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« Trois Ruptures », comique par K.O.

Copyright : Larry Stokrat
Copyright : Larry Stokrat

La toute petite Comédie Tour-Eiffel est transformée en scène de crime – ou ring de boxe, c’est selon. Le public s’apprête à assister à un match en trois round, prenant la forme de trois ruptures entre un homme et une femme : à cause du chien, d’un coup de foudre pour un pompier ou bien pour subir chacun son tour le joug d’un enfant tyrannique.

Tout un programme dramatique qui, sous la plume de Rémi De Vos, recèle un fort potentiel comique. L’auteur révèle, dénonce, souligne le comportement humain déraisonnable face au point de rupture : la tentative désespérée de l’un ou l’autre pour garder celui qui part. L’attacher ? Lui promettre d’accepter n’importe quoi ? Ou bien subir l’évidence d’un amour qui n’est plus. Au final, toute l’absurdité qui jaillit pour tenter de venir apaiser une crise extrême.

De ce texte génial, Emilie Pierson et William Astre sont les interprètes justes et drôles. On ne partage aucunement la douleur des séparations, tant les situations et les personnages sont poussés à bout. On pense à la troisième rupture, où le couple en crise se comporte comme pris en otage par sa progéniture, et dans laquelle les deux acteurs semblent complètement effarés sur fond sonore de manga.

Si les enjeux de la mise en scène ne sont pas toujours très clairs, Trois Ruptures est un excellent spectacle qui sera prétexte à découvrir un lieu inattendu, dans un quartier qui ne frappe pas à l’esprit pour sortir au théâtre.

« Trois Ruptures » de Rémi De Vos. Mise en scène de Sylvain Martin, actuellement à la Comédie Tour-Eiffel, 14 rue Desaix, 75015, Paris, mercredi et jeudi à 21h. Durée : 1h. Plus d’informations et réservations sur craccoyer.free.fr.




Printemps des Comédiens – Slava's Snowshow

Slava Polunin est habituellement un maître en matière de merveilleux. Il s’est illustré avec des spectacles qui frisent souvent le sublime, notamment dans sa collaboration avec le Cirque du Soleil pour Allegria. Aujourd’hui, son spectacle le Slava’s Snowshow a récolté les éloges d’un public conquis à chaque représentation depuis sa création en 1994..


Je ne suis pas d’accord.


Au commencement, Slava entre sur scène, corde à la main, tristesse lisible sur le visage. Effet de rire quand on se rend compte qu’à l’autre bout du fil, un autre clown est dans la même situation. Dès la première minute s’installe alors une chorégraphie clownesque qui sera le fil conducteur du spectacle. Entre le héros habillé en jaune et rouge et une bande de homeless men en manteaux verts, casqués d’un étrange bonnet qui selon l’angle serait avion miniature ou des oreilles de lapin blasé.


Les tableaux se succèdent et se ressemblent, nourris d’absurdes et d’autodérision trop calculée et prévisible, et ce malgré quelques passages où la lumière bleue baignant la scène plonge le spectateur dans une sorte de rêve éveillé, mais où il est impossible d’être dupe, même à 8 ans, ou sous LSD.


La bande-son fait se succéder Vangelis, Eric Sierra, Jorge Ben jusqu’au Boléro de Ravel qui sonne pour annoncer l’entracte après 30 minutes de spectacle. Inutile de chercher un sens, il n’y en a pas, c’est le but. Et je me pose malgré tout la question, pourquoi autour de moi les gens rient-ils et ont-ils l’air de se régaler à ce point ?


Un spectacle si simple, voire simpliste dans un décor de carton-pâte où les gags sont déjà vus cent fois. Le plus récurrent : envoyer à la figure des spectateurs cette fameuse neige constituée de bouts de papiers, puis arroser ces mêmes personnes. Ça fait énormément rire le public, même les concernés. La beauferie et les éclats de joie automatiques constituent l’ambiance. Le Slava’s Snowshow a su marier le taureau piscine et les concerts d’André Rieu. Après une heure de succession de tableaux, deux personnes sont sur scène, côte à côte, comme au début du spectacle, symbole parfait du show : rien n’avance, cette suite de postures ne mène nulle part.


Dans un final wagnérien où tout ce qui n’a pas été jeté de neige durant la représentation est propulsé à la tête du public avec un ventilateur géant, Slava nous a offert là un spectacle sans histoire et sans émotions, saupoudré d’une poésie de Franprix.


Informations pratiques :

www.slavasnowshow.com