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« Les élans ne sont pas toujours des animaux faciles » : trio explosif au Lucernaire

Photo : Franck Harscouët
Photo : Franck Harscouët

Dans un genre de salon de jazz qui plonge le spectateur dans une atmosphère cosy et feutrée, fauteuils en cuir et instruments de musique laissés ça-et-là, un trio sérieusement déjanté s’empare de l’espace et des textes de Frédéric Rose et Vincent Jaspard dans une mise en scène signée Laurent Serrano. Entre sketchs drôles ou questions sérieuses sur la vie portés pas un univers poétique, de bout en bout le spectacle est cocasse, loufoque et hilarant.

Alternant entre des moments chantés en chœur et vives discussions entre amis, les trois hommes, Jean-Edouard, Jean-Christophe et Jean-Marc, n’ont de cesse de faire de situations banales des moments fantaisistes, à tel point que les dialogues semblent avoir été créés lors d’un cadavre exquis, sinon d’après un recueil de poèmes de Prévert. Des malheurs de l’ex-compagne de l’un à la certitude d’un autre d’avoir croisé Verlaine assis devant chez lui, tout s’enchaine sans temps mort et avec beaucoup de dynamisme. En costumes et toujours un verre d’alcool à la main, tout ce qui est promesse de sérieux et d’élégance s’envole vers l’absurdité lorsque l’un propose aux autres de leur vendre son bout d’arc-en-ciel, ou qu’un autre soutient que les lampadaires sont des dromadaires morts. Avec sincérité, une impression de spontanéité et de facilité déconcertante, les comédiens nous livrent un spectacle aussi drôle que touchant. Une scène muette en particulier marque les esprits quand seulement avec la contorsion de ses mains devenues petit couple d’amoureux, un des acteurs parvient à jouer plus d’attitudes amoureuses et de sentiments que les mots n’auraient pu en exprimer.

Touchante et poétique, l’histoire veut finalement que certains soient faits pour agir et d’autres pour commenter l’action, sur scène l’action est multiple, décalée, chantée, muette, jouée et commentée tout à la fois, avec un élan qui séduit.

Les élans ne sont pas toujours des animaux faciles, textes de Frédéric Rose et Vincent Jaspard, adaptation et mise en scène Jean Serrano, avec Pascal Neyron ou Laurent Prache, Emmanuel Quatra et Benoît Urbain. Jusqu’au 6 novembre au Lucernaire, 53, rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris, 01 45 44 57 34, durée 1h10, plus d’informations et réservations sur : http://www.lucernaire.fr/theatre/631-les-elans-ne-sont-pas-toujours-des-animaux-faciles-.html




À l’Athénée, on « Attend Godot » avec plaisir

reptions Godot

Après « En attendant Godot », à partir du 7 février la même équipe reprendra « Fin de partie » (toujours de Beckett). Les deux pièces partiront ensuite en tournée.

Pratique : Jusqu’au 27 janvier au théâtre de l’Athénée, Square de l’Opéra Louis-Jouvet, 7 rue Boudreau (75009, Paris).
Réservations par téléphone au 01 53 05 19 19 ou sur www.athenee-theatre.com.
Tarifs : entre 7 € et 32 €.

Durée : 2 h 10

Mise en scène : Bernard Lévy

Avec : Gilles  Arbona, Thierry  Bosc, Garlan  Le  Martelot, Georges Ser, Patrick  Zimmermann

Tournée (En attendant Godot) :

les 10 et 12 janvier 2013 à la Scène nationale de Sénart (77)
le 31 janvier 2013 au Salmanazar Théâtre Gabrielle Dorziat, Epernay (51)
les 14 et 15 mars 2013 au Théâtre-scène nationale de Narbonne, Narbonne (11)
les 19 et 20 mars 2013 à la Scène nationale d’Albi, Albi (81)
le 11 avril 2013 à l’ACB-scène nationale Bar-le-Duc, Bar-le-Duc (55)
le 19 avril 2013 au Théâtre de Suresnes Jean-Vilar, Suresnes (92)

 

 




Mercredi – Drôle d’animal ce pingouin – A. Kourkov

Kiev 1995, Victor Zolotarev est un vieux garçon solitaire, écrivain raté mais auteur à succès d’une étonnamment longue liste de nécrologies. Dans une Ukraine en faillite, il prend sous sa responsabilité un bien étrange pensionnaire : Un pingouin nommé Micha. L’animal venu du froid ne tardera guère a déprimer sec dans l’appartement sombre et contigu de son naïf propriétaire. Le tableau semble morne et bien triste mais il n’en est rien. De l’absurde, de la dérision, du décalé, voilà ce que nous offre Andreï Kourkov, sur fond de nostalgie de l’URSS et d’intrigue mafieuse.

On pressent dès les premières pages qu’il y a anguille sous roche. Les énigmatiques nouveaux amis de Victor sont bien louches. Ces nécros appelées « petites croix » le sont terriblement elles aussi.

Cependant on poursuit l’aventure dans la nébuleuse de Victor avec délectation. Seuls témoins passifs d’une catastrophe climatique annoncée.

Emprunte d’une lenteur et enroulée dans une épaisse grisaille assez propre aux auteurs de l’Est, l’œuvre de Kourkov n’en est pas moins amère et désopilante.

Auteur Andreï Kourkov
Traduction Nathalie Amargier
Editeur Seuil