[Théâtre] Le Traitement

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© Marthe Lemelle

Rémy Barché connaît déjà Crimp (La Campagne, La Ville, Play House) mais il choisit cette fois de combiner deux pièces de l’auteur britannique. Après la Comédie de Reims, c’est au théâtre des Abbesses que s’installe Le Traitement mais aussi Le Messager de l’amour, texte inédit qui le précède. Entre théâtre et cinéma on assiste à un spectacle assez tiède, parfois même trop léché.

Dans Le Traitement il est question d’humiliation : chacun des personnages se place dans une chaîne de rapports de force. Tandis que les uns utilisent les autres, Anne confie l’histoire de sa vie à un couple de scénaristes qui teste ses limites. L’issue de ce feuilleton, brossé à trop gros traits, conclu à un mari perdu qui se range docilement derrière une épouse cruelle. Il est dit sans finesse qu’ils ne s’interdisent rien, tant dans leur ménage qu’à l’égard de Anne.

On croise alors sur scène des types peu aboutis : un producteur cupide, une stagiaire effrontée, un vieil auteur raté, un jeune conjoint troublé et même un chauffeur aveugle. Ce potentiel métaphorique, complètement empêché, dénote surtout un certain manque de crédibilité. Les colères peu croyables de Baptise Amann, dans le rôle de Simon le mari de la jeune Anne, sont heureusement compensées par le jeu délicat de Suzanne Aubert, qui porte rien qu’à elle, pas moins de sept rôles.

De regrettables lourdeurs se nichent dans un décor bien trop alambiqué. Le dispositif de planches mobiles prend trop de place. Quand il faut signifier par exemple le quai d’un métro, les secondes s’étirent et à plusieurs reprises. Quant aux fonds dynamiques à l’arrière de la scène, ils desservent Central Park et le restaurant japonais qu’ils sont censé camper. L’écriture, pourtant sobre, du lieu sur ces panneaux apparaît superflue…

Dommage que le propos se voit parasité de ces détails car la mise en scène fatigue. Le cynisme puissant du texte ne porte ici pas plus loin que la mélancolie. Pourtant il y a de quoi se faire happer par le tragique latent des situations cocasses que Crimp a imaginé. D’autant que cette Anne candide et utilisée, est interprétée par Victoire Du Bois (bientôt au cinéma dans Call Me By Your Name) qui développe avec brillo une tout ce qu’elle a subit par amour.

C’est là que l’on reconnait la finesse du rapprochement avec Le Messager de l’amour, monologue éclatant, porté par Suzanne Aubert, qui se raconte elle aussi chosifiée. Réduite par la force de l’homme à subir sa ferveur, la comédienne nous emmène par sa voix, et sa posture fragile, dans le tréfonds de sa tristesse.

« Le Traitement » précédé de « Le Messager de l’amour ». Textes de Martin Crimp, mis en scène par Rémy Barché.
Durée environ 3h.
Plus d’informations sur : http://www.theatredelaville-paris.com/spectacle-letraitementmartincrimpremybarche-1188

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