En guise d’accueil, une jeune pompom girl déjà fatiguée. Puis des touristes lasses, un docteur au regard perdu dans le vague, un bodybulder au bord du dégonflement….Le rêve américain, démystifié.
Etudiant, surfeur, vendeur de voitures se confondent étrangement avec les visiteurs étonnés. Etonnés par le réalisme de ces sculptures humaines sans vie et pourtant si expressives. Et moi de regarder ces touristes dans cet étrange zoo de la vie, des touristes qui n’osent s’approcher de trop près. De rigueur au musée Grévin, les appareils photos sont silencieux. Curieusement, l’idée ne vient à personne de les sortir. Ici, on admire l’Ennui. La star, c’est le spleen.
Au-delà du résultat physique et technique étonnant de vérité où, bourrelets, rides, boutons, chair de poule et poils au dos nous renvoient à notre image telle qu’elle est, la démarche artistique du père de l’hyperréalisme est encore d’actualité.
« Tout le monde à un moment de son existence a été ou sera une figure de Duane Hanson, un être soudain figé sur place, perdu dans ses pensées, paralysé par un je ne sais quoi…Une sorte de torpeur existentielle qui renvoie à l’isolement de l’individu » écrivait Bruce Bégout, philosophe et écrivain français au sujet de l’artiste.
Pas de piédestal, à hauteur humaine, cowboyman et ouvriers de chantiers se tournent le dos, portant le fardeau des classes populaires de l’Amérique d’hier et d’aujourd’hui. Pas de critique portée derrière ces 15 portraits exposés, pas de dégoût ou de jugement. On perçoit d’abord le regard d’un homme fasciné par les gens, petits, grands, moches, les abîmés de la vie.
La projection d’un entretien dans l’atelier de l’artiste, permet d’en apprendre plus sur la démarche de Duane Hanson : « Donner du recul à des personnages trop près de nous. (…) d’étudier les gens ordinaires qui souffrent du quotidien. (…) parce que la résignation, le vide et la solitude de leur existence captent la véritable réalité de la vie des gens. »
Duane Hanson, Le rêve américain…
Mercredi, jeudi, vendredi, dimanche de 14h à 19h et samedi de 14h à 21h au pavillon Paul Delouvier du parc de la Villette jusqu’au 15 août.
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