À mon âge, je me cache encore…
Un hammam à Alger. Neuf femmes s'y retrouvent pour la toilette rituelle, mais surtout, pour parler. Échanger leurs peurs, leurs rêves, leurs fantasmes, leurs limites. Celles qu'on leur impose et qu'elles choisissent inconsciemment de faire leurs ou de rejeter. Évoquer leur quotidien envahi par les hommes… Doux, aimants, brutes, jaloux, absents, violents.
À mon âge, je me cache encore pour fumer est de nouveau à l'affiche de la Maison des Métallos. Cette première pièce écrite en français par la comédienne et metteur en scène algérienne Rayhana répond avec humour, force et finesse à l'oppression, la violence et le fanatisme.
Dans l'atmosphère embuée et vaporeuse du hammam, les confidences des actrices issues de tous horizons dessinent un portrait bouleversant et juste de l'Algérie des années 1990. Une Algérie à peine assoupie qui s'est réveillée soudainement en décembre dernier, à Paris lors des premières représentations de la pièce. Rayhana fut aspergée d'essence sur le chemin qui la mène à la Maison des Métallos. Tentative avortée, la cigarette lancée n'a pas pris feu. Le corps de la femme, à travers celui de Rayhana, continue de résister. Résister par l'humour pour supporter l'affreux. Résister par la confession pour transcender la douleur. Résister par le théâtre pour dénoncer.
La mise en scène épurée signée Fabian Chapuis joue d'un intimisme habile qui refuse de faire le spectateur voyeur. Nous plongeant sans mal dans l'univers féminin mis à nu. Au langage cru, aux émotions tendres, aux révoltes sanguines, toujours dans le respect et l'amour de cette altérité féminine.
Sans fard, ces neufs personnalités toutes aussi différentes nous offrent des performances étonnantes, notamment, et de loin la meilleure, celle de Linda Chaïb qui interprète Samia, jeune naïve, unique rêveuse survivante nourrie d'illusions que l'amour et l'espoir n'ont pas encore tuée. Pas encore…
Jusqu'au 29 janvier à la Maison des Métallos, 11ème.