Pupitres, instruments, micros, projos. Anouk Grinberg et Nicolas Repac avancent sans décors ni costumes. Pourtant vêtus de noir ils semblent complètement nus. Une musique émouvante, une voix envoûtante, la poésie diffuse nous transperce sans qu’on s’en aperçoive. « Et pourquoi moi je dois parler comme toi » une mise en mot bouleversante de « Textes Bruts » puissants.
Certains passent pour de l’écriture automatique, technique de rédaction spontanée très prisée par les surréalistes et dadaïstes. Mais cette littérature est celle d’internés en hôpital psychiatrique. La plupart des auteurs ne sont donc pas artistes, et pourtant… Bien que la société les ait écartés, ils sont les mieux placés pour exprimer un désir de vie. Si certains sont malades, d’autres sont juste sensibles. Leur point commun est d’être tous des incompris, privés de parole artistique et sociale.
Leurs mots s’échappent un temps des murs des hôpitaux, de même que leurs maux s’enfuient par leurs plumes. Ce sont des lettres à leurs proches qui les ont enfermés, ou des journaux intimes où sont librement rédigés leurs désirs les plus fous. Les textes que l’on entend sont assez tristes souvent, mais drôles aussi, parfois. Et lorsque l’on s’amuse, c’est rarement volontaire, comme à la dérobée. Car le geste artistique d’un tel spectacle est loin d’être voyeur, encore moins impudique.
Sur un plateau simple, dénué d’artifice, le duo se saisit de ce phrasé dit « brut » et gagne le spectateur d’une osmose caressante. La souplesse des notes de Nicolas Repac épouse la chair des mots qu’Anouk Grinberg souffle d’une voix brune et suave. Le passage à Lili rend une grâce authentique à un cri pour un corps qui conquiert l’assemblée. Dans un savant mélange de musique et de verbe, « Et pourquoi moi je dois parler comme toi » nous murmure à l’oreille un tumulte intérieur qui peut faire chavirer.
« Et pourquoi moi je dois parler comme toi » par et avec Anouk Grinberg et Nicolas Repac
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