermee

La bibliographie du spectacle est téléchargeable sur : www.letheatredelorient.fr/nouveau-roman

Nouveau Roman a été créé le 8 juillet 2012 dans la Cour du lycée Saint-Joseph, Avignon.




Avignon 2012 – The Master and Margarita, du jamais vu

Après Le Suicidé en 2011, la Russie comme symbole de la lutte contre l’oppression est encore bienvenue en Avignon. Le britannique Simon McBurney s’est emparé du chef d’œuvre de Mikhaïl Boulgakov, « Le Maître et la Marguerite », pour sublimer la Cour d’Honneur de façon monu-mentale.

Le Maître est un écrivain qui n’a pas supporté la critique littéraire moscovite, à tel point qu’il se retrouve en hôpital psychiatrique. Marguerite, celle qu’il aime, veut l’en libérer. Heureux hasard de la vie, Satan et sa suite rôdent justement dans cet empire soviétique des années trente, ils « viendront en aide » à Marguerite sans se faire prier.

Toute la pièce est jalonnée d’effets spéciaux vertigineux projetés sur les murs du Palais. A eux seuls, ils méritent le déplacement. Le Palais des Papes grandit, s’effondre, elle est le ciel de Jérusalem et de Russie. Bien heureusement, ce n’est pas la seule richesse qui découle de cette adaptation. Dès les premières minutes, les histoires croisées se chevauchent dans une ambiance étrange où chaque scène baigne dans le mystère.

McBurney réussit la prouesse virtuose de nous dépeindre une fresque romancée (et à la faire exploser !) où les époques se croisent sur le fil. Le dispositif est rendu possible par une mise en scène millimétrée, soutenue par un jeu de lumière précis. Les comédiens, tous excellents, réussissent à s’employer parfaitement au service de la furie créatrice du metteur en scène. Mention particulière pour celui qui est le Satan glacé et le Maître dépressif, Paul Rhys.

Le texte critique et révolutionnaire (largement censuré dans l’URSS de Staline), pose la question de l’autorité, de la possession du pouvoir, de l’amour entre les peuples, de la compassion. On y reflue les symboles, on bouscule les codes jusqu’à croire ouvertement en Dieu dans une Russie « communiste ». L’Hymne patriote est coupé avec des « shut up ! » hurlés par le chat du diable.

Se risquer à la comparaison avec notre époque semblerait simpliste, il est plus sage de se laisser entraîner par l’histoire, importante en son temps, où les interrogations sur la condition humaine sont récurrentes. Le professeur Woland (Satan), pose à plusieurs reprises la question, « les gens ont-ils changé ? ». Non, bien évidemment, aujourd’hui pas plus qu’hier.

« Le Maître et la Marguerite » dure trois heures (sans entracte). Quelques passages plus « psychologiques », parties intégrantes de l’action, font perdre un peu de rythme à cette création brillante. Du jamais vu en Avignon, c’est certain.

Jusqu’au 16 juillet dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes d’Avignon

Tournée : 

– Du 25 au 28 juillet au GREC de Barcelone

– Du 2 au 10 février 2013 à la MC93 de Bobigny

Mise en scène : Simon McBurney

Avec : David Annen, Thomas Arnold, Josie Daxter, Johannes Flaschberger, Tamzin Griffin, Amanda Hadingue, Richard Katz, Sinéad Matthews, Tim McMullan, Clive Mendus, Yasuyo Mochizuki, Ajay Naidu, Henry Pettigrew, Paul Rhys, Cesar Sarachu, Angus Wright.

Le Maître et Marguerite est adapté du roman de Mikhaïl Boulgakov, oeuvre posthume publiée en URSS en 1966 dans une version amputée, mais écrite entre 1928 et 1940, année de sa mort. Ce roman est disponible en Pavillon Poche chez Robert Laffont. 

 




Avignon 2012 – William Kentridge épris de temps

Dans l’opéra d’Avignon, théâtre italien situé sur la place de l’Horloge, William Kentridge partage avec le public ses interrogations sur le temps. Réflexion qu’il a entamée avec le physicien américain Peter Galison.

Kentridge est un artiste pluridisciplinaire. Il est homme de théâtre, plasticien et dessinateur (c’est à lui que l’on doit l’affiche du festival cette année). La scène est un reflet de sa personne. Elle est une sorte de fourre-tout créatif où le brouhaha d’un orchestre qui s’accorde accueille le public.

Pendant 1 h 30, acteurs, musiciens, chanteurs interrogent le temps qui passe, aidés par des vidéos surréalistes et autres machines silencieuses que les occupants des planches actionnent tout en dansant des chorégraphies contemporaines.

Le spectacle est une alternance entre chansons et réflexions lues par Kentridge. Tous les temps y passent, de la création à la destruction. Il est heure, destin, joie et mort. On commence par le mythe de Persée pour arriver à la frayeur des trous noirs interstellaires. Entre les deux on passe par le temps des colonies d’où le metteur en scène est originaire (Afrique du Sud).

Parfois amusant, souvent ennuyeux (il faut ajouter à la représentation le temps de la montre que l’on consulte), le rendu est assez brouillon tellement le sujet est vaste, même si l’aspect poétique et ironique sont intéressants. Une mention particulière à cette vocaliste qui réussit la prouesse de chanter en reverse.

Au final, ce « Refuse the hour » ne convainc pas part son sujet, mais plutôt par la manière, un peu à la Tim Burton, dont il est traité. Une (petite) victoire de la forme sur le fond.

Jusqu’au 13 juillet à l’opéra-théâtre d’Avignon

Tournée :
– 15 au 18 novembre 2012 au Teatro Argentina de Rome dans le cadre du
festival RomaEuropa
– 22 au 25 novembre 2012 à l’Onassis Cultural Center d’Athènes

Mise en scène : William Kentridge

Avec : Joanna Dudley, William Kentridge, Dada Masilo, Ann Masina, Donatienne Michel-
Dansac, Thato Motlhaolwa, Bahm Ntabeni.

Musiciens : Waldo Alexander, Adam Howard, Tlale Makhene, Philip Miller, Vincenzo
Pasquariello, Dan Selsick, Thobeka Thukane.

Spectacle créé le 18 juin 2012 au Holland Festival (Amsterdam)




Laurence Anyways – Un projet plus grand que nature

Le jour de son trentième anniversaire, Laurence (Melvil Poupaud) révèle à sa compagne, Fred (Suzanne Clément)  son désir d’être une femme. Profondément ébranlée par cette déclaration mais néanmoins amoureuse, Fred fait le choix de l’accompagner dans sa démarche avant de perdre, à son tour, son identité. Xavier Dolan, l’insolent réalisateur de ce film-fleuve brillant, nous offre à voir une décennie de déchirements où se nouent et se dénouent toutes les problématiques du changement de sexe.

Ecce homo, « Voici l’homme »…

Montréal, dans les années 1990. Laurence entame sa métamorphose. Pour le réalisateur, cette ville cosmopolite aurait dû accueillir mieux que n’importe quelle autre un projet aussi fou que changer de sexe. Réputées sans tabou, les communautés gays lesbiennes y revendiquent le droit à la différence depuis de nombreuses années. Mais tous les tabous n’ont pas le même poids. Xavier Dolan le reconnait : « Un enseignant transsexuel soulèverait l’inquiétude, l’ire de parents anxieux de voir leurs enfants tanguer vers l’anticonformisme. La personne la plus évoluée se félicite encore intérieurement de démasquer un transsexuel dans la rue, et les ghettos identitaires sont hostiles envers le troisième sexe. » Pas d’asile pour les trans. Voici l’homme, pardon la femme, fuyez.

Autre mythe qui s’effondre. N’est pas fou qui veut, n’est pas sain qui croit. Laurence Alia veut changer de sexe, certes. Mais il n’est peut-être pas le plus dingue de tous. C’est un écrivain reconnu et un enseignant apprécié. Malgré d’évidents problèmes familiaux, il s’occupe de sa mère colérique (Nathalie Baye –géniale) et de ses amis tordus. Il est patient, réfléchi et drôle. Campé par un Melvil Poupaud au sommet de son art (on ose le dire), il glisse dans sa nouvelle peau dignement. Et surtout, il aime Fred d’un amour absolu qu’une décennie de heurts ne saura pas changer. Finalement, il est peut-être le plus normal de tous : celui qui veut aimer en s’aimant. Ce qui change, c’est l’identité du couple, son image, sa résonance. Et c’est une mutation que Fred ne peut supporter. Depuis qu’ils se sont rencontrés, Laurence et elle listent les choses qui leur enlèvent beaucoup de plaisir. Perdre l’homme qu’elle aimait tel qu’elle le connaissait lui retire tout le sien. « J’ai imaginé alors ce que ça pouvait être d’avoir devant soi un ami, un parent, un compagnon qui, du jour au lendemain, revendique l’impossible, et remet en question, s’il ne l’efface pas entièrement pour certains, l’entièreté des moments vécus ensemble. » explique Xavier Dolan. Finalement, le drame n’est pas d’être né homme quand on voudrait être femme mais bien de croire que l’amour ne peut pas résister à tout.

La liste des choses qui nous procurent beaucoup de plaisir

  • Suzanne Clément a obtenu le prix de la meilleure interprétation féminine à Cannes cette année. Une récompense que Melvil Poupaud aurait largement méritée également…
  • Après J’ai tué ma mère et Les amours imaginaires, le jeune réalisateur prodige de 23 ans réalise son plus beau film. Laurence Anyways a obtenu le grand prix du film romantique à Cabourg. Un petit pas pour l’homme… un grand pas pour l’humanité.

 

Réalisé par : Xavier Dolan

Avec : Melvil Poupaud, Suzanne Clément, Nathalie Baye, Monia Chokri

Pays d’origine : Canada / France

Année de production : 2012

Durée : 2h39

Date de sortie : 18/07/2012

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We are not dead

Une zone commerciale périurbaine comme on en connait tant, entre villes et champs, bordée par une voie rapide ou une nationale. A la fois décor et actrice du film cette zone est l’incarnation de notre société de consommation. Une société saturée, compulsive et déshumanisée. Comme la station de ski pouvait l’être dans « L’enfant d’en haut » d’Ursula Meier ce lieux cristallise les envies et les inégalités…

Un couple y gère mollement un restaurant exécutant des plats à base de pomme de terre mais c’est vraiment la soupe à la grimace… L’homme est broyé par le travail (Bouli Lanners). La femme est noyée dans l’ennui et la folie (Brigitte Fontaine).

Leur premier fils (Albert Dupontel) essaie de vendre du rêve mais surtout des sommiers dans un magasin de la zone éclairé au néon et vidé de tous clients… la faute à la crise.

Leur second fils (Benoît Poelvoorde) est un marginal – un punk- il erre entre parkings, ronds points et grandes enseignes de la distribution de cette même zone mais jamais sans son chien.

 

L’errance justement est un personnage clé du film. Qu’ils marchent de longues heures, qu’ils attendent, roulent ou qu’ils pèlent des patates, les différents personnages sont acteurs de longues et bizarroïdes scènes de quasi inactions qui créent des longueurs.

Fort heureusement ces longueurs sont compensées par des pépites grolandesques et ubuesques qui vous laisseront les yeux ronds comme des soucoupes.

 

« Le Grand soir » est avant tout un film drôle oui vraiment comique à la manière du cinéma social anglais à la Ken Loach. On pouffe, on rit -parfois jaune- mais on ne compte plus les scènes dont on sait dès le premier regard qu’elles deviendront cultes. Une petite révolution de monsieur Toutlemonde et un grand cri de résistante : « WE ARE NOT DEAD » !

 

Le Grand Soir réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern en salle depuis le 13 Juin. Prix spécial à « Un Certain Regard » Cannes 2012.




Trans-porcs en commun – Les femmes du bus 678

Amateurs de comédie et/ou de films d’action, vous pouvez passer votre chemin …
Après un billet consacré aux Hommes et à leurs combats, en voici un en hommage au combat de Femmes.

Le nouveau film de Mohamed Diab impressionne par les explosions (de rage), la violence (de la société) et les pieds de nez (au destin).

Coincés dans le RER, le métro, le train tous les matins, tous les soirs, vous jurez, vous pestez, vous vociférez.
Pourtant ce pourrait être bien pire. Et sans issue.

Ajoutez à la puanteur, à la moiteur, au confinement, une dose de terreur et d’angoisse.
Vous commencez à percevoir ce que vivent ces femmes tous les jours au moment de monter dans un bus.
Ces bus toujours bondés. Prétextes à toutes les fantaisies de la part des hommes.

Malheur à celle qui osera se plaindre, lever les yeux sur son agresseur.
Car, malgré ce qu’en disait encore la loi égyptienne, on est bien là en train de parler d’agressions. Agression sexuelle. Agression morale.

« Les femmes du bus 678 » est l’histoire de trois femmes meurtries.
Meurtries, mais qui vont oser se faire entendre et agir.

Trois remarquables interprètes (Nahed El Sebaï, Bushra Rozza et Nelly Karim) pour trois personnages que tout sépare (classe sociale, rapport à la religion, contexte familial et personnel, profession, …).
Ces contrastes servent d’autant plus le film et le message qu’il souhaite faire passer, qu’ils démontrent (si besoin en était) qu’il s’agit là d’un combat universel, qui doit se concevoir à l’échelle d’une société toute entière.

Mohamed Diab trouve les mots justes pour laisser percer la lueur d’espoir tout au long du film.
Cette lueur que ne vont pas arrêter de suivre Fayza, Nelly et Seba.
Cette lueur menacée aujourd’hui encore.

 

Réalisation et scénario : Mohamed Diab
Montage : Amr Salah el-Din
Musique : Hany Adel

Distribution :

Boushra : Fayza
Nelly Karim : Seba
Nahed el-Sebai : Nelly
Maged El Kedwany : Essam
Omar el-Saeed : Omar, le petit ami de Nelly
Basem el-Samra : Adel
Ahmed El Feshawy : Sherif, le mari de Seba
Sawsan Badr : la mère de Nelly
Yara Goubran : Amina, une collègue de Fayza
Marwa Mahran : Magda, la femme de l’inspecteur
Motaz El Demerdash : lui-même

 




Stress et rage à tous les étages

La pièce BUILDING s’ouvre sur une mi-scénette drôlissime propre du au quotidien citadin : le métro.
Au petit matin, compressés, stressés, pressés on découvre les protagonistes de la pièce.
On les suit tout au long de leur journée, on les poursuit comme caméra au poing dans les moindres recoins du bâtiment où ils travaillent.
Témoins indiscrets de moments « de craquage » collectif ou individuel.
D’étage en étage, standardistes, directeurs, consultants, agents de surfaces sont tous logés à la même enseigne.



Tous logés à la même enseigne


Amandine :

Ils sont cinq, traits tirés, visages pâles, à supporter l’humeur et l’haleine de leur voisin de métro. Ils sont fatigués de bon matin, déjà usés par une vie professionnelle qui les ennuient. Ils pointent, saluent leurs collègues, suivent un client, prennent une pause. Tous logés à la même enseigne, celle de Consulting Conseil, ils s’émiettent.

 

Stef :

L’aliénation de l’homme par l’homme voici ce que j’ai vu sur scène.

Ce dont j’ai rit, car ces instants de vie « professionnelle » poussent au paroxysme des situations ubuesques.

Ce qui est hypnotisant, tant le rythme entretenu par les mouvements du décor et les chorégraphies ultra-rythmées est fou.

Ce qui au final m’a fait grincer des dents car ce ballet des ambitions personnelles et des concepts américains porte à voir une fuite en avant folle et criante de vérité.

 

Amandine :

Derrière cette mosaïque de travailleurs se cachent des hommes et femmes au bord du gouffre qui outrepassent les limites. Avec une parfaite maîtrise de l’espace, des décors et de leurs personnages, les acteurs proposent au public un panel (effrayant) de situations cocasses, nous permettant ainsi de rire de la folie humaine. Parfois vulgaires ou surfaits mais souvent drôles et touchants, ces petits sketchs donnent, au final, plus envie d’être acteur que consultant.

 

Bande Annonce



 

Théâtre Mouffetard

73 rue Mouffetard, 75009 Paris

Du 9 Mai au 30 Juin 2012 du mercredi au samedi à 20h30 et le dimanche à 15h

Mise en scène : Catherine Schaub

Chorégraphies : Magali B.

Costumes : Julia Allègre

Scénographie : Sophie Jacob

Lumières : Vincent Grisoni

Son : Aldo Gilbert

Comédiens : Miren Pradier, Léonore Confino, Olivier Faliez, Yann De Monterno et Bruno Cadillon.

 

 




Des hommes. Ils n’étaient pourtant que des hommes.

Tout commence dans une fête de village.
Un après-midi pluvieux, des hommes et des femmes comme les autres, réunis dans une salle
des fêtes pour l’anniversaire d’une des leurs.
Des hommes comme les autres.
Des hommes.

Un cadeau, un beau cadeau, sans doute le plus beau des cadeaux de l’après-midi.
Mais au-delà d’un cadeau à une soeur, la broche en or est prétexte à une folle dispute.
Empoignades avec le passé, coups de poing dans les souvenirs et coups de tête dans les fiertés.

Personne ne se sortira tout à fait indemne de cette bataille contre le passé.
Car personne n’était sorti indemne de cette bataille, dans le passé.

On ne trompe pas le passé.
Bernard, Rabut, Février et les autres pourront en témoigner.
Eux qui sont partis défendre leur pays, n’ont pas pu défendre leur âme.
Jetée en pâture dans la violence ordinaire de l’époque.

Cette violence s’est immiscée dans leurs pores. Dans leurs peurs.

Dans son septième livre, Laurent Mauvignier nous abandonne à notre histoire nationale, aux zones d’ombre qui la ponctuent. Et nous bouleverse(nt).
L’ambiance est étouffante, l’aridité du texte pour témoigner de celle du climat, des rapports inhumains, des rapports humains.
Car après tout, ce n’était que des hommes.
Des hommes comme les autres.
Des hommes.

Crédit Photo : Aristide Mercier

Des hommes, Laurent Mauvignier, Les Editions de Minuit
Prix Millepages 2009
Prix Initiales 2010
Prix des Libraires 2010

Et ce qui est vrai, c’est que les gars ne trouvent pas le sommeil, ou que le sommeil vient très tard dans la nuit.
Et lorsqu’on entend que certains s’agitent dans leur lit, et se tournent, se retournent, on ne fait plus de blagues salaces, on ne fait pas allusion aux femmes ; on entend seulement le silence et parfois la voix furieuse et excédée de l’un ou l’autre qui gueule pour qu’on ne bouge plus, qu’on cesse ce bordel,
Arrêtez ce bordel !
Et alors dans la nuit les corps se figent, chacun dans son lit, et on sait que pour beaucoup la respiration reste presque bloquée et le coeur près de craquer, on entend presque l’envie de hurler qui les étouffe.

 

Et là, avait raconté Février, je ne sais pas comment on pourrait dire la peur qu’on a lorsqu’on avance en silence, le corps en angle, les jambes fléchies, le fusil à la main, presque à croupetons – je veux dire, à ce moment-là d’ouvrir la route vers le poste, les quelque mètres comme ça, tous les cinq, moi devant, suivi de Bernard, et puis les trois autres à l’arrière – tellement peur qu’on finit un moment par ne plus y penser du tout, ni à la peur ni à rien. On ne sait même pas pourquoi on y va. Et alors on s’agrippe à son arme et on court. Tête basse on court, on avance dans cette position ridicule de crabe ou quoi, pour se faire petit et discret. Et le plus dur c’est de ne pas crier.

 




Du flobots pur jus : La Cafetera Roja

Par une nuit orageuse d’été, la substantifique moelle de Manu Chao a peut-être rencontré l’énergie hip-hop des Black Eyed Peas et serait née de cette folle fusion La Cafetera Roja.

Le groupe forme un melting-pot européen volcanique et performe sur toutes les scènes de France et de Navarre. A chacune de ses apparitions, chaleureusement encouragée par un public transi par la bonne humeur urban-bohème et conquis par ces textes délicieusement critiques de notre société parfois même engagés, La Cafetera Roja met le feu.

Inspirée sans le savoir par l’esprit Flobots, ce groupe mythique de Denver qui créa son propre style « hip-hop alternatif », La Cafetera Roja en partage le fun et la force.


[Stef/Arkult] Pour débuter cette interview, ôtez-nous d’un doute. Que signifie ce nom intrigant de « La Cafetera Roja » ?

La « Cafetière Rouge » en français.

[Stef/Arkult] Sur scène il y a du monde… Pouvez-vous nous présenter toute l’équipe ?

Sur scène on retrouve tous les éléments que contient cette cafetière rouge…

On est six musiciens, un intriguant mélange de différentes personnalités et de styles musicaux. La musique de La Cafetera Roja vous emmène vers des univers hip-hop, pop-rock, trip-hop en passant même par la musique latine. Tous ces styles qu’on retrouve dans notre musique proviennent des diverses influences que chacun apporte. Le mélange des genres, d’instruments électriques et acoustiques, nous a permis de créer un style bien à nous.

Plus concrètement l’équipe sur scène, c’est celle-là :

  • Twan : chant MC et clavier
  • Aurélia : chant et guitare acoustique
  • Zermina : violoncelle
  • Fiti : basse, chant et violon
  • Chloé : guitare électrique et chœurs
  • Nico : drums

Mais notre équipe ce n’est pas seulement celle que l’on voit sur la scène. Derrière cette scène, il y a notre label Green Piste Records, implanté en Auvergne, avec qui nous travaillons et nous nous développons.

 

[Stef/Arkult] 4 nationalités pour 5 langues ça ouvre de nombreux horizons et permet de créer un univers très riche mais comment fonctionne le processus créatif ?

C’est vrai que notre groupe est un vrai melting pot européen. On s’est formé à Barcelone et, dans cette ville, ce n’est pas si étonnant que ça de côtoyer quotidiennement des gens de pays et d’horizons différents. C’est au sein de cette ville cosmopolite qu’on s’est rencontré. La Cafetera Roja n’aurait sûrement pas existé si ce n’avait pas été à Barcelone. Dans le groupe il y a des Français, un Espagnol, une Lituanienne et un Autrichien. On chante en anglais, espagnol, allemand, français et italien.

On nous demande souvent comment on arrive à créer tous ensemble car on est tous très différents…Mais la musique, c’est quelque chose de spontané et d’instinctif. Dans la composition, ça se passe assez naturellement. Souvent le point de départ est une mélodie à la guitare, au piano, au chant etc…peu importe ça part d’une idée. Ensuite chacun crée sa propre partie et apporte sa touche personnelle à la musique. On compose vraiment tous ensemble et c’est d’ailleurs pour ça que la fusion musicale se ressent.


Pour les voir en live :

  • 23 juin – The Lucky Ludo American Dreamer Annonay, France
  • 24 Juin – Aluna Festival Ruoms, France
  • 30 Juin – Foin Estival de Baillestavy, France
  • 13 Juillet – Folie en Tête Chauzon, France
  • 14 Juillet – Folie en Tête Chauzon, France
  • 18 Juillet – Contre courant – Avignon, France
  • 21 Juillet – Musique d’ici et d’ailleurs – Châlon en champagne, France
  • 04 Août – LA PLAGE A BEAUGENCY Beaugency, France
  • 10 Août – Les Nocturnes – Saint-Brieuc, France
  • 11 Août – Lolly Papaye – Lancieux, France
  • 14 Août – CCAS Le Conquet, France
  • 15 Août – CCAS Morgat, France
  • 16 Août – CCAS Plonevez-Porzay, France
  • 17 Août – CCAS Mesquer, France
  • 19 Août – CCAS Mesquer, France
  • 20 Août – CCAS Saint-Brevin-Les-Pins, France
  • 21 Août – CCAS Noirmoutier-En-L’ile, France
  • 22 Août – CCAS Saint-Hilaire-De-Riez, France
  • 23 Août – CCAS Saint-Clement-Des-Baleines, France
  • 24 Août – CCAS La Rochelle, France


Pour patienter, deux extraits de concert si pop / rock :

La Cafetera Roja – The Lie from Diogonos Creation on Vimeo.

La Cafetera Roja – Rolex from Diogonos Creation on Vimeo.

La Cafetera Roja a ce petit quelque chose de vrai et de biscornu que les amoureux du son épicé sauront apprécier.


Pour un savoir plus

Site de la Cafetera Roja www.lacafeteraroja.com

Facebook http://www.facebook.com/lacafeteraroja

Player sur deezer http://www.deezer.com/fr/music/la-cafetera-roja




World Press Photo – Le monde en images

Un bon conseil en trois mots: allez-y vite! Il ne reste plus qu’une semaine pour admirer les clichés primés du World Press Photo 2012 à la galerie Azzédine Alaïa, 18 rue de la Verrerie, à Paris. Un rendez-vous annuel à ne pas manquer.

Un portrait ciselé du monde qui nous entoure. Depuis 1955, le plus prestigieux concours du photojournalisme décerne des prix aux images de l’année. Pour cette édition, 5247 photographes de 124 nationalités différentes ont soumis plus de 100 000 images au jury. Tous sillonnent le monde pour le compte des grands médias, immortalisant sur leur passage les drames, les révoltes et les bouleversements de la planète mais aussi sa beauté et sa diversité. Les photographies, classées par thème (informations ponctuelles ou générales, vie quotidienne, drames contemporains, arts et divertissements, portraits, nature …) sont soumises, à Amsterdam, à un jury qui récompensent les clichés les plus évocateurs. Une fois les lauréats annoncés, les photographies gagnantes forment  une exposition itinérante qui traverse une quarantaine de pays.

Les chefs d’œuvre photos de l’année. Certains clichés ont déjà fait le tour du monde, comme cette jeune chinoise, rattrapée de justesse alors qu’elle tentait de se suicider en robe de mariée ou cette japonaise qui brandit le diplôme de son fils retrouvé au milieu des décombres de sa maison. Ces photographies, seules ou en série, sont autant de courtes histoires qui racontent la grande. La chute de Khadafi, l’austérité nord-coréenne, la crise du logement aux Etats-Unis et les guerres de gangs au Mexique sont saisies avec le même talent  qu’un rhinocéros mutilé, une prostituée ukrainienne ou un plongeur en vol.

Le prix « Photo de l’année ». Pour l’année 2012, la consécration ultime revient à Samuel Aranda. Ce photographe espagnol se trouvait au Yémen lors du soulèvement populaire contre l’ancien président Ali Abdallah Saleh. Son cliché montre un homme souffrant, enlacé par une femme entièrement voilée. « Nous ne saurons peut être jamais qui est cette femme, qui tient avec précaution un proche blessé, mais ensemble ils forment une image vivante du courage de gens ordinaires qui contribuent à écrire un chapitre important de l’histoire du Moyen Orient. » explique Aidan Sullivan, le président du jury. Parce que les intentions du prix sont celles-ci : promouvoir et accompagner le travail des photojournalistes contemporains qui, ensemble, œuvrent à montrer le monde tel qu’il est.

A suivre chaque année…

 

Galerie Azzédine Alaïa

18 rue de la Verrerie 75004 Paris

Entrée gratuite

Renseignements complémentaires: http://www.worldpressphoto.org/exhibition/2012_Paris




Montez le son pour PacoVolume

PacoVolume va vous donner envie de monter le son, de déguster ses rythmiques et accessoirement de sautiller sur place.



PacoVolume, est un hédoniste, il aime le vin, la mozzarella di Bufala, les kiwis (pas le fruit poilu… les néo-zélandais) et la musique, of course.



En 2006, une perle énergisante soft-rock extraite de l’album «Manhattan baby », Cookie machine avait propulsée PacoVolume au rang de meilleur espoir pop de l’hexagone (Inrocks).



Massive Passive est son second opus et il était de fait, vachement attendu. Cette vendange
tardive porte le nom de l’équaliseur utilisé par l’artiste et, à coup sûr, un bon cru.
Massive Passive est planant et habillé d’une robe lumineuse.
Il est lascif mais il a du corps.
Il a des notes florales enivrantes.
Il est parfois électrique mais toujours dans la langue de Shakespeare.
Il est produit par Julien Delfaud, qui n’est autre que le producteur de Gaëtan Roussel, Revolver et Phoenix… ce qui lui permettrait de revendiquer une certaine parenté avec des cousins audacieux et talentueux.
On peut donc s’attendre à ce qu’il booste votre été 2012 en vous offrant quelques caudalies, dès sa sortie dans les bacs en Juillet.

Faisons-donc connaissance grâce à un anti-portrait chinois avec ce frenchy qui a, souhaitons lui, « de beaux tannins ».

[Stef / Arkult] Le clip de Cookie machine est réalisé en stop motion et dans Palest Winter Light on découvre la championne de France de Pole dance réalisant son périlleux exercice adroitement accrochée à un artefact de la république française… Indéniablement tu accordes donc une
importance capitale au visuel associé à ta musique. Alors Paco, si tu étais un clip musical, quel clip
serais-tu ?

Mon clip favori, c’est le clip de la Ritournelle de Sébastien Tellier où on le voit observer le ciel, déterrer des lapins de la neige, et couper du bois. Sinon Eagles of Africa de Koudlam, dont je ne me lasse pas.

// Le fameux clip de Palest Winter Light //



[Stef / Arkult] Paco, tu as été œnologue et caviste chouchou des musiciens Bordelais, tu n’y couperas donc pas : si tu étais un vin, quel produit de l’agriculture viticole serais-tu?

Un Txakoli, un vin blanc très sec du Pays basque, aux reflets parfois verts.

[Stef / Arkult] Tes inspirations sont très diverses et vont de Crowded House à Slash alors Paco, si tu étais un groupe anglais, lequel serais-tu ?

Si j’étais un groupe à moi tout seul, et anglais de surcroît, je ne sais pas trop, peut-être le groupe Yuck, que j’ai beaucoup écouté cette année. Leurs mélodies, leurs sons de guitares, leur manière de jouer me rendent zinzin.

[Stef / Arkult] Ton parcours est fait de hasards et de rencontres, un chemin sinueux qui a rendu
ton travail original et marqué d’une certaine plénitude. C’est l’heure des « aveux » cher Paco, si tu étais une erreur de jeunesse, laquelle serais-tu ?

Une coupe de cheveux un peu trop stylisée.


Dates de scènes ? Salles ? Festivals ?

  • 15 juin aux Affranchis sur France Inter,
  • 29 juin Bus Palladium,
  • 6 juillet à Blois,
  • 9 août à Samoens,
  • 18 août à Noisy le Sec,
  • 24 août aux Nocturnes de Saint-Brieuc ,

Tournée française à partir de septembre 2012

 

Vous vous demandez encore qui est c’est hurluberlu de PacoVolume ?

Rendez-vous sur son http://pacovolume.com/site/

Découvrez les lettres qu’il écrit aux grands de notre monde, un pan de la vie publique de Paco qui le politise mais qui est avant tout très drôle : http://pacovolume.com/site/category/lettres-pour-reussir

 




Scotch & Sofa à découvrir par petits bouts

Un son folk et jazzy conçu comme un patchwork de talents épatants.

Un univers musical moelleux, confortable à l’oreille, piquant la curiosité et cousu d’originalité sincère.

Des ritournelles cadencées et parfaitement ourlées, portées par une voix cristalline.

Un duo inventif et bohème formé par Chloé Monin et Romain Preuss. Ils tricotent finement et follement des mélodies surprenantes et enivrantes depuis 2004.

Chacun des petits bouts du patchwork est bluffant, pur et exquisément ficelé.

 

En somme, ça n’est pas le vieux patchwork de grand-mère, c’est un patchwork urbain, moderne et chamarré.

Ce patchwork léger, soigné et frais, c’est celui de Scotch & Sofa.

 

INTERVIEW DU DUO SCOTCH & SOFA

 

[Stef / Arkult] Il se dégage une poésie parfaite de la rencontre des textes et de la musique, quel est votre secret ?

Scotch & Sofa : On n’a pas vraiment de secret, si ce n’est que nous avons travaillé simultanément textes & musiques avec Céline Righi, la plume du duo.

On a essayé de travailler sur les images qui nous venaient à la lecture de chacun des textes…

Dans l’arrangement, on a aussi cherché à faire entendre ce que nous soufflait la chanson.

Pour coller à cette nuit sans fin racontée dans « Graine d’insomnie » par exemple, on a cherché un climat plutôt épais, étiré, des couches qui se superposent … l’apport des machines a amené la couleur éthérée qu’on cherchait pour ce titre.

Sur « Tu sens bon » dont les images peuvent paraitre plus légères, on a préféré une ambiance plus dépouillée. La guitare principale du morceau a été jouée sur une guitare d’enfant, on a essayé plein de choses en studio mais c’est le son de cette petite guitare qui nous rendait la chanson attachante.

 

[Stef / Arkult] Après Ours et Oxmo Puccino, dont les univers sont très éloignés, allez-vous surprendre votre public en mêlant votre talent à celui d’autres artistes?

Scotch & Sofa : On adore collaborer avec des artistes dont la musique nous touche. C’est vrai que les univers d’Ours et Oxmo Puccino sont vraiment différents mais c’est aussi ce qui nous a intéressés pour ce disque.

Bien qu’ayant majoritairement des influences hors chanson française, le fait de faire des chansons en français a été la manière la moins alambiquée, la plus directe que nous avons trouvée pour faire de la musique dans ce projet, mais on essaye de rester libres et sans complexe là-dedans.

Le champ des collaborations futures reste donc très ouvert et sans contrainte de style, à partir du moment où on adhère. J’imagine très bien collaborer avec des artistes de musique électronique, un ensemble de cordes ou encore d’autres amis chanteurs comme Boeuf ou Ben Mazué avec qui on prend toujours un immense plaisir à partager des scènes.

 

[Stef / Arkult] Scotch fait du beat-boxing sur certaines chansons, ça donne une dimension très jazzy. Est-ce dans cette mouvance musicale que Scotch & Sofa souhaite s’inscrire ?

Scotch & Sofa : Pas jazzy à tout prix … c’est vrai qu’on en a beaucoup écouté et qu’on continue à aimer mais on essaye de faire des chansons et de les servir.

Les jazzmen qui nous ont marqués ont d’ailleurs été ceux qui lorgnaient du côté d’autres musiques, Brad Mehldau avec ses relectures de Nick Drake et Radiohead, Bill Evans beaucoup influencé par Fauré et Debussy, Charlie Hunter qui va enregistrer sa 8 cordes sur le Voodoo de D’Angelo …

Du coup, on aurait plus tendance à vouloir emmener la beatbox et la guitare 8 cordes vers les musiques actuelles, la pop … quelque chose de moins chargé, plus dans le son et l’intention. La beatbox sur le disque a d’ailleurs été produite à l’inverse du live ou elle est jouée de manière plus libre …

 

[Stef / Arkult] Quand et où peut-on vous voir sur scène ?

Scotch & Sofa :

  • Le 23 Mai à Paris au Divan du Monde en première partie de Ours.
  • Les 20 et 24 Mai à Montpellier.
  • Le 2 juin à Charleroi en 1ère partie de Tryo
  • Le 15 Juillet aux Francofolies de la Rochelle en 1ère partie de Laurent Voulzy.
  • Le 24 Aout au Domaine d’O à Montpellier.
  • Le 25 Aout à Narbonne.
  • Le 25 Octobre à Zinga Zanga (Béziers) en première partie de Suzanne Vega.
  • Le 7 Décembre au Jam à Montpellier.

Et on croise les doigts mais il y a des dates à l’étranger qui se précisent… notamment en Chine ce qui est complètement dingue et très excitant à la fois!

 

Le 2 Avril 2012, le premier album de Scotch & Sofa est sorti dans les bacs, il se nomme « Par petits bouts». Il contient une perle inspirée et enlevée « Ca se » en duo avec Ours qui ne semble plus souffrir de son « cafard des fanfares ».

 

Pour en savoir plus sur Scotch (Romain Preuss) and Sofa (Chloé Monin) :

  • http://www.facebook.com/scotchsofa
  • www.scotchsofa.com

 

 Merci à Hanieh qui a permis la construction de ce billet 😉