Gary Cook.
Hymne à la camaraderie,
Ode à l’essence humaine,
Adolescence inhumaine.
Pêche de mauvaise fortune,
Amitiés de bon coeur.
Plongée dans les bas-fonds de l’espèce,
Pour un départ là-haut dans l’espace.
Découverte des joies, des peines,
Des amours, des trahisons.
Blessures des coeurs, douleurs des corps.
Petite ballade, grande échappée.
Cauchemar du présent, rêves d’avenir,
Des illusions, désillusions.
Gary, Max, Elliott,
Lou de mer,
Petits princes des temps modernes,
Ulysses aux sirènes wakoliennes,
L’Albatros veille sur ses pêcheurs.
Vertige des profondeurs,
Ivresse des espoirs. Premier tome enchanteur, Ravissement du lecteur.
Gary Cook
Tome 1 : Le Pont des Oubliés
Editions Nathan
Réservation / disponibilité : https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782092573860-gary-cook-t-1-le-pont-des-oublies-romain-quirot-antoine-jaunin/
EAN : 9782092573860
A partir de 12 ans
[Livre] Aucun de nous ne reviendra – Charlotte Delbo
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Plongée au cœur de l’enfer. Dans le premier opus de son triptyque « Auschwitz et après », la rescapée du camp nous plonge au plus profond de l’ignominie.
L’horreur est livrée à son état brut. Et paradoxalement, on sent la douleur comme contenue, oubliée. Il n’est plus question de souffrance physique. Il est question de mort, de jour, de nuit, de travail, de froid, de mort, de mort. Et de vie.
Cette vie que le système concentrationnaire avait comme finalité d’anéantir, et au travers de cette vie, de ces vies, l’espoir tout entier de familles, de communautés, de peuples. Cette vie qui s’est prolongée, qui a tenu coûte que coûte durant les appels, durant les journées de travail, durant les nuits de cauchemars et d’agonies. Cette vie qui a permis de revenir de l’enfer. Au moins physiquement, car au travers du récit, il est clair qu’une part de l’auteure a disparu dans l’infinie cruauté imposée par ses tortionnaires.
Dans cet ouvrage se mêlent ainsi des descriptions du quotidien. Si tant est que l’on puisse imaginer un quotidien dans de telles conditions de mort. Des scènes de mort. Des scènes d’une violence sourde, froide, banale, expéditive. L’hiver dans le cœur des hommes. Et puis, entrecoupant ces témoignages, ces souvenirs, naissent des poèmes. Cet enchaînement, cette succession prend le lecteur aux tripes. Le rythme des récits, le rythme de la parole, l’écriture, tout traduit la souffrance, l’espoir disparu, l’espoir plus jamais espéré.
Ainsi, la ponctuation s’accommode du rythme des marches des colonnes de déportées. Les répétitions sont le martèlement des ordres, ou plutôt des aboiements des kapos, des stubhovas, des SS. Les mots sont précis, les phrases concises et définitives. Comme en est décidé le sort des plus faibles. Ou juste de celui qui s’est laissé prendre par l’épuisement et a fait un pas de côté. A laissé dépasser une main. A fermé l’œil au mauvais moment.
Faible sentiment que d’être bouleversé à la lecture de ce témoignage.
Dégoût.
Terreur.
Et terrible force du récit qui nous immerge au plus profond de la boue des sentiments humains. De cette boue n’aurait pas dû naître une tulipe.
Aucun de nous ne reviendra. Aucun de nous n’aurait dû revenir.
Après le Quatrième Mur, Sorj Chalandon nous revient dans un roman de famille. Le narrateur, sa mère et surtout son père. Dans un huis clos oppressant. Opprimant même. Huis clos que l’on n’ose imaginer autobiographique. Ou que l’on préférerait savoir sorti de l’imagination de son auteur, plutôt que de ses souvenirs.
Profession du père. Tout commence là. Trois mots posés sur une feuille de papier. Rituel immuable de la rentrée des classes. Trois mots qui fond s’effondrer progressivement les repères d’une famille. Dans ce qu’ils représentent. Dans ce que les autres en perçoivent. Profession du père. Pas d’écart possible. Conformisme nécessaire.
Trois mots qui englobent une vie entière. De multiples vies même. Et toute une famille, tentant de survivre aux griffes paternelles et à son ire sans pitié.
Trois mots qui courent tout au long du siècle. Non sans rappeler ce titre « Duboisien » : « Une vie française ». Des périodes troubles de l’histoire hexagonale, des secrets d’Etat, le visage sombre d’une partie de la population. Mais également, des exploits plus anodins, des performances sportives, des engagements de toute une vie.
Un traumatisme de toute une vie.
Qui disparaît avec un souffle.
Qui emporte avec lui ses secrets.
Qui délivre des souffrances du passé. Des maux des souvenirs. De la violence des chairs.
Une libération pour le reste d’une vie.
Pour finalement trouver une réponse. Profession du père ?
Un roman qui se dévore, bien loin des l’Irlande tant chérie par son auteur, un roman qui marque sans doute un retour aux sources, un retour à soi de la part de Sorj Chalandon.
Le style est puissant. Les rythmes varient, tantôt reflet d’une période d’accalmie, tantôt stigmates des déchaînements de l’esprit et des poings. Et la rentrée littéraire en prend un coup, comme on aimerait en voir davantage.
Stéphane Korb nous livre ses Clefs pour le Japon
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Bien plus qu’un livre de photos. Pas tout à fait un guide de voyage. Plutôt le partage d’une découverte. Lentement muée en un amour véritable. Fortement emprunt de respect. D’écoute. De curiosité.
Stéphane Korb nous livre ainsi, dans ses « Clefs pour le Japon », la partition de la vie au pays du Soleil Levant. Une gamme à 8 notes. 8 clefs symbolisant l’essence de cette lointaine nation.
Pour l’exercice, passons désormais son ouvrage sous le prisme successif de chacune de ces clefs :
Nihon (Japon) : l’objet de ce livre d’art, de ce récit initiatique, de ce parcours intérieur au fil des découvertes extérieures,
Sensei (professeur) : pour la vertu didactique de cet ouvrage qui nous fournit des clés de compréhension de la culture japonaise, de ses traditions et de ses merveilles (ancestrales ou tout à fait actuelles),
Iro (couleur) : pour les couleurs que revêtent successivement les 200 pages de ce livre. Un pays aux mille visages, aux mille couleurs, et tellement plus encore. La magnifique couverture de Frédéric Duciel et Théo Masui en est une belle illustration,
Kata (forme) : pour le format de ce guide, entre récit personnel, guide de voyage, albums de photographies. Un livre qui sort des moules traditionnels, des standards du genre,
Shizen (nature) : pour la découverte de la multitude des paysages proposés au fil des récits et des chapitres. Paysages natures ou urbains. De jour comme de nuit,
Wa (harmonie) : pour le ressenti global une fois la lecture achevée. Un juste équilibre entre images, récits de voyage, conseils pratiques, et explications culturelles,
Kyudo (rechercher la voie) : pour le cheminement intérieur qui transparaît d’une photo à l’autre, d’une anecdote à la suivante, d’un voyage à celui d’après. Et finalement, le sentiment d’une paix (re-)trouvée. D’une sérénité acquise,
Jo (sentiment) : sentiment de plaisir à parcourir ces pages, se plonger tout entier dans ces instantanés de la vie japonaise et se projeter soi-même en voyage, naviguant dans ces rues, rencontrant ces gens, buvant ces whiskies.
Cette partition japonaise permet d’ouvrir l’esprit. De le préparer à accueillir des fragments d’une culture forte, inconnue ou méconnue. Une préparation de l’esprit au voyage du corps.
Clefs pour le Japon, Stéphane Korb, 29,90 €
Calligraphies : Satsuki Carrio Goto
Préface : Toshiro Kuroda
Editions : Mémoires d’artistes éditeur
Site web : www.korb-art.com
ISBN : 978-2-9546771-0-1
José Rodrigues dos Santos : du Big Bang au Big Crunch
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Souhaitant découvrir les secrets de l’univers mais n’ayant qu’un été pour le faire, pas que la fin du monde soit proche mais je ne consacre que peu de temps aux choses accessoires, je m’orientais vers l’auteur en vogue du moment et spécialiste du sujet : José Rodrigues dos Santos et son best-seller à 2 millions d’exemplaires : La formule de Dieu. Puis, pris par l’enthousiasme vers La clé de Salomon du même auteur.
Du Big Bang au Big Crunch. En effet, autant La formule de Dieu vous transporte littéralement mêlant espionnage, romantisme et physique quantique, autant La clé de Salomon vous laisse un goût amer comme lorsque vous vous êtes fait pigeonner au bonneteau sur le pont d’Iéna (toute ressemblance avec des faits réels est purement volontaire).
Grand 1 petit tas : La formule de Dieu donc, un professeur d’histoire spécialiste en cryptologie…, euh ? Hein ? Comment ? Que lis-je ? Oui, un professeur d’histoire spécialiste en cryptologie au Portugal. Ah !!! On a eu peur ! On a frôlé le plagiat avec l’autre là, mais si, le professeur d’histoire avec sa montre Mickey, spécialiste en symbologie mais à Harvard, lui (voir mon article sur Inferno) ! Bon, je reprends, Robert Langdon, oups pardon ! Tomàs Noronha est invité par le gouvernement iranien à décrypter un manuscrit dont l’auteur ne serait autre qu’Albert Einstein, il est très vite contacté par la CIA pour devenir un agent double (portugais !). D’aventure en aventure, de ville en ville, Tomàs fera une découverte fondamentale qui changera comme d’habitude la face du monde.
Le bonus de ce livre par rapport au genre roman historique est l’interprétation des découvertes scientifiques, toutes fondées, et notamment sur la physique quantique. On en en sort plus instruit qu’on en est entré (merci de fermer la porte en sortant, ça fait courant d’air). Le récit est parfaitement équilibré et on se laisse docilement porté même si, parfois, quelques raccourcis trop audacieux nous replongent dans la réalité.
Grand Dieu, petit dé : La clé de Salomon est le cinquième livre de la série Tomàs Noronha et le troisième publié en France*. Fort de son succès, José (Rodrigues dos Santos) rebondit sur les mêmes ressorts (chtoing-chtoing) : meurtres, enquêtes, mystères, sciences. Sauf que, comme me l’avait enseigné un grand maître tibétain sur les contreforts de l’Hymala… des Vosges, vêtu de sa tunique orange (ou corail pour les fashionistas) : « Tu peux remplacer les lardons par du saumon fumé, une quiche reste une quiche ». Sûrement trop jeune à l’époque, je n’avais pas perçu la profondeur ou la portée d’une telle réflexion et voyant ma bouche grande ouverte et l’écume baveuse qui en sortait, mon maître en avait arrêté là de ses enseignements philosophico-culinaires. C’est donc pendant la lecture de ce livre, que, la révélation me caressa de sa douce chaleur et m’envahit de son halo bleuté, sauf que là, José, t’as oublié la crème fraîche !
Ça manque de liant, c’est fade, l’addition est salée. A trop vouloir nous resservir le même plat l’auteur a oublié la qualité du service. Quelques exemples : il ne m’arrive pas (ou rarement) d’être poursuivi par une bande de tueurs à la solde de la CIA mais il ne me viendrait pas à l’idée, dans de tels cas, de m’enfermer dans une université et de prendre 2 heures pour expliquer à ma copine le concept des ondes et des particules de lumière, tout ça pour impressionner la dame (et le lecteur qui n’en demandait pas tant) mais peut-être suis-je trop terre à terre ? Idem, alors que cette même copine n’a plus que 20 minutes avant de mourir dans d’atroces souffrances, d’expliquer aux directeurs de la CIA (ceux qui voulaient ma perte 24 heures plus tôt), la théorie du Tout, mais peut-être suis-je trop romantique ? Bref, il ne suffit pas de trouver un filon encore faut-il savoir l’exploiter (foi de chercheur d’or).
Au-delà d’une intrigue bâclée l’auteur s’inspire largement du Symbole perdu (titre original : « The Solomon Key », si si je n’invente rien !) qui est loin d’être mon préféré ayant déjà, à l’époque, reproché à Dan (Brown) d’avoir céder à la facilité littéraire et aux sirènes du mercantilisme après le succès du Da Vinci Code.
A bon détendeur, salut.
* La Clé Salomon est le troisième de la série paru en France après La formule de Dieu et L’ultime secret du Christ.
La formule de Dieu (José Rodrigues dos Santos)
HC Editions
ISBN : 2357201134
La clé de Salomon (José Rodrigues dos Santos)
HC Editions
ISBN : 2357201762
Les idées lumineuses de José Parrondo
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Vous est-il déjà arrivé d’écouter un enfant se parler à lui-même ? Mi-fou, mi-génie, il fait preuve d’une imagination incontrôlable où se mêle la naïveté, la clairvoyance et l’originalité. Le bon sens des enfants bouscule généralement le nôtre (Cette nuit j’ai rêvé que je dormais. Etait-ce bien utile ?), ils nous prêtent souvent des motivations saugrenues (Le sous-marin a été inventé par un marin qui n’aimait pas la pluie) et se construisent un réel où il ferait bon vivre de temps en temps (Je me suis débarrassé de mes dictionnaires et de mes encyclopédies pour garder la part de mystère des choses.)
Par miracle, José Parrondo est resté un des leurs. Cet auteur-illustrateur belge est toujours un être précieux perdu dans ses pensées lumineuses et ses livres sont des petits bijoux qu’on collectionne pour nos vieux jours. Dans Parfois les ennuis mettent un chapeau publié chez L’Association, il nous scotche devant des évidences en une phrase et trois coups de crayon : « Une valise emportée par la tempête voyage sans voyageur », « Quand on est deux à ne rien faire comme les autres, on ne peut plus dire qu’on ne fait rien comme les autres ». Drôle comme un Martin Page et percutant comme un Jules Renard, José Parrondo prête des intentions aux animaux « Je serais très déçu si on me disait que la mouche qui se frotte les pattes ne vient pas de réaliser une bonne affaire. », s’amuse avec les corps de métiers « N’espérez pas qu’un horloger vous donne l’heure. Il la vend » et nous éclaire de ses pensées: « Je ne me souviens pas de la chose la plus incroyable qui me soit jamais arrivée. »
Avec des illustrations justes et fortes, il donne une lecture différente du monde qui nous entoure, le rendant plus poétique et plus censé. Minimalistes et beaux, ces textes ont la fraicheur de l’enfance sans être départis d’une certaine sagesse, qu’on attriburait volontiers à de vieux conteurs. Grâce à lui, on sait que la fantaisie et le talent n’ont pas d’âge. « Quand je parle tout seul je m’écoute attentivement car j’ai peut-être des choses importantes à dire. » Ouvrez grands vos oreilles.
Parfois les ennuis mettent un chapeau (éd. L’Association, 2012) vient d’être réédité à l’occasion de la sortie d’ Histoires à emporter (éd. L’Association, 2014). José Parrondo publie également au Rouergue, chez Delcourt, Milan Presse (Capsule Cosmique), Bréal Jeunesse, etc.
Des bosses et des bulles
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Il a le look René-Charles quand il arpente les sentiers. René-Charles fait du trail, comprendre : de la course à pied en milieux hostiles.
Adieu le goudron, il laisse ça aux « majorettes ». Lui, il s’attaque à des monts et des montagnes, quand il a la forme. Il aime quand ça grimpe, quand il y a du dénivelé positif et qu’il a eu un prix de gros sur le nombre de kilomètres à parcourir.
Au panthéon de R-C : Killian Jornet, Anton Krupicka et Seb Chaigneau. Son Graal c’est l’UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc). Le traileur c’est le randonneur 2.0. Un citadin qui, l’été venu, s’attaque à des challenges en altitude. Un montagnard qui a eu envie de faire carburer ses mollets. C’est un peu tous les coureurs.
Le trail est une discipline relativement confidentielle (8 millions de pratiquants en Europe tout de même) et la BD de Matthieu Forichon permet d’en appréhender les codes. Comme toujours, lorsqu’on observe une vraie galaxie avec ses rites, ses fêtes, son jargon, son alimentation… il est forcément très savoureux de le tourner en dérision.
Pour les « finishers » de la 6000D, de la Saintélyon, de la Diagonale des Fous c’est l’occasion de rire de certains excès. Pour les autres, c’est l’occasion d’une immersion avec des sportifs passionnés.
Après avoir trop longtemps mis en exergue uniquement le dépassement de soi, il est bon d’en revenir à la base : courir pour le kif, prendre son pied (minimaliste ou pas).
Bien sûr que c’est exigeant et pénible mais personne ne le ferait s’il n’y avait pas tous le reste : le paysage, les copains et le saucisson aux ravitos. C’est de ça aussi que parle Matthieu Forichon, de cette ambiance bonne franquette, de cette simplicité et de ce partage.
Comme pour Pénélope (Bagieu) ou Margaux (Motin) tout a commencé par un blog aux illustrations humoristiques. Le blog dont René-Charles est le héros (ou l’antihéros) s’appelle Des Bosses et Des Bulles (DBDB). Et il n’y a pas que R-C, on y retrouve toutes les stars du trail. Des stars qui ne sont ni des divas, ni des péteux mais des gens très accessibles malgré leurs performances imposantes.
Le ton et le trait font mouche. René-Charles est attachant. BIM plébiscite du blog !! Un livre ouvre donc la voie « Premières foulées » (Tome 1). Cette BD ne fait pas seulement rire, c’est aussi très beau, léger et aérien comme la course.
Merci à Vincent qui m’a offert Premières Foulées et permis de découvrir les aventures de R-C 🙂
Le jour où le mur de Berlin n’est pas tombé…
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Et si, le 9 novembre 1989, le mur de Berlin n’était pas tombé, dans quel monde vivrions-nous ? C’est une petite maison d’édition éphémère, les Uchroniques, qui s’est saisie de la question la première. Composée de quinze étudiants de la Sorbonne, elle publie cette semaine un unique beau livre auquel ont collaboré soixante écrivains, artistes, et illustrateurs: Le jour où le mur de Berlin n’est pas tombé – et tous ceux qui suivirent. En oscilliant entre violence, humour et poésie, cette anthologie de témoignages venus d’un monde parallèle fascinant entraine les lecteurs à la découverte de nouveaux pays, de nouveaux ordres politiques, de nouveaux hommes. Richement illustré et bourré d’humour, cet ovni littéraire a retenu notre attention.
Pour comprendre cette uchronie, nous avons rencontré Guillaume Müller (l’un des éditeurs à l’origine du projet) dans la librairie-galerie Le Monte-en-l’air (71 rue de Ménilmontant, Paris) qui déborde d’étudiants à l’occasion du lancement du livre. A croire qu’une révolution se prépare…
La question qui s’impose: qu’est ce que l’uchronie ?
L’uchronie, c’est un genre littéraire affilié à la science-fiction et basé sur le même modèle que « l’utopie ». L’idée est d’altérer ou de modifier un élément du passé et d’en imaginer les conséquences qui auraient pu suivre. Beaucoup d’auteurs se sont essayés à l’uchronie, de Philip K. Dick à Michel Déon en passant par Éric-Emmanuel Schmitt.
Pourquoi avoir choisi le mur de Berlin?
Tous les ans, les étudiants du Master 2 de Lettres Modernes Appliquées de la Sorbonne doivent réaliser un ouvrage dans le cadre de leur formation. Les éditeurs de ce livre et instigateurs du projet ont tous entre 22 et 26 ans. Nous appartenons tous à la génération de l’après chute du Mur. En novembre prochain, nous fêterons les vingt-cinq ans de sa chute. Parmi nous, personne ne l’a vécue mais c’est un événement à partir duquel s’est organisé le monde dans lequel nous vivons. Il est très présent dans notre mémoire collective. Pour nos parents, c’était hier. Pour nous, Berlin est la capitale européenne branchée par excellence. Il nous semblait important de se poser cette question: où en serions-nous si le 9 novembre 1989 s’était déroulé autrement? Cette année, Emmanuel Carrère est le parrain de notre promotion. Il a lui-même écrit un petit essai sur l’uchronie dans lequel il laisse entendre que la démarche est vaine. En réalité, il dit que l’intérêt premier de l’uchronie, c’est la fiction qui peut en jaillir. Revisiter un événement historique est un formidable moteur de fiction.
A quoi ressemble le monde dans votre livre?
A un monde aussi fou que le nôtre. Tous les extraits se valent, ils ont tous leur tonalité. Certains sont très sombres voire totalement décalés; toutes les oeuvres présentes dans le bouquin sont très fortes. Ca nous a beaucoup amusé en tant qu’éditeurs de voir certains personnages revenir régulièrement dans les contributions : Rostropovitch, le violoncelliste qui a improvisé un concert au pied du Mur ou encore David Hasselhoff qui a chanté « Looking for Freedom » sur le Mur. Ils appartiennent à la mémoire collective que nous avons du 9 novembre 1989 mais que seraient ils devenus si le Mur n’était pas tombé ce jour-là ? Il y a une contribution que j’aime beaucoup pour plusieurs raisons. Notre idée, c’était de recueillir des sortes de témoignages bruts de ces mondes parallèles. Diane Ranville a imaginé qu’en 1994, à la suite de ce qu’on a appellé la « Révolution Littorale », certains pays d’Amérique du Sud se sont ligués avec Cuba pour former les Républiques Unies d’Amérique du Sud. On découvre cette nouvelle configuration géopolitique à travers les extraits de trois journaux différents (Granma, The International Herald Tribune et Le Monde) disséminés dans tout le livre, journaux qui traitent la même information mais avec un regard différent à chaque fois. Elle créée quelque chose d’immersif, elle nous livre un instant réaliste et presque palpable du monde parallèle. Et surtout, on sort de Berlin, on voit bien que l’événement uchronique a des répercussions mondiales. Et puis vous avez entendu parler des mouvements contestataires au Vénézuela en ce moment ? Cet extrait montre bien comment notre livre, même si ce n’est que de la fiction est totalement en prise avec l’actualité.
Peut-on y voir un ouvrage « politique »?
Ca a été notre première crainte: tomber dans le jugement de valeur mais je crois que nous nous en sommes bien sortis finalement. Tous nos auteurs et artistes ont contourné le problème grâce à l’humour ou le second degré. Ca donne à l’ouvrage une tonalité plus pop et décalée que prévue. Certains ont décidé de ne pas se concentrer sur Berlin Est/Ouest et nous emmener au Japon, en Amérique du Sud, aux États-Unis ou même sur l’île de la Réunion, le champ des possibles est immense. Et puis c’est poétique aussi et très illustré. La plupart des auteurs que nous avons choisi de publier sont peu connus , ce qui ne les empêche pas d’avoir un grand talent. Lisez-le, c’est un très beau livre…
Pour revisiter l’histoire avec eux:
Le jour où le mur de Berlin n’est pas tombé, Les Uchroniques, 18 euros, 224 p.
– Site internet : lesuchroniques.fr
– Page Facebook : facebook.com/lesuchroniques et Compte Twitter: twitter.com/lesuchroniques
Du 21 au 24 mars 2014, Stand B23 au Salon du Livre de Paris, parc des expositions. Cinq exemplaires uniques reliés par des artistes diplômés de l’école Estienne et spécialisés dans la reliure d’art y seront exposés et proposés à la vente.
« Une femme, une pipe, un pull » … Drôles de pubs !
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« Une femme, une pipe, un pull » « J’aime ma femme. J’aime la Kronenbourg. Ma femme achète la Kronenbourg par six. C’est fou ce que j’aime ma femme. » « Babette. Je la lie. Je la fouette et parfois elle passe à la casserole. »
Blagues potaches d’un humoriste en mal de reconnaissance ? Brèves de comptoir entendues dans un relais routier ? Que nenni !
Il s’agit là d’un échantillon (représentatif ? à vous de juger) des coups de pubs qu’a connu notre société durant le dernier siècle.
On dit souvent que la publicité est l
e reflet de notre société, qu’elle met en lumière ses travers, ses préjugés, ses secrets même. Si cela est avéré, alors je vous le demande, dans quelle société vivons-nous ? Et malheureusement, fort est à parier que ces 150 reproductions de publicités sont autant de miroirs de l’esprit de notre société et de son évolution à travers les âges.
Mais rassurez-vous, les quelques extraits sus-cités ne sont en rien exhaustifs de la variété des messages hautement informatifs transmis au travers de cette grosse centaine d’affiches publicitaires. Le sexisme et la mysoginie y sont certes souvent présentes, mais elles y côtoient la provocation (parfois à l’excès, à l’image des campagnes commerciales de Benetton), les détournements d’oeuvres d’art ou de photos de célébrités, la parodie, et les messages prétendûment scientifiques (diverses promesses : grandir en quelques mois de plusieurs centimètres, suppression des rides en 25 minutes, dissolution des poils disgrâcieux en 3 minutes, …).
Vous l’aurez compris, le florilège des 150 publicités proposé dans l’ouvrage « Drôles de pubs » est une véritable plongée dans le passé. Elles retracent l’évolution des mentalités, des moeurs, bref … de nos vies, de celles de nos parents et grands-parents … Bien malin qui saurait dire à quoi ressemblera un ouvrage similaire dans 50 ans !
Pratique
Drôles de pubs, aux éditions Larousse
160 pages, broché, 12,90 €
ISBN : 2035896304
Marche ou crève (heu ! S’il vous plaît)
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Bonjour M’sieur Dame, excusez moi de vous importuner une nouvelle fois, mais vu que vous préférerez me lire plutôt que d’aller sauver le monde… hein ! Canaillou(se) !
J’va vous conter un peu ma vie, en effet je viens de finir une course à pied. Et là vous vous dites oh non ! Il ne va tout de même pas oser nous vanter l’immense satisfaction d’engloutir 40 bornes en mini short moule-gonades, éclairé par ampoules aux pieds avec option néon 40 000 watts et des cuisses en feu mais épilées (rapport à mon dernier article, merci pour ceux qui suivent).
Que nenni ami lecteur ! Cela n’aurait rien à voir avec votre blog préféré. Je viens tout humblement d’achever la course la plus mortelle au monde, assis dans mon fauteuil Louis XV (prononcez Poäng en suédois). Il s’agit bien sûr de Marche ou Crève de Richard Bachman (alias Stephen King ou l’inverse).
Achever est le bon terme car dans ce roman à l’eau de sueur écrit en 1979, tout participant marchant en-dessous de 6,5 km/h est exécuté après 3 avertissements (tout de même, grand seigneur !). Le but du jeu car il s’agit d’un genre de télé-réalité avant l’heure mais sans les SMS, est donc de terminer dernier (survivant), il ne doit en rester qu’un, comme dirait tonton MacLeod. Le vainqueur reçoit une très grosse somme d’argent ainsi que la réalisation d’un «vœu».
Au premier abord, ainsi qu’au deuxième, ce genre road book peut sembler long, les pages s’égrainent semant les corps des jeunes concurrents, terreau d’un fertile vainqueur (oh c’est beau). Pour nous aider à nous repérer, le récit se focalise sur Ray(mon) Garraty. Au travers de ses rencontres, ses doutes, ses rêves, nous sommes plongés au cœur de la course, devant une foule en liesse massée en liasse sans se lasser (oups, mon lacet s’est défait !).Au-delà de la douleur, lorsque le mental vous a abandonné depuis longtemps, la victoire n’est plus l’objectif, seul l’espoir d’une délivrance vous tient encore debout. Malgré tout, des amitiés sont possibles, voire même une certaine entraide contre nature entre les candidats.
Extrait 1 : « Ralentissons un peu, dit Mc Vries. On va y aller mollo. Rejoindre Baker. Nous entrerons dans Augusta ensemble. Les Trois Mousquetaires. Qu’est-ce que t’en dis, Garraty ?»
Extrait 2 : « – Nous voulons tous mourir, déclara-t-il. C’est pour ça que nous faisons ça. Sinon pourquoi, Garraty ? Pourquoi ? »
Extrait 3 : « – Je vais marcher à te crever. »
Le rythme de la fin s’accélère comme si l’auteur était pressé d’en finir, on entend presque Maman King crier à son Stephen de fils : « dépêche-toi, ta soupe va refroidir ! » C’est un petit peu dommage car l’ensemble du roman est parfaitement équilibré.
Pour conclure, je me pose la question : Ne sommes-nous pas déjà engagés dans cette course ? Vous avez 3 heures je relève les copies à la fin!
Je vous laisse là-dessus, vous pouvez retourner sauver le monde, j’ai ouï dire que c’était un job à temps plein.
Informations : Marche ou crève – Stephen King (Richard Bachman)
Le livre de Poche – Fantastique
Code ISBN : 978-2-253-15139-5
Prix public : 6,60 €
Sombre dimanche chez les Mandy
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Imre ne rime pas forcément avec émir.
Certes, en Hongrie, il y eut Imre Kertesz, génie littéraire, et avant lui Imre Nagy, figure de l’insurrection populaire, à ce titre parfois considéré comme un héros national.
Mais il faut aussi compter avec Imre Mandy, premier du nom et d’une longue lignée d’Imre Mandy (le prénom se transmettant de père en fils à l’aîné des garçons). L’aïeul a été le bâtisseur d’une petite maison, à l’origine isolée au milieu d’une clairière en périphérie du centre-ville de Budapest. Puis, au fil des générations, ce havre de paix s’est trouvé enclavé au « beau » milieu des voies de chemin de fer de la gare de Nyugati. C’est là qu’ont ensuite grandi Imre Mandy (le grand-père), Pàl (le père, seule exception à la règle des prénoms…) et Imre Mandy (fils de Pal et petit-fils d’Imre), héros du roman de la jeune auteure française, Alice Zeniter.
Extrait 1 : Pal et Agi ne voulaient pas entrer dans le monde des parlants. Ils préféraient leur silence.
Très rapidement, cela devint une habitude. Imre suivait les rails dans la nuit, à l’heure où plus aucun train ne passait, où il pouvait marcher sans peur. Et, arrivé près de la maison, il voyait les points rouges de deux cigarettes dans le jardin triangulaire.
Agi et Pal fumaient un paquet entier pendant la nuit, avant de trouver la force de regagner leur chambre. Ils regardaient devant eux dans le noir, sans jamais se confier ce qu’ils y voyaient.
Un héros élevé en plein joug communiste et qui voit arriver à l’aube de l’adolescence un champ de possibles nouveaux, une promesse d’espoir, de liberté et de lendemains qui chantent et fleurissent. Une promesse de voyage et d’inconnu(e)s.
Hélas, ces promesses et ces ardeurs se retrouvent rapidement rattrapées par la réalité de son quotidien et de son entourage. Tout espoir se mue alors en illusion, puis en désillusion. L’immobilisme et le fatalisme règnent dans le jardin triangulaire des Mandy. Et rien ni personne ne semble pouvoir contrecarrer les plans d’un implacable destin ni la fatalité dans laquelle semblent se complaire les membres de cette famille.
Extrait 2 : L’étroitesse de la maison au bord des rails rendait l’adolescence d’Imre encore plus difficile. Il avait toujours l’impression de buter sur un membre de sa famille quoi qu’il fasse. Il avait des lubies de réorganisation, espérant établir des barrages entre son espace personnel et le reste du monde.
Justement récompensé par le Prix de la Closerie des Lilas (Arkult avait assisté à cette belle consécration) puis par le Prix du Livre Inter en 2013, « Sombre Dimanche » est une plongée dans la complexité et l’insignifiance de la vie humaine. La mort rôde, sournoise et prévisible, au détour des chapitres, et avec elle les douloureux secrets de famille, les déceptions amoureuses, les désillusions amicales. Dans un cadre propice à l’espoir de renouveau qu’est celui du Budapest libéré et qui cherche à se réinventer, Alice Zeniter nous rappelle à la triste amertume de la réalité. Avec son écriture directe, efficace, elle ne laisse pour ses personnages, aucune place à l’hésitation, ni pour son lecteur à l’ennui.
Pratique :
Sombre Dimanche, d’Alice Zeniter
Ed. Albin Michel
Format : 205 mm x 140 mm
288 pages
EAN13 : 9782226245175
Prix : 19.00 €
Vous pourrez bien sur vous procurer ce livre dans une de nos librairies coups de coeur, l’Ouvre Boîte.
Entretien (au poil) avec un vampire de la littérature
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Robert Langdon embarqué malgré lui dans une course contre la montre afin de déchiffrer un code, poursuivi par une organisation secrète à travers une ville musée, accompagné d’une ravissante jeune femme.
Du déjà lu ?
Improbable entretien :
Assis là en lisant les dernières pages d’INFERNO, le dernier roman de Dan Brown, dans mon institut de beauté préféré j’attends pour mon épilation du… (enfin bon peu importe). Un homme me regarde fixement (oui, je suis d’accord, il y a beaucoup trop d’hommes dans cet institut) et m’adresse la parole :
– Hey I’m Dan Brown and I’ve written this book.
(Hey je suis Dan Brown et j’ai écrit ce livre)
La suite du récit sera intégralement en français !
– Bonjour, lui répondis-je, je suis Olivier et je viens me faire épiler le… enfin bon peu importe.
– Puis-je vous demander ce que vous avez pensé de mon dernier roman ? Soyez sincère !
– Dan, on peut se tutoyer ?
– Oui, bien sûr…
(Tout comme je me l’étais promis après mon avant-dernière cuite : « pluuuuus jamais !» mais voilà j’ai replongé dans ses pages)
– Dan ! Dan ! Mon Dany ! Tu ne pouvais pas le laisser un peu tranquille le Robert ! Ce n’était pas assez de l’avoir fait courir dans tout Rome, lui faire visiter Paris et Washington au pas de course, le fâcher avec l’église et les Francs-maçons. Il a fallu que tu entraînes le plus célèbre symbologiste du monde, accablé d’une amnésie partielle que l’on espère passagère, à Florence, Venise, et Istanbul, en avion, qui plus est, pourtant tu sais qu’il n’aime pas l’avion le Robert ! Tu lui assènes tes coups de théâtre, mais tel un vieux ballon dégonflé cela ne rebondit plus comme avant. Oui, cela fait de magnifiques cartes postales et tu restes un incroyable guide culturel, tu aurais même pu sous-titrer ton roman « Les musées de la Renaissance pour les Nuls ».
Cette fois, t’as pas lésiné : fin du monde, virus, manipulations génétiques, gros bateau et méchants très très méchants (Ron Howard va exploser son budget prod.) ! Certes c’est dans les vieux pots… mais du pot, le Robert, il n’en a pas. Il a la loose attitude tout de même, il ramasse grave, reconnais-le ! Bon ok, une fois de plus, tu le flanques de la belle intello du coin qui tombera forcément amoureuse du beau Robert en costume Armani (exit la veste en tweed), à l’instar de Sophie (Da Vinci Code) elle martèle, mais se marre-t-elle ? Est-elle mortelle ou mord-elle ? Je la cite :
«Tueriez-vous la moitié de population pour empêcher l’extinction de l’espèce humaine ? »
Voilà, ça y est, tu fais la moue, ne le prends pas mal, j’ai même apprécié la présentation : La divine Comédie de Dante Alighieri cité au moins 120 fois, quel enfer (pardonne-moi) ! Sur fond de surpopulation mondiale ; ça c’est une idée ! Alors que tout le monde s’acharne à sauver les bébés dauphins ou les grenouilles sauvages de Nouvelle Guinée toi, tu nous expliques gentiment que l’on est trop nombreux sur Terre et qu’il faudrait voir à en éliminer certains, la moitié en fait, au bas mot, et si possible les plus mauvais.
Ton style est fluide à l’excès, telle une grenadine trop sucrée : c’est agréable mais on a envie de vite boire autre chose derrière.
Voilà, je t’ai tout dit, et pourtant je dois l’avouer, à peine refermé j’ai déjà hâte d’ouvrir ton prochain livre, mais pitié, la prochaine fois, laisse les gondoles à Venise et Robert… à la maison.
– Hey ! mais justement le prochain sera une aventure totalement différente : un professeur en symbologie se réveille dans une chambre d’hôtel…
– Dan ! Dan !
– But what ?
– Non, rien mais la cire est chaude.
Extrait 2 : « Langdon se sentait nauséeux. La seule personne en qui il avait eu confiance, dans cet imbroglio, était Sienna. Et tout était faux ? Non, il ne pouvait croire que la jeune femme voulait, comme Zobrist, répandre une maladie mortelle sur la planète. »
Informations :
INFERNO – Dan BROWN
Editions : JC Lattès
Collection : Thrillers
Date de Parution : 05/2013
Code EAN/ISBN : 9782709643740
Prix public : 22,90€
Mélodie pour une insomnie – la Norvège l’autre pays du Polar
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Jusqu’où irions-nous pour retrouver le sommeil ? Pour son deuxième livre, le norvégien Jorgan Brekke répond à cette question d’une manière personnelle et pour le moins …. Tranchante.
Déjà au titre, nous savons que la nuit qui va suivre la lecture de ce livre sera agitée. L’insomnie chronique, la fatigue, l’épuisement que rien ne peut soulager, si ce n’est une berceuse composée en 1767 qui, en l’écoutant, redonnerait un sommeil « éternel ». Peu banal !
On est bien loin de « La belle au bois dormant », et si pour Charles Perrault ou les frères Grimm un baiser suffit à réveiller la princesse, pour Brekke le scalpel est un outil bien plus efficace pour endormir. En effet, afin de pouvoir retomber dans le bras de Morphée au bruit du marchand de sable, le tueur déroule sa partition employant toutes les ficelles du parfait tueur en série : tromperies, séquestrations, tortures morales et physiques (tiens je bave !) le tout avec l’allure de « monsieur tout le monde ».
Jorgen Brekke est un mélomane du crime, usant de toutes les ruses du polar sans tomber dans l’excès : un flic abîmé par le temps se remettant difficilement d’une grave maladie, passionné par son boulot et des victimes innocentes seulement coupables de posséder le don du chant. Une intrigue d’une extrême habilité, rendu encore plus percutante par une seconde enquête sur le meurtre d’un troubadour menée en 1767, genèse des crimes. Le style est fluide et adroit. On a plaisir à enchainer les paragraphes alternant passé et présent, Jorgen Brekke s’amuse à jongler entre les époques et nous avec. La conclusion du livre ne laisse aucun doute sur une future suite…attendue.
Si ce thriller était une couleur ce serait le rouge, s’il était une symphonie, Jorgen Brekke en serait le chef d’orchestre, et le tueur : son premier violon.
Extrait : « – Elle est sur la table d’autopsie depuis moins de trois heures. Nous sommes des scientifiques, pas des magiciens. Si tu veux des réponses plus simples que celles que nous pouvons t’apporter, je te suggère de te mettre à lire des romans policiers […] »
Informations : Mélodie pour une insomnie – Jorgen Brekke
Traduit du norvégien par Carine Bruy
394 pages
Editeur : Balland (avril 2013)
ISBN : 978-2-35315-169-1
Sans visage – Chronique de l’horreur peu ordinaire
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Un thriller qui nous vient du froid et interroge sur notre société contemporaine. Par l’intermédiaire des yeux d’une étrangère émigrée à Londres (Lia Palaja), Pekka Hiltunen nous fait réfléchir sur les mutations en cours au sein de nos sociétés occidentales.
La montée en flèche de violences toujours plus sordides, la prise de conscience et l’engagement citoyen, la crise de confiance croissante envers les institutions et administrations, police en tête.
Deux événement déclencheurs de toute l’histoire.
Le premier : une découverte macabre à l’arrière d’un coffre de voiture. Des restes humains, oeuvre d’un passage acharné d’un rouleau compresseur de chantier, déposés aux yeux de tous en plein coeur de la City. Voilà pour l’origine du mal.
Le second : la rencontre entre deux Finlandaises en terre étrangère (Lia et Mari), qui dès les premiers instants, comprennent qu’elles ont une histoire à écrire et vivre ensemble. Voilà pour l’origine du bien.
Vision quelque peu manichéenne qui va toutefois se voir nuancée au fil du récit.
Ce thriller, premier d’une trilogie londonienne, est un manifeste non dissimulé pour un certain féminisme, en guerre active contre la prostitution et les violences faites aux femmes. Un combat fortement teinté d’engagement politique, pour prévenir notre société moderne des dérives que peut engendrer la tentation de se rallier aux extrêmes. Notamment au regard de l’immigration et des débats publics que l’on connaît actuellement dans de nombreux pays européens.
« Sans Visage » peut se lire comme une ode au multiculturalisme. Au coeur d’un Londres composé de populations de tous horizons (est-ce qu’il le restera ? Les débats en cours en Grande-Bretagne pourraient modifier la donne). Avec deux héroïnes finlandaises. Et des personnages venus d’Europe de l’Est. Quel destin pour ces émigrés, en quête d’un nouvel avenir ?
Des ingrédients assez basiques finalement dans la littérature, mais qui font mouche sous la plume du finlandais Pekka Hiltunen. Sans doute grâce aux personnalités fortes des différents personnages, Lia et Mari en tête, et au rythme haletant du récit. Malgré certaines invraisemblances ou « heureux hasards » dirons-nous, « Sans Visage » ne vous laissera de répit qu’une fois achevé. Impossible de s’y soustraire en cours de lecture …
Extrait :
La panique se propagea dans la rue. Elle se répandit sur les visages des passants et dans leurs gestes inquiets.
Encore écrasée par la torpeur matinale, Lia fixa la scène à travers la vitre du bus. Tous les passants arboraient soudain la même expression, comme une grimace provoquée par une terrible nausée.
On était début avril. Lia se rendait à son travail. C’était une cérémonie de soumission quotidienne, une heure en offrande au flux de la circulation qui traversait cette ville trop grande et trop remplie. Pour Lia, vivre à Londres signifiait vivre collée à d’autres personnes, un abandon constant de son propre espace vital au profit des autres.
Ce matin-là, dans la rue Holborn, peu avant le terminus de la rue Stonecutter, elle vit quelque chose qu’elle n’avait jamais aperçu auparavant.
L’instant avant la catastrophe. C’est à ça que ça ressemble.
Une voiture était garée sur le trottoir et une foule se pressait tout autour. Là se trouvait la source de la peur, le point zéro d’où la panique se propageait.
La voiture était une grosse Volvo blanche, garée en travers du passage piétons, comme abandonnée là en urgence. On n’apercevait personne à l’intérieur du véhicule mais le coffre était grand ouvert. Les passants le montraient du doigt, et ils étaient de plus en plus nombreux à ralentir le pas et à s’arrêter.
Dès qu’une personne s’approchait suffisamment pour voir à l’intérieur du coffre, son expression changeait. La grimace.
Quel qu’ait été le contenu, il les pétrifiait tous, comme s’ils recevaient un coup en pleine figure. Beaucoup se dépêchaient de s’éloigner.
Pourtant, la foule continua à s’amasser sur les lieux.
Par la porte ouverte du bus, Lia entendit les exclamations des passants. C’étaient des phrases angoissées, hachées, elle n’arrivait pas à savoir ce qui s’était passé. Un homme appelait un numéro d’urgence avec son portable. Une dame âgée avait fermé les yeux et répétait : «Mon Dieu. Mon Dieu.»
Lia se mit debout pour voir ce qui se passait sur le trottoir, mais à l’instant même le bus démarra et les portes se fermèrent. Le chauffeur appuya sur l’accélérateur pour se réinsérer dans la circulation. L’instant d’après, Lia fut projetée contre le siège devant elle, puis rebondit sur son propre siège. Le chauffeur avait pilé pour ne pas entrer en collision avec deux véhicules qui étaient venus se garer devant lui.
Le premier était une voiture de police. Ce n’est qu’en voyant le gyrophare clignoter sur le toit, même une fois la voiture arrêtée, que Lia fit le lien avec la sirène assourdissante qu’elle entendait en fond sonore. Le second véhicule qui s’était frayé un passage était une camionnette d’une chaîne télé, flanquée du logo d’ITV News.
Le bus repartit. Lia ne pouvait plus apercevoir l’intérieur de la Volvo d’aussi loin. En un instant, la scène étrange fut derrière elle.
Pratique :
Sans Visage – Pekka Hiltunen
Titre original : Vilpittömästi sinun
Traduction française : Taina Tervonen
448 pages
Editeur : BALLAND (5 avril 2013)
Langue : Français
ISBN : 978-2353151671
In Nomine Fratris – Au nom du frère …
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« In Nomine Fratris » est le 3e ouvrage de Michel MALAUSSENA. Après « Animatueurs » (1) , véritable pavé dans la mare infestée de crocodiles du petit écran, puis « Et Pourquoi pas Hollywood ? » (2), il signe ici un roman prenant combinant fiction et éléments du réel.
S’appropriant l’exercice de style qui voit se mêler et s’interposer deux récits en apparence sans rapport, il mène d’une plume adroite et puissante le déroulement d’un mystérieux fil d’Ariane.
D’une part, des documents on ne peut plus formels : procès-verbaux de gardes à vue, rapports d’auditions de témoins, dépositions en tous genres, autour d’un étrange accident nocturne.
De l’autre, des récits de jeunesse, souvenirs d’une enfance bercée par la sécurité d’une famille aimante, guidée par des valeurs fortes.
J’en veux pour preuve ces deux courts extraits :
Extrait 1 :
« Question : Votre mari était-il sujet à malaise ?
Réponse : Jamais depuis que le connais.
Question : A votre avis, pourquoi votre mari a-t-il abandonné Madame Annezer ?
Réponse : Je ne puis vous répondre.
Question : Désirez-vous allez voir votre mari à la morgue ?
Réponse : (n’a pas répondu) »
Extrait 2 :
« – L’église ? Ça va pas bien ou quoi ?
Mais notre mère a insisté dans l’intention de normaliser les rapports père-fils.
– Comment veux-tu qu’il considère un mariage hors de l’Eglise ? … Comme une provocation supplémentaire ?
Lorsqu’il a compris que son père apprécierait l’effort et trouverait là l’occasion de recoller les morceaux, mon frère s’est résigné.
– Après tout, c’est un effort dérisoire, tu as raison, autant ne pas gâcher la fête, je n’en suis plus là.
Il est de ces gestes auxquels le plus obtus des parents ne peut rester insensible. Après trois ans de brouille, la concorde était donc en route. »
Ces routes, en apparence parallèles, finirent néanmoins par trouver un point d’ancrage. Une rencontre qui bouleverse le cours d’existences paisibles.
Michel MALAUSSENA réussit là un véritable tour de force. A la froideur des documents judiciaires, il oppose la chaleur de l’amour filial et fraternel. A l’impersonnalité des échanges administratifs, il oppose l’inébranlable des sentiments humains. A l’injustice orchestrée par les instances d’un Etat dépassé par les événements, il dresse la soif de justice d’une famille désemparée et accablée par le malheur.
Pratique
Broché: 280 pages Editeur : BALLAND (7 mars 2013)
Collection : LITTERATURE
Langue : Français
ISBN : 978-2353151950
Notes : (1) : Animatueurs – Ed. Jean-Claude Gawsewitch Editeur, 2008 (2) : Et pourquoi pas Hollywood – Ed. Jean-Claude Gawsewitch Editeur, 2009