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Collaboration – Pour le meilleur et pendant le pire

Art, guerre, amitié
Trois mots qui forment des combinaisons bien aléatoires.

Il y avait eu « Inconnu à cette adresse« , où l’espoir avait laissé la place à la faiblesse devant l’appât du pouvoir, et où l’amitié n’avait tenu tête que quelques mois face à la puissance dévastatrice d’une idéologie radicale.

« Collaboration » redore quelque peu le tableau de la nature humaine, en mettant en lumière un épisode méconnu de la vie de deux immenses artistes du XXe siècle : Richard Strauss et Stefan Zweig. L’Allemand et l’Autrichien. Le compositeur et l’écrivain. Deux génies.

Deux génies qui se respectent et qui pourtant se découvrent et se dévoilent au fil des contacts qu’ils entretiennent pour la création de l’opéra-bouffe « La Femme silencieuse » (première en 1935).
Deux génies que le monde en devenir en 1932 aurait pu opposer, et qui, malgré tout, les a rapprochés jusqu’à les tuer, physiquement ou moralement.

Car Stefan Zweig était juif.
Car Richard Strauss ne se refusait pas à cotoyer les hauts dignitaires nazis.

Deux génies qui reprennent corps et vie au Théâtre de la Madeleine, sous les traits de deux monstres du théâtre français : Michel Aumont (Richard Strauss) et Didier Sandre (Stefan Zweig). Parfaits dans leur personnage comme dans leur jeu, ils évoluent naturellement à travers les années et les sentiments, toujours accompagnés et soutenus par une présence féminine à leurs côtés. Pauline Strauss (exceptionnelle Christiane Cohendy), qui emporte toute la salle avec elle dans ses coups d’éclats ménagers face à la « peste brune », ne se laissant pas le moins du monde démonter devant l’uniforme et la menace, et Charlotte Altmann (touchante Stéphanie Pasquet).

Les tableaux se succèdent, les années s’écoulent, l’amitié demeure, le public jubile, et l’art en profite.

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Pratique : Actuellement au théâtre de la Madeleine, 19 Rue de Surène (8e arrondissement, Paris)
Réservations par téléphone au 01 42 65 07 09 ou sur www.theatremadeleine.com

20h30 du mardi au samedi, 17h00 le samedi et le dimanche

Tarifs : entre 20 € et 58 €

Durée : 2 h 00

Une pièce de Ronald Harwood

Texte français : Dominique Hollier
Mise en scène : Georges Werler

Avec :
 Michel Aumont, Didier Sandre, Christiane Cohendy, Stéphanie Pasquet, Patrick Payet, Eric Verdin, Armand Eloi

Décors
 : Agostino Pace
Lumières : Jacques Puisais
Costumes : Pascale Bordet
Conception sonore : Jean-Pierre Prevost

 




Jeunes et cons : du Punk Rock au Théâtre 14

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Sur scène des jeunes, des uniformes scolaires, des cahiers, une bibliothèque et des sonneries marquant début et fin des cours. En quelques bavardages on est dans le bain : nous voici de retour au lycée. Un lycée anglais mais un lycée comme les autres.

Adaptation de la pièce dramatique de l’auteur britannique prometteur Simon Stephens. Au cœur de leur débat sans jamais être énoncé clairement il y a la découverte de l’autre et de soi, la crainte du futur, le besoin d’amour… Un huis-clôt dans la bibliothèque du lycée Stockport en Grande-Bretagne où William et ses camarades préparent leurs examens d’entrée à l’Université.

Entrecoupé de morceaux punk-rock et de stroboscopes à gogo, l’enchaînement des scénettes nous fait ressentir le malaise latent qui grandit entre ces élèves aux caractères bien trempés.
Vous n’êtes pas devant un épisode d' »Hélène et les Garçons ».
Dans cette pièce de Stephens, on est d’avantage dans l’esprit d’un « Péril Jeune » (1).
Mal dans leur pompes, ces héros de la puberté le sont et ça se sent. Comme cette légère odeur de poudre que l’on peut sentir avant une explosion inévitable.

L’interprétation de ces 8 grands ados sonne juste. La mise en scène est efficace et chorégraphiée simplement par un écran placé au dessus de la scène et indiquant l’évolution dans le temps de la date et de l’heure .
Même si la violence fait partie de notre quotidien, son escalade dans la pièce est un peu rapide pour être parfaitement réaliste.
Car ne vous fiez pas à l’affiche : tout n’est pas rose, le héros n’est pas Billy Elliot (2) et ça ne finira pas en chanson.

C’est davantage entre Le Cercle des Poètes Disparus(3) et Sex Intentions (4) que la pièce réussit un grand écart.
Provoc’, certes mais pas que. La réflexion transgénérationnelle ne paraît pas inutile, lorsqu’on a eu connaissance des évènements de Concordia, Columbine, Virginia Tech ou Aurora.
Il n’est pas ici fait référence à l’excellence académique de ces campus américains mais bien à l’usage de la force réalisé par certain des élèves à l’encontre de leurs camarades.

Pour paraphraser les Nèg’ Marrons (5) « La routine quotidienne met les jeunes sous pression ». « Y a-t-il une solution pour calmer la tension, avant l´hémorragie interne avant l´auto-destruction? »

Le débat est dignement ouvert par cette pièce perturbante dont vous ressortirez chamboulés.

Bande Annonce
http://theatre14.fr/saison/spectacle/punk-rock/bande-annonce

Notes :

(titre) Jeunes et cons, titre de Saez sorti sur l’album Jours Etranges en 1999
(1) Le Péril Jeune, film français réalisé par Cédric Klapisch sorti en 1994
(2) Billy Elliot, film dramatique anglais réalisé par réalisé par Stephen Daldry en 2000
(3) Le Cercle des Poètes Disparus, film américain de Peter Weir, sorti en 1989
(4) Sexe Intention, film américain de Roger Kumble sorti en 1999, inspiré de l’oeuvre de Laclos, Les liaisons dangereuses
(5) Extrait de la chanson des Nèg’ Marrons, « Ca dégènère » sortie en 2000 sur l’album Le Bilan

 

Pratique : Mardi, vendredi et samedi à 20 h 30. Mercredi et jeudi à 19 h. Matinée le samedi à 16 h. Jusqu’au 23 Février au théâtre 14, 20 avenue Marc Sangnier (14e arrondissement, Paris) – Réservations par téléphone au 01 45 45 49 77. Informations complémentaires sur theatre14.fr
Tarifs : entre 11 € et 25 €

Durée : 1 h 40

Texte : Simon STEPHENS

Adaptation française : Dominique HOLLIER et Adelaïde PRALON

Mise en scène : Tanya LOPERT

Avec : Aurélie AUGIER (Docteur Harvey), Alice de LA BAUME (Tanya Gleason), Issame CHAYLE (Bennett Francis), Clovis GUERRIN (Chadwick Meade), Roman KANÉ (William Carlisle), Mathilde ORTSCHEIDT (Lily Chill), Laurent PRACHE (Nicholas Chatman), Alice SARFATI (Cissy Francks).

Merci à Flo, de m’avoir accompagné pour cette soirée au Théâtre 14.