D’Amiens au Creusot, du Théâtre de la Ville à La Colline, la dernière semaine de théâtre de l’année (avant la trêve de Noël et son lot d’autres « spectacles ») a été riche en poésie.
Poésie shakespearienne avec Louise Moaty qui met en scène, à Amiens, une nouvelle version des « Sonnets ». Bien moins rock n roll que ceux de Norah Krief la saison dernière, cette version donne à voir une poésie picturale et lyrique agréable. Moaty, perchée sur une montagne de terre et accompagnée d’un luth, chante et déclame éclairée du minimum de lumière. Les mots résonnent comme les notes pour nous plonger dans un monde envoûtant d’amour et de tendresse.
Poésie technique avec le « Gulliver » conçu par Karim Bel Kacem, qui ouvre la programmation « Jeune public » de la Colline. Si l’histoire et la construction dramatique laissent à désirer, l’expérience « technique » mérite d’être vécue. Le public n’est pas face à une scène où se déroulerait le conte de Jonathan Swift, mais placé autour d’un cube de bois, la maison de Gulliver, de retour chez lui après 9 mois de retard. On assiste aux retrouvailles en espionnant par autant de fenêtres que de spectateurs et on entend grâce à des casques audio. La conception sonore est particulièrement travaillée : on a l’impression d’être dans les oreilles, pour ne pas dire la tête, du héros. Karim Bel Kacem s’illustre ici en utilisant des techniques du cinéma à la scène, et le résultat mérite d’être connu.
Poésie économique avec les Tréteaux de France où l’on (re)découvre Xavier Gallais dans un grand rôle. Avec « L’Avaleur », il est un trader cynique dans une esthétique « bande-dessinée » imaginée par Robin Rennucci. Cette adaptation d’un texte de Jerry Sterner est éloquente de vérité sur le monde moderne, elle raconte avec humour et gravité le démantèlement d’une entreprise saine pour le profit immédiat des actionnaires. On ne manquera pas de revoir le spectacle lors de son passage à la Maison des Métallos en février. Un seul regret : on ne pourra pas dîner après le spectacle Chez Shao, le « meilleur buffet asiatique de Saône-et-Loire » qui se trouve justement au Creusot et qui a aussi marqué ma soirée.
Enfin, poésie chorégraphique avec Bob Wilson et Mikhail Baryshnikov qui transforment l’Espace Pierre Cardin en scène off-Brodway. Ils y montrent « Letter to a man », d’après le Journal du danseur Nijinski. On regrette un peu l’esthétique désormais classique de Wilson qui rend le spectacle moins surprenant qu’il ne pourrait l’être. Mais Baryshnikov, a presque 70 ans, est encore un immense danseur et ce texte qui est écrit par un homme en train de devenir fou, est bouleversant.
Hadrien Volle
« Sonnets », du 27 au 29 janvier au Théâtre de Caen
« Gulliver », jusqu’au 30 décembre au Théâtre de La Colline
« L’Avaleur », du 31 janvier au 18 février à la Maison des Métallos
« Letter to a man », juqu’au 21 janvier à Théâtre de la Ville – Espace Cardin
Feuilleton théâtral : semaine n°45
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En cette semaine n° 45, William Shakespeare est (encore!) omniprésent : du Théâtre de l’Aquarium au Cent-Quatre, bien qu’il ne m’aie pas suscité la même exaltation partout…
Du côté de la Cartoucherie, on voit succéder à « Hamlet Transgression » – variation sans queue ni tête aux formes ringardes se déclarant actuelle – « Richard III, loyaulté me lie ». Ce dernier est une adaptation de Jean Lambert-wild qui a remporté un large succès critique, mais ne m’a pas convaincu tant je trouve que l’œuvre est débarrassée de sa noirceur. Devenu clown sur un stand de foire, dans une ambiance sucrée et colorée, Lambert-wild joue le rôle principal face à Élodie Bordas qui incarne tous les autres. Trucs et astuces amusent le spectateur et nous mènent loin de ce que j’aime chez Shakespeare, d’autant que la pièce a été brillamment montée ces dernières saisons par Thomas Jolly, mais aussi et surtout par Thomas Ostermeier.
Toujours pour Shakespeare, au Cent-Quatre, le collectif OS’O adapte Timon d’Athènes et Titus Andronicus. Ici aussi l’anglais est totalement débarrassé d’une quelconque fidélité au texte : les bordelais, vainqueurs de l’édition 2015 du Festival Impatience s’évertuent à extraire les enjeux principaux des deux pièces pour questionner le rapport de l’humain aux dettes, financières et morales : un spectacle actuel et prenant comme une série américaine.
D’autres collectifs se sont illustrés mercredi et jeudi. Les 11 acteurs, danseurs et musiciens qui entourent Dieudonné Niangouna au Théâtre Gérard Philipe dans une création ardue, « Nkenguegi », assurent le « show ». Mais ce mélange où se croisent le drame du Radeau de la Méduse – sans dire que les naufragés sont des colonisateurs au large des côtes du Sénégal – et le drame des migrants qui échouent en Méditerranée, est un patchwork de mots si confus qu’on est vite pris en otage par l’ennui. Du côté du Théâtre-Studio d’Alfortville, un autre collectif raconte la vie de Gorge Mastromas (de Dennis Kelly), mis en scène par Maïa Sandoz, le pari est réussi. On y voit Adèle Haenel, fondue dans la troupe qui l’a accompagnée depuis le début de sa carrière. Peut-être aurais-je attendu davantage d’une actrice césarisée ? Mais son attachement à être un composant de ce groupe est bien respectable.
Enfin, j’ai passé mon dimanche 13 novembre au Théâtre de l’Œuvre, en compagnie d’Isabelle Carré. Élégante, satisfaisant un public de matinée, elle joue un texte de Clémence Boulouque qui ne mérite aucun intérêt. Pas plus que le UBU Café nouvellement installé au sous-sol du théâtre et, si le personnel y est très souriant, est éclairé par une lumière si froide que l’on préfère la rigueur automnale de l’extérieur pour patienter.
Hadrien Volle
« Hamlet Transgression », jusqu’au 3 décembre au Théâtre de l’Aquarium
« Richard III, loyaulté me lie », jusqu’au 3 décembre au Théâtre de l’Aquarium
« Nkenguegi », jusqu’au 26 novembre au Théâtre Gérard Philipe, Saint-Denis
« L’Abattage rituel de Gorge Mastromas », jusqu’au 19 novembre au Théâtre Studio d’Alfortville
« Timon/Titus », jusqu’au 26 novembre au Cent-Quatre
« Le Sourire d’Audrey Hepburn », jusqu’au 8 janvier 2017, au Théâtre de l’Œuvre
« Desdémone, entre désir et désespoir » : qui veut enterrer Desdémone ?
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A l’Institut du Monde Arabe, Desdémone est morte une seconde fois, étouffée par les ambitions d’une exposition quelque peu désorganisée, et où la surenchère intellectuelle laisse place à un certain malaise. Comment a-t-on pu rendre une héroïne si pure et lumineuse, autant insipide ? Malheureusement, entre certains contre-sens face au texte de Shakespeare et rapprochements surfaits, « Desdémone, entre désir et désespoir » ne parvient pas à tenir ses promesses.
Mais pour comprendre sur quels éléments s’appuie cette exposition, revenons brièvement sur l’intrigue d’Othello. Desdémone, la fille du sénateur Brabantio, s’enfuit de son palais pour rejoindre celui qu’elle aime : le général Othello, dit le Maure. Ce dernier est accusé par Brabantio d’avoir séduit sa fille grâce à des sortilèges, insinuant ainsi l’idée fascinante d’un roi thaumaturge. Pourtant, Othello parvient à prouver avec l’aide de sa jeune épouse, qu’ils se sont mariés par amour et que le mariage n’a pas été consommé. Lavé de tous soupçons, il est réhabilité par le Doge de Venise qui lui demande d’aller secourir Chypre, alors menacée par l’invasion ottomane. Arrivés à destination, tous les protagonistes de l’histoire ont été dispersés par une violente tempête ; profitant de la situation, Iago, censé être au service du Maure, échafaude un plan pour le mener à sa perte. Il fait donc boire Cassio – le lieutenant d’Othello – et pousse Roderigo – un noble qui courtisait Desdémone – à aller le provoquer. Mais Cassio, totalement ivre, blesse malencontreusement le gouverneur de Chypre ; Othello est obligé de le sanctionner : le plan destructeur est en marche.
S’en suivra toute une série de manœuvres subtiles, où Iago insinuera la jalousie dans l’esprit d’Othello pour le manipuler ; car la jalousie, c’est le maître mot de l’intrigue, le poison amer qui se répand. Et c’est ainsi que, conseillé par Iago, Cassio tentera de faire changer Othello d’avis sur sa sanction, en demandant à Desdémone d’intercéder en sa faveur. Celle-ci, trop honnête, ne voit pas le piège s’ouvrir sous ses pieds : tous ses efforts pour aider Cassio, seront malheureusement interprétés comme des preuves de son adultère – que Iago s’est chargé de créer. Convaincu de la trahison et envahit par la colère, Othello jure de tuer son épouse. C’est finalement Emilia – dame de compagnie de Desdémone et femme de Iago, qui va comprendre que son mari est l’unique responsable de toute cette tragédie et le dénoncer. Othello, fou de chagrin d’avoir tué celle qu’il aimait par-dessus tout, se suicide par l’épée sur le corps de sa femme.
Mais que propose réellement ce parcours dédié à l’héroïne shakespearienne ? Il a pour vocation, selon le descriptif, de faire dialoguer des œuvres du XIXe au XXIe siècle, en lien avec la dramaturgie d’Othello – notamment le moment clef où l’on passe du désir au désespoir pour aboutir au meurtre. Ainsi, les deux commissaires – Marie Maertens et Edwart Vignot – expliquent que « Dans cette conversation, au-delà du thème classique de la jalousie d’Othello, l’exposition redonne une place forte au personnage de Desdémone, tour à tour aimante, maitresse, femme et victime, interrogeant par là-même le rôle qu’avait voulu lui confier Shakespeare. » L’idée est infiniment plaisante ; mais alors, où est donc passée Desdémone ?
Dès l’entrée, l’espace est sombre et l’éclairage quasi-inexistant, à l’exception de deux néons fluorescents qui captent étrangement l’attention. Si l’effet est au premier abord intrigant, on perçoit assez vite l’ambiguïté de cette muséographie aux murs bleus et orange qui agit malheureusement à contre-sens du drame de Shakespeare : car si le premier cartel explique que la toile Othello et Desdémone d’Eugène Delacroix et ses tonalités, évoquent une « Venise inconnue où se déroule la scène d’un drame baignée des couleurs du Titien », il est sans doute utile de rappeler qu’Othello ne se situe dans la ville des Doges que pour l’Acte premier, et que toute l’intrication du drame ne se déroule absolument pas à Venise. Mauvaise pioche donc, pour cette première justification incorrecte, mais qui ne sera malheureusement pas la dernière.
Point de départ de la réflexion que cette exposition entend porter, l’œuvre de Delacroix est présentée dès l’entrée. Emprisonnée par les néons de couleur précités, il est impossible de l’observer, de l’admirer ou d’en distinguer les personnages. Où est donc passée la tant attendue Desdémone qui devait faire l’objet d’un véritable hommage ? Et de l’œuvre originale, il ne reste rien qu’un halo de lumière criard et irritant. Quant à la suite du parcours, tout semble n’être que manipulation forcée : là, par l’intermédiaire d’une Odalisque sculptée vers 1940, une jeune fille est allongée sur un lit ? Aucun doute, il s’agit de Desdémone ! Ici, une femme est enlacée dans les bras d’un homme, nue entre des draps : ne serait-ce pas encore Desdémone ? Certes. Mais à prétendre la voir partout, elle finit inévitablement par n’être nulle part. A vouloir forcer le trait et persuader le visiteur que derrière chaque figure féminine se cache l’épouse déchue, on perd l’essence même du drame shakespearien. Car Desdémone n’est pas n’importe quelle femme : elle est – étymologiquement – l’infortunée, celle qui est née sous une « étoile fatale », comme le déclame Othello devant le corps sans vie de son épouse. Elle est aussi la femme lumineuse maudite par la main de son père, celle qui attire toutes les convoitises. Desdémone, c’est la pureté vaincue par le mensonge, la lumière engloutie par les ténèbres.
De plus, tandis que les commissaires ne s’embarrassent ni de chronologie, ni de classification stylistique ou thématique, il est d’autant plus difficile de trouver sa place ici : alors que certains y verront de l’esprit et de la créativité, d’autres n’y trouveront que désordre et méprise pour le texte d’Othello. Pour tenter de saisir le sens de ces accrochages, il faut alors s’interroger sur chaque œuvre, sur ses ascendances historiques et mythologiques, sur l’histoire complexe des protagonistes, sur le travail des artistes exposés et sur les messages qu’ils entendent faire passer dans leurs œuvres. Sur-intellectualisée, compliquée de manière outrancière, l’exposition devient poussive et semble se réjouir de nos interrogations dubitatives.
Alors, quand deux œuvres se détachent, sans contre-sens envers la pièce ou interprétation trompeuse, tout s’éclaire enfin : La femme étranglée de Pablo Picasso et celle de Paul Cézanne, servent ici agréablement le propos. De ces corps lourds et ces cous enserrés, émanent les dures paroles de Iago conseillant insidieusement Othello – avant qu’il n’étouffe Desdémone : « Ne vous servez pas de poison : étranglez-la plutôt dans son lit ; dans ce lit même qu’elle a souillé. » Alors, quand l’allusion est subtile et qu’elle fait sens, elle sonne divinement juste. Et le ravissement se poursuit avec les magnifiques esquisses dessinées et gravées par Théodore Chassériau. Bien mises en valeur et présentées dans l’intégralité du portfolio, elles méritent assurément que l’on s’attarde sur chaque détail et expression des personnages. Tour à tour, ce sont les moments clefs de l’intrigue qui se dessinent jusqu’à la mort inéluctable de Desdémone : amoureuse, infidèle présumée, funeste victime ; entre splendeur et cruauté, l’hommage de Chassériau ne pourrait pas être plus beau.
Puis, émerge une estampe au titre évocateur de l’artiste Felix Vallotton : L’assassinat. Présentée dans le contexte si ambigu et contestable de l’exposition, la présence de cette œuvre est aussi difficile à critiquer qu’à approuver. Alors, interprétation poussive ou coup de génie ? Une lecture de l’œuvre pour elle-même, c’est-à-dire émancipée de la trame tissée entre l’exposition et le texte de Shakespeare, tend à confirmer qu’elle convient au tragique retournement amoureux présent dans l’intrigue d’Othello. En effet, cette gravure datée de 1893 porte en elle une visée de satire sociale : alors que Vallotton se rapproche des mouvements anarchistes, son art se fait désormais vecteur d’une certaine imagerie de la violence et de critique envers l’univers politique.
Pour autant, Assassinat ne parle pas justement, de politique ; elle témoigne avant tout d’une animosité du quotidien, au sein d’un espace privé. Ce crime, c’est la marque d’un absolu : un acte qui pourrait se répéter en tout temps et tout lieu. Avec ce drame passionnel, l’artiste marque son intérêt pour la critique des mœurs qu’il traite ici dans une simplicité esthétique propre à rendre la scène encore plus brutale. Au fond, malgré l’absence de visage ou de sang, l’action est lisible pour celui qui la contemple et c’est sur cette universalité du thème que les commissaires d’exposition jouent assurément. Pourtant, c’est aussi ce parti-pris universaliste qui se révèle critiquable : si cette exposition prétend faire revivre la figure tragique de Desdémone, pourquoi lui donner un caractère si impersonnel ? Pourquoi donner à sa mort, la dimension d’un banal fait divers ? On aurait pu tout aussi bien, parler de la tragédie amoureuse sans prendre Desdémone en otage : ici, elle fait davantage figure de caution intellectuelle, bien plus que d’héroïne tragique.
Plus loin, une toile de Gustave Moreau peinte vers 1850 ; il s’agit de Trois têtes de chevaux, que les commissaires décrivent par ces mots : « Sont-ce ici trois étalons ? Ou deux se disputant la jument convoitée ? ». A ce stade, inutile de chercher où est donc cachée Desdémone, l’amante, l’infortunée, la victime ou autres dénominatifs alléchants annoncés par l’exposition, mais cependant absents de la réflexion. Non, nous n’en sommes plus là, puisqu’à la lecture de cette description qui rapproche les personnages de Shakespeare avec des chevaux, l’incompréhension atteint son apogée : depuis quand, compare-t-on une femme désirée, à une jument que deux mâles veulent saillir ? Outre cette question, l’explication révèle un contre-sens, ou du moins une interprétation grossière de la pièce : Iago ne se bat pas contre Othello de manière frontale ; au contraire, il est déloyal, malhonnête et élabore son plan en secret. Ainsi, Othello ne soupçonne rien de l’engrenage qui l’enserre alors que la jalousie lui étreint le cœur et l’esprit. Y aurait-il alors, d’autres combats entre Othello et d’autres protagonistes du drame, et qui justifierait cet accrochage de chevaux hallucinés ? Là encore, aucun affrontement direct n’est cité chez Shakespeare, du moins pas avant que Desdémone ne périsse ; car c’est sa mort qui sonne l’engrenage et l’aboutissement de tous les drames, non pas en tant qu’évènement déclencheur, mais bien dans la temporalité de la pièce – puisque chaque personnage en blesse ou en tue un autre à partir de ce moment-là.
Puis, comme un écho à l’œuvre précédente, une vidéo d’Emilie Pitoiset intitulée Othello défile à l’écran. Tournée en 2006, elle met en scène un cheval blanc – nommé Othello – en pleine séance de dressage ; ici, l’artiste ne se contente pas d’un fouet pour intimer ses ordres : elle utilise un pistolet pour soumettre l’animal, qui titube avant de s’écrouler au sol. Coutumière du fait, Emilie Pitoiset interroge souvent la figure animale à travers ses œuvres et propose une réflexion artistique empreinte d’une certaine violence. Avec Sleep Well en 2005, elle épingle un papillon vivant avec une petite pancarte « Do not disturb », exprimant par là même, son vif intérêt pour le milieu de la taxidermie, tout en cherchant à faire ressortir le caractère dérangeant d’une telle pratique. Mais avec Othello, le propos est totalement différent : « Le cheval est à la fois un outils pour l’homme et un symbole phallique d’une imagerie vaillante, puissante et conquérante. La situation qui s’opère entre nous [entre le cheval Othello et l’artiste] et ce que j’accentue par le ballet, prolonge le rapport au corps dans ses contraintes et ses limites. Othello est une vidéo performative, presque charnelle et érotique », commente-t-elle. Ici, elle joue sur l’imaginaire collectif du cheval blanc guerrier, accompagnant l’homme dans la bataille ; mais elle donne aussi à voir une mise à mort : un malaise latent et insidieux se dégage alors de cette vidéo, où l’humain soumet par la force celui qui fut son fidèle compagnon. Bien sûr, il faut voir au-delà de la violence évidente qu’impose la simple vision de l’arme : celle-ci n’a de sens concret que pour l’être humain.
Ainsi, quel est le – véritable – rapport avec le drame de Shakespeare ? Mis à part le nom du cheval, cette performance n’exprime en rien le sentiment de jalousie si important dans la trame dramatique d’Othello ; et la dompteuse ne peut prétendre incarner la figure de Desdémone, bien trop éloignée de sa pureté et de son statut victimaire. De plus, l’artiste met en évidence le caractère phallique de sa performance, par le biais du cheval comme symbole guerrier d’une part, mais aussi par l’arme à feu de l’autre. Pourtant, lorsque le Maure ôte la vie à son infortunée compagne, aucun substitut phallique n’intervient : pas d’arme à feu, pas de couteau, mais un oreiller pour l’étouffer. Doit-on chercher l’explication ailleurs ? Car Emilie Pitoiset nous l’avons dit, exprime une sorte de mise à mort, dans laquelle le cheval obéit aveuglément au révolver dont il ne peut saisir la signification. Ainsi, l’Othello de Shakespeare est lui aussi, soumis par le mensonge de Iago à qui il faisait pourtant confiance ; à l’instar du cheval, lui non plus ne comprend pas les manœuvres obscures destinées à le faire chuter. Est-ce là le sens que les commissaires ont souhaité donner à cet accrochage ? Quelques explications auraient été les bienvenues, car à vouloir chercher du sens à tout prix, il finit par s’épuiser dans des questionnements sans réponse.
Enfin, l’exposition se clôt sur une installation d’Erik Nussbicker créée en 2014, et intitulée Le « D » de Desdémone. Jouant sur la phonétique et la présence de la lettre « d » dans le prénom de l’héroïne, l’artiste tisse un lien subtil avec la pièce architecturale sculptée et ornant les autels qu’est le « dais ». Oscillant entre solennité et religiosité, lumière et noirceur, autant qu’entre la vie et la mort, Nussbicker élabore une œuvre puissante, intelligente, réflexive et d’une esthétique intrigante. Là, cachée derrière de longs voiles rouges, une taie d’oreiller elle aussi rougeoyante est disposée ; elle contient un crâne entouré d’une ribambelle de mouches sans vie qui évoquent une couronne mortuaire, celle de la défunte Desdémone. Tout ici suggère une prison : celle de la jalousie du Maure qui se referme sur son épouse, celle du piège fatal de Iago, mais aussi, celle de l’oreiller qui étouffe les derniers soupirs qui ne peuvent s’exprimer au dehors. En somme, une œuvre fascinante à l’image de la femme qu’elle célèbre.
Au fond, seules quelques œuvres dressent réellement de solides parallèles avec la figure de Desdémone, et non des ponts fabriqués de toutes pièces. Ainsi en est-il de l’Othello et Desdémone d’Emile Picault, des Etudes de babouches de Delacroix datées de 1833-1834 ou de cette Etude d’après nature : nu allongé sur un lit de Charles Nègre : ici, l’inversion chromatique en noir et blanc est véritablement convaincante, alors que la pâle Desdémone se pare de la noirceur du Maure. Le lien avec l’œuvre originale semble naturel et l’accrochage s’avère subtil et intelligent. Enfin, d’autres comme les splendides esquisses de Chassériau, sont un véritable ravissement tant leur présence révèle l’évidence.
Mais que dire de la toile de ce même artiste, Othello étouffe Desdémone, honteusement désavantagée par un éclairage dédaigneux qui rechigne à montrer le crime originel ? Il y a ici tant de volonté essoufflée à montrer des simulacres de morts et des ersatz de Desdémone, que le drame fondateur n’a plus qu’un aspect insignifiant. Sceptique, irrité et submergé d’incompréhension, on se demande parfois si cette exposition n’a pas souffert d’une lecture d’Othello en diagonale. Finalement, si le maître mot était « désespoir », jamais exposition n’aura aussi bien porté son nom.
« Desdémone, entre désir et désespoir » – L’exposition se tient jusqu’au 26 juillet 2015 à l’Institut du Monde Arabe,1, rue des Fossés-Saint-Bernard, 75005 Paris – Métro Jussieu (ligne 7). Plus d’informations sur www.imarabe.org
Avignon 2015 – Richard, ton univers impitoyable
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La pièce historique de Shakespeare nous guide dans le sillage de l’ascension au pouvoir du futur Richard III (Lars Eidinger). Ce fils du duc d’York, frère de Clarence et d’Edouard, sera le meurtrier indirect de toute sa famille pour assouvir sa soif de conquête. Richard est bossu, difforme des pieds à la tête, mais Dieu l’a fait charismatique et doué pour manipuler ses semblables. Dans des apartés nombreux, il établit avec la complicité du public un plan machiavélique pour arriver à ses fins.
Dans un décor baroque-industriel, Thomas Ostermeier place les acteurs de son Richard III très proche du public. Dans cette proximité ainsi créée, l’ambiance de groupe éclate, entre rock and roll et instants trash, les têtes tombent et la batterie fait vibrer les murs du théâtre. Tout cela est agrémenté de jets nombreux de confettis et autres serpentins, qui eux-mêmes semblent obéir à la baguette du maître de la Schaubühne.
Le dispositif et l’histoire complexe ne nous font perdre d’horizon à aucun moment que le théâtre d’Ostermeier est un théâtre d’acteurs. Tous jouent « vrai » et juste. Aucun personnage n’est indéfini, chaque caractère est unique et particulièrement humain. Lars Eidinger, dans le rôle principal, est un génie. Ses fins pour maintenir le public sous son emprise se révèleront plus payantes que celles pour se hisser sous la couronne d’Angleterre. Les références manipulatoires à la culture populaires achèvent de bâtir ce personnage hors norme : face à la difformité de Richard, on pensera au Keyser Söze interprété par Kevin Spacey, dans Usual Suspects. Lors des funérailles d’Edouard, on entend quelques notes des Funeral of Queen Mary de Purcell, popularisées par le film OrangeMécanique de Stanley Kubrick, où un autre héros maîtrise et dirige sa folie pour assouvir ses désirs les plus vils.
« Richard III », de William Shakespeare. Mise en scène de Thomas Ostermeier, jusqu’au 18 juillet à l’Opéra Grand Avignon (Festival d’Avignon), puis en tournée durant la saison 2016-2017. Durée : 2h40. Plus d’informations et réservations sur www.festival-avignon.com.
Quand Hamlet vire Joker
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Au théâtre de l’Epée de Bois, Daniel Mesguich met en scène Hamlet de Shakespeare, dans sa propre traduction. Le drame est entier, le public observe ainsi la descente vers la folie du prince du Danemark, après que son oncle a fait tuer son père et a épousé sa mère. Ce mythe, régulièrement adapté au théâtre, trouve ici toute son essence classique.
La mise en scène est construite en dualité. L’ambiance de départ est à la fois glaciale et envoûtante : les lumières, tantôt monochromes, tantôt multicolores, la scène coupée en deux par une diagonale composée d’un tapis rouge, la toile du fond de scène composée d’étoiles, contribuent à établir ces changements entre chaud et froid dans l’ambiance royalo-spectrale du drame. Entre chaque scène, le décor glisse, mené avec entrain par les acteurs.
La dualité existe aussi grâce aux corps des personnages, des paires d’acteurs jouent certains rôles importants. Ils permettent ainsi au spectateur de voir le corps du comédien et la manière dont celui-ci se perçoit. On pense notamment à Hamlet qui se voit en l’apparence d’un enfant lorsque ses désirs surgissent de son être. On pense aussi à une Ophélie double, tout aussi impressionnante. On oscille ainsi un peu plus dans la construction de la folie qui finira par habiter chacun des protagonistes. Mesguich revisite la dimension fantastique au profit d’une dimension clairement psychanalytique de la pièce. On retient particulièrement la scène où Hamlet fait venir les comédiens pour rejouer le fratricide devant son oncle coupable : les acteurs qui vont incarner ledit oncle et la reine sont les mêmes que les incriminés, mais non encore costumés.
La dualité ressort encore grâce au mélange du jeu des comédiens. Il peut être dramatique et burlesque, comme Polonius, coiffé d’une perruque orange et affublé d’un maquillage très prenant, faisant face à Claudius, grand et grave, sans fard.
Le prince Hamlet lui-même varie entre les deux possibilités. Joué par William Mesguich, il est à la fois adolescent espiègle – jonglant avec un ballon de foot – et Joker, ennemi juré de Batman-Claudius et de l’humanité entière. Parfois, il est dans une exagération telle qu’il en devient grandiloquent, mais la nuance arrive toujours à propos pour ajouter tout le talent nécessaire au personnage. On regrettera juste que le chemin de la folie soit parcouru trop vite, trop haut, presque dès son apparition en scène.
Pour orchestrer l’ensemble, Daniel Mesguich fait appel à quelques dispositifs cinématographiques : la musique est omniprésente. Un moment d’intensité dramatique sera accompagné d’une montée de violons ou d’une volée de trompettes. Les scènes longues sont soutenues par des plages sonores lancinantes, type « sons bineuronaux ». On remarque aussi certaines scènes, rejouées à partir de différents points de vues.
Enfin, comme l’exige le drame, tout au long du développement, l’histoire va s’accélérant. Dès la mort de Polonius, Ophélie, puis Laërte suivent très vite. Cependant, la fin, extrême, ne sombre pas dans la parodie d’elle-même et laisse tout l’intérêt au spectateur de réfléchir à cette situation bien rendue. Un moment horriblement classique, donc ô combien parlant à nos âmes ?
« Hamlet » de William Shakespeare, mise en scène de Daniel Mesguich, jusqu’au 30 novembre au Théâtre de l’Epée de Bois, La Cartoucherie de Vincennes, du mardi au samedi à 20h30. Dimanche à 16h. Durée : 3h (entracte compris). Plus d’informations et réservations sur www.epeedebois.com
Un Macbeth total
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Suivant le succès unanime des Naufragés du fol espoir, d’après Jules Verne, Ariane Mnouchkine revient à un immense classique : Macbeth de Shakespeare. En ce 450e anniversaire de la mort du dramaturge anglais, elle fait de ce monument de l’art dramatique ce qu’il est : un grand spectacle, presque « total ».
L’immense foyer du théâtre du Soleil est orné d’une multitude d’images reprenant l’iconographie que cette pièce a connue dans le monde depuis sa création. Sur les murs sont peints des affiches de films, des frontispices d’éditions originales, des annonces de spectacles en anglais, russe ou arabe… Un immense portrait de Shakespeare décore le fond du hangar. Le son des rossignols et quelques notes de musique baroque complètent cette ambiance enchanteresse dans laquelle est immédiatement plongé le spectateur.
Une magie se créé lorsqu’on se rend dans ce lieu mythique du théâtre contemporain. Comme à son habitude, Ariane Mnouchkine contrôle les tickets, veille sur chacun, les acteurs et le public, elle est le liant qui créé l’unité nécessaire pour entrer pleinement dans le monde qu’elle dessine pour tous. Le temps d’une soirée, le visiteur se sent, lui aussi, intégré à la troupe.
Enfin, on finit par s’installer sur les gradins, face à l’immense plateau. Prêt pour un voyage de quatre heures dans les profondeurs de l’âme humaine. Un parcours mouvementé, dense, rythmé par les changements de décor (des acteurs à part entière !) et les effets de foules permanents, mais virtuose : Mnouchkine fait ce qu’elle veut du temps, il est long quand l’action le demande, bref lorsque cela est nécessaire. Il difficile d’en décrire les sensations ressenties. Il faudrait tout raconter ou bien se taire. On saluera la beauté de la scénographie, l’intelligence de la musique et l’incarnation presque surnaturelle des acteurs.
Il suffit de savoir que tous les éléments qui composent le spectacle convergent pour la création d’un immense conte. Allégorie de nos êtres, à travers Macbeth chacun visite son côté sombre. Les questions du drame restent universelles. On est ce couple fou mais admirable qui s’enfonce dans la folie la plus noire.
La chute, cette longue chute dans laquelle on sombre est effrayante. Mais pour y tomber, on a la chance d’être accompagné par le Soleil lui-même, et après l’atterrissage, on ne demande qu’à redécoller.
Pratique : Macbeth de Shakespeare, actuellement au théâtre du Soleil (Cartoucherie de Vincennes, 12e). Horaires et réservations sur www.theatre-du-soleil.fr et par téléphone au 01 43 74 24 08.
Girardot et Schneider, un couple évident
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Dans toutes les professions, dans chaque domaine, chez les communautés de passionnés, il y a des problèmes récurrents. Celui des amateurs de Roméo et Juliette, c’est de savoir si le couple de héros va (pour faire court) tenir la route. Selon les mises en scène, on a pu entendre que la différence d’âge était trop grande, que Juliette était trop vieille (dans la pièce, elle est censée avoir bientôt 14 ans), que le courant passait mal entre les comédiens, que ces derniers sont trop inexpérimentés, etc… Bref, de tous les Roméo et Juliette montés ces dernières années (il y a en a au moins un par saison), celui joué par le couple Ana Girardot et Niels Schneider est certes le plus glamour, mais aussi le plus juste et le plus beau.
Nicolas Briançon transpose l’action de la Vérone du XVIe siècle à ce qu’il semble être le monde de la Prohibition des années trente à New York, et où les Montaigu et les Capulet deviennent deux gangs rivaux (sans pour autant nous faire penser aux Sharks et aux Jets) et le Prince le grand parrain. Ce décalage juste, apporte une certaine modernité visuelle à l’action, tout ce monde évolue dans une scénographie en grisaille et la troupe, nombreuse, est bien orchestrée. Elle donne à voir des scènes collégiales (du bal aux bagarres) dynamiques et brûlantes. La mise en scène est truffée de gags et farces qui font mouche, et les moments plus calmes atteignent même une certaine poésie, car un soin particulier a été apporté à chaque tableau et l’effet s’en ressent sur la vue générale que l’on a du plateau.
La relation nouée entre les deux héros est joliment innocente, sincère. On peut avoir quelques difficultés avec la diction de Niels Schneider (il est québécois), mais lorsque les héros tombent amoureux, cela nous paraît une évidence. Les deux comédiens sont pour la première fois au théâtre et inutile ici de chercher une bonne prise comme au cinéma : la magie opère dès qu’ils se tiennent la main. À la fois rêveurs et conscients du monde dans lequel ils vivent, ici, la plus dramatique, mais aussi la plus belle de toutes les histoires d’amour ne perd rien de sa valeur universelle.
Quelques accents volontairement exagérés sur les seconds rôles et leur présence bien mise en valeur par les coupes du texte nous font également remarquer la très belle prestation de la Nourrice (Valérie Mairesse) et de Frère Laurent (Bernard Malaka). Les autres comédiens soutiennent bien l’action, sans faire d’ombre au couple légendaire.
Un Roméo et Juliette qui fonctionne, c’est une représentation où le public espère que Roméo ne tuera pas Tybalt, où l’on espère à chaque fois que le messager du frère Laurent atteindra Mantoue, où l’on prie pour que Juliette se réveille à l’arrivée de Roméo. Même si l’on connaît la pièce par cœur on est happé, et cette version est une totale réussite, parce que tout l’essentiel y est représenté.
Pratique : Actuellement au théâtre de la Porte Saint-Martin
18 boulevard Saint-Martin, 75010 Paris
Du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 15h
Durée : 2h15
Tarifs : 10/52 €
Réservations au 01 42 08 00 32 ou sur http://www.portestmartin.com/
Hip-hop et capoeira pour « Roméo et Juliette »
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Cette semaine, Paris a accueilli le dernier spectacle en date de David Bobee. Créé à la biennale de la danse de Lyon en septembre, le metteur en scène y propose un « Roméo et Juliette » dans un décor solaire aux accents orientaux.
Bien évidemment, pendant tout le spectacle, la danse et l’expression corporelle, sont aussi importantes que le texte de Shakespeare. Les affrontements entre Montaigu et Capulet se font en hip-hop et en capoeira. Le duel entre Tybalt et Mercutio est particulièrement brillant dans le genre et leurs fantômes, magiques. Le cirque et la musique ponctuent le spectacle et laissent ainsi le temps au spectateur de respirer pendant les 2h45 que dure la représentation (sans entracte).
Cette approche très physique de la pièce laisse apparaître de belles scènes, véritables tableaux. L’utilisation de l’espace monumental est remarquable. On aperçoit parfois ce que cette histoire aurait pu donner visuellement si elle s’était déroulée dans l’Alhambra de Grenade.
Et cela n’empêche pas certains acteurs, très théâtraux d’être excellents. C’est le cas notamment du Prince (Thierry Mettetal), Benvolio (Marc Agbedjidji) et de la nourrice (Veronique Stas), très drôle. Mercutio (Pierre Bolo) dans son personnage aux accents hip-hop jusqu’au bout des ongles est aussi intéressant dans son registre. D’autres font plus parler leur corps, comme Tybalt (Pierre Cartonnet). Et le duo Grégory / Samson (Edward Aleman / Wilmer Marquez) donne un numéro de cirque à couper le souffle au cœur du spectacle.
Mais la pièce pêche un peu au niveau des rôles principaux. Le Roméo (Mehdi Dehbi) et la Juliette (Sara Llorca) manquent de profondeur chacun dans leur personnage, et surtout, c’est leur relation qui manque de sensualité. A l’exception de la scène du balcon où le duo fonctionne plutôt bien, il est difficile de croire à leur amour. L’émotion décrite n’est pas vécue par les personnages.
David Bobee fait néanmoins ressortir de cette interprétation moderne un drame contemporain. La traduction a été revue, laissant entendre la crudité de certains passages. Sont visibles pendant la pièce quelques questions de notre époque, la pression des pères, qui donnent à voir des humains voulant tout, tout de suite et sans passion, « les plaisirs violents connaissent des morts violentes »…
Pratique : Jusqu’au 23 novembre au théâtre National de Chaillot, 1 place du Trocadéro (75116, Paris). Réservations par téléphone au 01 53 65 30 00 ou sur http://theatre-chaillot.fr/. Tarifs : entre 8 € et 33 €.
Durée : 2 h 45
Mise en scène : David Bobee
Avec : Mehdi Dehbi, Sara Llorca, Veronique Stas, Hala Omran, Jean Boissery, Pierre Cartonnet, Edward Aleman, Wilmer Marquez, Radouan Leflahi, Serge Gaborieau, Pierre Bolo, Marc Agbedjidji, Alain d’Haeyer, Thierry Mettetal
Tournée :
Le 27 novembre 2012 au théâtre municipal TCM, Charleville-Mézieres
Les 12 et 13 décembre 2012 au théâtre de l’Agora, Scène nationale, Évry
Du 19 au 21 décembre 2012 à La Filature, Scène nationale de Mulhouse
Du 15 au 18 janvier 2013 au Lieu Unique, Nantes
Du 23 au 26 janvier 2013 au CNCDC, Châteauvallon
Les 31 janvier et 1er février 2013 au Granit, Scène nationale de Belfort
Les 7 et 8 février 2013 au Manège, Scène nationale de Maubeuge
Du 12 au 15 février 2013 au théâtre de Caen
Le 19 février 2013 à la Scène nationale 61, Flers
Du 26 au 28 février 2013 au Carré – Les Colonnes, St-Médard-en-Jalles
Les 14 et 15 mars 2013 à l’Hippodrome, Scène nationale de Douai
Du 19 au 22 mars 2013 à la Comédie, CDN de Béthune
Les 26 et 27 mars 2013 au Carreau, Scène nationale de Forbach
Le 4 avril 2013 à l’Avant Seine, Colombes
Les 14 et 15 mai 2013 au TAP, Scène nationale de Poitiers