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Dénommé Gospodin … P. Löhle nous propose une évasion !

Au commencement, il y eut le lama.
Greenpeace. La télévision. L’ampli stéréo. Les amis. L’enterrement. La femme. Le travail. L’argent. La famille. L’argent. Le crime. L’argent. L’argent. L’argent.

Tous ces éléments du quotidien des « petits-bourgeois ». Toutes ces charges dont il semble nécessaire de se défaire pour revenir à la vie, et lui redonner sens. Dresser un dogme initiatique entre l’homme et le monde qui l’entoure. Ses aspirations et la société. Sa conception et la réalité de ceux qu’il côtoie. Éternelle contradiction des points de vue. Le dénuement matériel au profit de la richesse spirituelle. Descente aux enfers qui s’apparente à une montée en grâce.

Gospodin chemine à travers cette société moderne en véritable électron voulant devenir libre. Et nous pose ainsi devant la réalité de nos choix de vie, devant les valeurs qui la dominent.

Quel avenir pour la propriété ?
Quel sens à l’argent ?
Quelle réalité derrière la décision ?
Quelles possibilités de fuite ?

Arrivé le dénouement, toute la pièce prend un nouvel éclairage, un second sens, un second souffle. Génie de l’écriture, force et maîtrise de la mise en scène. Philipp Löhle et Benoît Lambert emmènent le spectateur dans une introspection difficilement manichéenne.

Telle une curiosité que l’on suivrait dans ses déambulations quotidiennes, Gospodin est un anti-héros des temps modernes, transcendé par l’époustouflant Christophe Brault. Cette bête de foire dont l’univers se résume aux personnages alternativement incarnés par Chloé Réjon et Emmanuel Vérité, également présentateurs et narrateurs de cette fable d’anticipation, qui n’est pas sans évoquer « The Truman Show ».

Programmé au Théâtre National de la Colline, cette création du Théâtre Dijon Bourgogne (dirigé également par Benoît Lambert) est à découvrir avant le 15 juin ! Dépêchez-vous, les places s’arrachent devant le succès de la pièce …

 

denomme-gospodin

 

Pratique
Théâtre National de la Colline – Petit Théâtre – du 15 mai au 15 juin – www.colline.fr
Du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h et le dimanche à 16h
durée 1h30

Auteur : Philipp Löhle
Mise en scène : Benoît Lambert
Avec : Christophe Brault, Chloé Réjon, Emmanuel Vérité

 




À mon âge, je me cache encore…


Un hammam à Alger. Neuf femmes s'y retrouvent  pour la toilette rituelle, mais surtout, pour parler. Échanger leurs peurs, leurs rêves, leurs fantasmes, leurs limites. Celles qu'on leur impose et qu'elles choisissent inconsciemment de faire leurs ou de rejeter. Évoquer leur quotidien envahi par les hommes… Doux, aimants, brutes, jaloux, absents, violents.


À mon âge, je me cache encore pour fumer est de nouveau à l'affiche de la Maison des Métallos. Cette première pièce écrite en français par la comédienne et metteur en scène algérienne Rayhana répond avec humour, force et finesse à l'oppression, la violence et le fanatisme.


Dans l'atmosphère embuée et vaporeuse du hammam, les confidences des actrices issues de tous horizons dessinent un portrait bouleversant et juste de l'Algérie des années 1990. Une Algérie à peine assoupie qui s'est réveillée soudainement en décembre dernier, à Paris lors des premières représentations de la pièce. Rayhana fut aspergée d'essence sur le chemin qui la mène à la Maison des Métallos. Tentative avortée, la cigarette lancée n'a pas pris feu. Le corps de la femme, à travers celui de Rayhana, continue de résister. Résister par l'humour pour supporter l'affreux. Résister par la confession pour transcender la douleur. Résister par le théâtre pour dénoncer.


La mise en scène épurée signée Fabian Chapuis joue d'un intimisme habile qui refuse de faire le spectateur voyeur. Nous plongeant sans mal dans l'univers féminin mis à nu. Au langage cru, aux émotions tendres, aux révoltes sanguines, toujours dans le respect et l'amour de cette altérité féminine.


Sans fard, ces neufs personnalités toutes aussi différentes nous offrent des performances étonnantes, notamment, et de loin la meilleure, celle de Linda Chaïb qui interprète Samia, jeune naïve, unique rêveuse survivante nourrie d'illusions que l'amour et l'espoir n'ont pas encore tuée. Pas encore…


Jusqu'au 29 janvier à la Maison des Métallos, 11ème.