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Christian Waldvogel, l’imaginaire appuyé sur la science

Metz, ville d’art contemporain ? Il semble que oui. Au moins, en comparaison des autres villes de province de même taille démographique. Certes, le Centre Pompidou flambant neuf [1. Le Centre Pompidou Metz, construit par les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines, a été inauguré en 2010.] est collé à la gare. Si l’on vient seulement pour lui, qu’il soit à Metz ou Strasbourg, le visiteur de passage ne ferait pas la différence. Mais si l’on se promène dans la ville, on ne manque pas d’être frappé par l’émulation qui semble s’être emparée des murs. En plus du musée, l’ancienne cité industrielle est dotée d’un centre d’art et de plusieurs galeries… Un dépliant-agenda, coordonné par un galeriste local, arrive même à fédérer tout ce petit monde en direction du public. Et un samedi en période de soldes, ces lieux sont loin d’être déserts…

Installé en Lorraine en 1982, et depuis une dizaine d’année dans un beau bâtiment du centre historique, difficile de ne pas associer le FRAC à cet éveil des consciences artistiques qui semble aujourd’hui porter ses fruits. L’organisme est pleinement assimilé dans ce tissu urbain et participe activement aux échanges[2. On pense par exemple à l’événement Dress Code qui se tient du 30 janvier au 2 février dans de multiples lieux et qui associe le FRAC au Centre Pompidou. Plus d’informations sur : www.fraclorraine.org/explorez/rencontres/271]. À 100 mètres du musée de la Cour d’Or et 500 de la cathédrale, l’équipe du FRAC fait ressortir l’importance de son ancrage dans un lieu chargé d’histoire[3. Le bâtiment d’accueil, appelé 49 NORD 6 EST, est construit sur des fondations du XIIe siècle.].

Eric Chenal © DR
Eric Chenal © DR

L’art comme un vecteur

Entre ces murs, qu’une cour ouvre sur la ville, l’art est un vecteur « pour dire quelque chose au monde, sur le monde, ou pour le changer ». Sa directrice, la très dynamique Béatrice Josse, y tient particulièrement. Ses positions sont toujours très claires, ici l’art ne se regarde pas : il est tourné vers ceux qui l’observent[4. Le Monde a consacré un beau portrait à Béatrice Josse en 2012. Il est consultable ici : http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/02/25/beatrice-josse-femme-flic-de-l-art-contemporain_1648453_3246.html]. Féministe et militante, elle a marqué à plusieurs reprises l’actualité, notamment grâce au FN local qui ne manque pas une occasion de montrer toute son étroitesse d’esprit en scrutant les expositions de la structure et en communiquant dessus à la moindre occasion. C’est aussi Béatrice Josse qui a acheté Le Divorce de Sophie Calle en 1994, c’est encore elle qui investit dans les œuvres dites « immatérielles », comme les performances d’artistes et les installations temporaires.

L’agenda bien rempli est une preuve supplémentaire du dynamisme de ce lieu. On y relève des visites guidées, des projections, des performances débats, des conférences (appelées ici, « rencontres non diplomatiques ») et même des concerts. Tout ça axé de façon cohérente et réfléchie autour de l’exposition en cours.

En ce moment, et jusqu’au 9 février, le FRAC accueille « Si ce monde vous déplaît… ». L’exposition a été construite à partir d’un souvenir, celui du festival de Science-Fiction de Metz qui a eu lieu entre la fin des années soixante-dix et 1986. L’événement avait pris une ampleur suffisante pour accueillir l’écrivain fou Phillip K. Dick, qui aurait révélé à cette occasion être en contact avec des extraterrestres ! Les ponts entre la science-fiction de l’époque de Blade Runner et celle d’aujourd’hui, les sous-genres de SF atypiques, l’anticipation, autant de sujets qui ont servi de prétexte à l’exposition en cours qui fait une large place à l’œuvre de Christian Waldvogel.

Eric Chenal © ProLitteris
Eric Chenal © ProLitteris

Sortir du monde pour le reconstruire

« Si ce monde vous déplaît… », et bien vous n’avez qu’à en créer un autre ! Voilà le message de l’artiste suisse. Lui propose quelques idées, des solutions, mais sans doute encourage-t-il aussi le public à trouver les moyens de changer le monde comme il le souhaite.

Bien que n’ayant jamais élevé un immeuble, Christian Waldvogel est architecte de formation. Il en a conservé le goût pour la recherche et la documentation. Tout son travail est construit sur des fonds importants. Des ouvrages viennent en témoigner, l’un détaille le projet Globus Cassus, avec lequel il a représenté la Suisse à la Biennale de Venise en 2004. Cette œuvre qui utilise des media multiples (vidéo, maquette, livre…) est une proposition pour recycler la Terre afin d’en construire une autre. Tout ce projet nous est montré de visu, mais l’artiste va jusqu’à en inventer le système politique qui le gouvernerait ! C’est une constante dans son travail : il fouille, creuse, explore, surtout l’Espace dont l’infini ne l’effraie pas.

« L’Espace est mon atelier, la Terre et les autres corps célestes mes matériaux », c’est comme ça que Waldvogel définit son travail. Il mélange la science et l’imaginaire. Mieux : il donne à son imaginaire un poids scientifique en exposant les travaux mathématiques ou physiques qui les accompagnent. Où un artiste n’aurait qu’à nommer une chose pour qu’elle existe, lui préfère créer une sorte « d’imaginaire rationnel » passionnant. Il créé le « Pôle Ouest ». Il est calculé, montré (aux alentours d’Hong Kong) et, à la manière d’un Fabrice Hyber, le public peut suivre le processus de création au moyen des documents affichés à proximité de la création. On apprend, avec passion, mais prudence, n’ayant pas forcément le bagage technique pour comprendre les données affichées. On suit l’artiste, encore ballotté entre ces deux composantes : l’infiniment crédible et l’infiniment rêvé de l’Espace.

Photos, vidéos, sculpture à la forme météorique, les œuvres de Waldvogel partagent une esthétique assez morne, grise. Peut-être en ce sens sont-elles plus scientifiques dans le rendu visuel qu’elles ne le sont dans leur contenu. On ne fait pas la différence entre l’œuvre et la documentation. La documentation fait partie intégrante de l’œuvre, contribuant ainsi à son apparence matérielle, sans faire perdre de force aux idées.

Eric Chenal © ProLitteris
Eric Chenal © ProLitteris

Le rejet de l’anthropocentrisme au profit d’un monde qui se regarde de l’extérieur. Voilà ce que l’on retient de cette visite. Comment sortir de son corps pour définir une autre réalité du domaine du probable ou au moins du possible ? L’œuvre la plus caractéristique en ce sens est « La terre tourne sans moi »  où l’artiste se filme dans un avion supersonique qui, tournant à la même vitesse que la terre en sens inverse, voit la planète effectuer sa rotation sans lui. Partout, on ressent ce désir de vivre dans un espace dont il serait l’artisan.

Lui fait le choix de la noirceur. Sans oublier que la face sombre peut cacher des surprises. Comme ce mythe pythagoricien d’Antichton que Waldvogel met en scène dans une sculpture. Ce conte imagine la Terre tournant autour d’un feu sacré et ayant un pendant qui tournerait à la même vitesse à l’exact opposé d’elle, ne pouvant ainsi jamais la voir, agissant comme un contrepoint à notre planète. C’est là toute l’oeuvre de Christian Waldvogel : un contrepoint artistiquement scientifique qui nous arrache à notre monde pour nous forcer à le recréer.

Pratique : l’exposition se tient jusqu’au 9 février 2014 au FRAC Lorraine, 1 bis rue des Trinitaires, Metz. Informations disponibles sur http://www.fraclorraine.org/.




30 ans du FRAC Champagne-Ardennes : une odyssée souterraine

 

Pommery

Jack Lang a créé les FRAC [1. Fonds Régional d’Art Contemporain] en 1982. Celui de Champagne-Ardenne a été doté deux ans plus tard, en 1984. Nous fêtons donc cette année ses 30 ans. Trois décennies d’acquisitions, de travaux d’artistes nationaux et internationaux, de manifestations à destination du public… Trois décennies qui sont « compilées » en une belle exposition, magnifiée par un cadre pour le moins étonnant : les caves de la maison Pommery [2. C’est la 11e fois que les caves Pommery accueillent une manifestation en ses murs, chacune est baptisée « Experience Pommery », l’occasion de se renouveler à chaque fois. Pour cette nouvelle aventure, Pommery a ouvert un nouvel espace d’exposition sur son site].

Ce lieu a été aménagé au XIXe siècle par la veuve Jeanne-Alexandrine Pommery. À elles seules, elles méritent la visite… En bas d’un escalier gigantesque qui nous fait descendre à plusieurs dizaines de mètres sous terre, les galeries se succèdent. Lorsque l’on est si profondément enfoui, on entend et on voit différemment. Et même si ce sont seulement quelques centaines de mètres de ce dédale mystérieux [3. Il y a en tout 18 kilomètres de souterrains] qui accueillent les œuvres, l’ambiance est magique, habitée par les diverses formes d’art qui tiennent compagnie aux hauts-reliefs d’époque XIXe.

Trente ans, trente œuvres. Il y a de la vidéo, de la sculpture, diverses créations sonores et visuelles qui n’entrent dans aucun standard, des installations. Un argument général est tout de même proposé au départ, il est d’inspiration homérique : l’Odyssée. La commissaire d’exposition, Florence Derieux, a voulu insister sur le côté aventurier des FRAC. Sur son aspect découvreur et conservateur de talents. Néanmoins, pour le public, le plaisir de la visite est comme celui d’une lecture agréable : rien de trop éprouvant et à la fin, il ne reste que la passion et le plaisir.

Pommery

Les créations sont bien visibles, la place est laissée à chacune, qu’elles habitent seule un grand espace ou qu’elles soient plusieurs dans une pièce de taille réduite. On joue, on cherche, on découvre, enfants dans une chasse aux trésors spéléologiques. On incarne tour à tour un Ulysse, un Indiana Jones au milieu du temps, entre poussière et modernité, des mondes s’ouvrent.

On s’arrêtera sans doute sur Purple Box de Anna Blessman & Peter Saville, sorte de monde dans un monde, une philosophie de la vie moderne où tout est lié. Ou plus loin on observera Stoning de  Latifa Echakhch, prix Marcel Duchamp 2013, qui offre ici une pièce subtile, troublante de résonances diverses, de Jimmie Durham aux intifadas contemporaines…

Ce périple ne manque pas d’amuser, de questionner sur notre monde, dans un espace souterrain. C’est peut-être finalement en prenant distance (que ce soit vers le bas ou vers le haut), que les solutions visuelles apparaissent. Aux artistes, comme aux visiteurs.

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Le site Pommery se trouve à 10 minutes de la gare de Reims (à 115 km de Paris).
Visites du 1er novembre au 31 mars, tous les jours de 10h à 17h, jusqu’à 18h en été.
Fermé le 25/12 et du 1/01 au 3/01 inclus.
Tarif de la visite, à partir de 12 euros. Gratuit pour les moins de 10 ans. 




Qui a vu Liu Bolin verra ce que vivent les artistes chinois…

Dans ses photographies, Liu Bolin se fond dans le décor. Pour reprendre les termes de Pascale Nivelle du journal Libération, il « proteste de façon invisible comme d’autres le font en silence ». Et c’est paradoxalement depuis qu’il orchestre sa disparition dans le paysage qu’il est scruté à la loupe par les amateurs d’art du monde entier. Se cacher pour être vu, en trois leçons :

1. Choisir des lieux hautement stratégiques

En 2005, alors qu’il était tranquillement installé dans le quartier des artistes Suo Jia Cun, à Pékin, Liu Bolin assiste impuissant à la démolition de son atelier par le gouvernement chinois (pour réorganiser la ville à l’approche des Jeux Olympiques). En découle sa première photographie: une mise en scène devant son atelier en ruine. Liu Bolin dénonce pour la première fois une société de consommation qui absorbe l’homme et le digère sans ménagement.

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Vous ne voyez rien sur la photo ? Normal. Un dissident bien caché ne se voit ni ne s’entend.

Dans la série de photos suivante, intitulée « Hiding in the city », Liu Bolin s’est perdu dans les villes, les vallées chinoises et les rues new-yorkaises pour montrer par l’absence qui il était. Reconnaissons-le, c’est dans cette vaste mise en scène qu’on trouve ses plus beaux clichés.

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2. S’approprier quelques symboles

Liu Bolin s’inspire beaucoup de cette Chine communiste dans laquelle il vit pour réaliser ses portraits : écriteaux, slogans, couleurs du parti, haut lieux de l’autorité chinoise … Il mitraille les décors dans lesquels il a grandi après s’être patiemment fait recouvrir le corps de peinture. Mais c’est aussi dans notre société de consommation à tous qu’ils puisent son inspiration : rayons de supermarché, kiosques à journaux, panneaux publicitaires sont l’occasion de superbes photographies.

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3. Passer quelques bons partenariats

Qui peut le plus, peut le moins. Et vice versa. Fort de sa célébrité amplement méritée, Liu Bolin est aujourd’hui sollicité par quelques grands noms de la mode et de l’art. Le non-moins connu photographe JR s’est offert un portrait-peinture franco-chinois avec lui. Mais c’est avec des grands créateurs (Jean-Paul Gaultier, Missoni, Lanvin) qu’il fait le mieux (ou le moins) entendre sa voix:

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Quelle que soit l’intention, le rendu est sublime. Ce où-est-Charlie chinois a le mérite de nous faire réfléchir sur la place de l’artiste dans nos sociétés et son rôle, surtout s’il est malmené. Rendons-nous à l’évidence, en France, on adore les dissidents-des-autres, et ce n’est pas la galerie Paris-Beijing qui nous contredira.

 

Galerie Paris- Beijing
54 Rue du Vertbois, 75003 Paris
Fermé le dimanche

 

 




« Rêve de monuments » et surtout de châteaux-forts à la Conciergerie

 

Affiche exposition "Rêve de Monuments " - Conciergerie
Affiche exposition « Rêve de Monuments » à la Conciergerie de Paris

 

Le château-fort :

Qu’il soit de sable ou de légo,
Inquiétant ou fascinant,
Décrit par la légende Arthurienne ou les aventures d’Harry Potter,
Archétype fantasmagorique dans des comptes de fées ou bien réel du Moyen-Age Occidental,
Symbole de royaumes oubliés et en ruine ou preuve de la force militaire lorsqu’ils se dressaient fièrement contre l’assaillant,
D’une architecture gothique pure et dure ou tout droit sortit de l’imagination de R. R. Tolkien.

Il s’agit d’un élément architectural fascinant. Dans la superbe salle des gardes de la Conciergerie de Paris, le château-fort mais aussi tous l’univers médiéval reprend vie de la façon la plus onirique qu’il soit. Des projections, des ombres, des trompes l’œil dans cette magnifique salle gothique, voila de quoi voyager dans le temps!

Les petits et les grands … rêveurs et artistes trouveront leur compte autour de jouets, peintures, sculptures, constructions, projections ou extraits de BD.

 

Pratique : Du 22 novembre 2012 au 24 février 2013 à la Conciergerie de Paris 2, boulevard du Palais, 75001 Paris
Ouvert tout les jours de 9h30 à 18h
Dernier accès 45 minutes avant la fermeture

Tarifs : gratuit pour les ressortissants européens de moins de 26 ans.
Entre 5,50 € (tarif réduit) et 8.50 € (plein tarif).

Plus d’infos : Possibilité de jumeler le billet d’entrée avec celui de la Sainte Chapelle

Sites des monuments nationaux :
http://www.monuments-nationaux.fr/en/news/headlines/bdd/actu/1072/reve-de-monuments/

 

 




Ghada Amer – Au bout du fil

 

Les tableaux de Ghada Amer sont des amas de fils colorés. Brodés sur la toile, ils forment des aplats de couleur dans lesquels sont cachés des images subliminales : nus féminins, femmes en jouissance et héroïnes de dessins animés peuplent cet univers subtil et nous laissent songeur. Un mirage érotique lourd de sens.

Rome, New-York, Paris. L’artiste égyptienne est exposée partout. Elle poursuit son ascension dans le monde des arts en menant une réflexion audacieuse sur la place des femmes dans l’art et la société. Née au Caire au début des années soixante, elle a quitté son Egypte natale pour suivre des études artistiques en France. A l’époque, on lui a enseigné que la peinture était une activité dépassée essentiellement réservée aux hommes. Elle choisit donc ironiquement de se tourner vers une pratique féminine ancestrale : la broderie.  Ghada Amer habille de longs fils ses toiles, mettant délibérément au premier plan ce que l’on cache généralement au dos de l’ouvrage. Elle puise dans l’imaginaire collectif pour trouver des silhouettes de femmes à intégrer en arrière plan dans ses tableaux: d’abord d’innocentes héroïnes, comme Blanche Neige, Cendrillon et des ménagères trouvées dans les magazines féminins puis des corps nus, s’adonnant à des plaisirs solitaires, tirés de revues pornographiques. Ses œuvres, impensables en Egypte, donnent à voir la femme telle qu’elle est perçue par un monde essentiellement masculin et témoigne d’une acculturation consciente de l’artiste. « Que la sexualité soit présente dans la culture arabe et musulmane coule de source mais on aime la penser dans un exotisme qui ravit et rassure l’oeil étranger » explique Thérèse St-Gelais, commissaire d’exposition du Musée d’Art Moderne de Montréal. Elle montre surtout qu’il est possible de résister à une représentation conformiste des femmes dans l’art. Elle puise dans le travail d’illustres grands peintres (Picasso, Ingres, Pollock) pour pointer du doigt tous les canons masculins. « En somme, parce qu’elle jumelle art et imagerie pornographique, qu’elle fait rivaliser la broderie avec la peinture et qu’elle propose une relecture d’oeuvres emblématiques d’une certaine évolution de l’art, Ghada Amer brave les discours qui déterminent ce qu’il est approprié, voire convenable, de nommer « art ». »

Au croisement de l’art noble et de la culture populaire, à la limite du visible et du non-dit, Ghada Amer met un peu d’elle dans ses tableaux et dissimule un peu de chacune d’entre nous.

Retrouvez l’artiste sur son site internet

 


 




World Press Photo – Le monde en images

Un bon conseil en trois mots: allez-y vite! Il ne reste plus qu’une semaine pour admirer les clichés primés du World Press Photo 2012 à la galerie Azzédine Alaïa, 18 rue de la Verrerie, à Paris. Un rendez-vous annuel à ne pas manquer.

Un portrait ciselé du monde qui nous entoure. Depuis 1955, le plus prestigieux concours du photojournalisme décerne des prix aux images de l’année. Pour cette édition, 5247 photographes de 124 nationalités différentes ont soumis plus de 100 000 images au jury. Tous sillonnent le monde pour le compte des grands médias, immortalisant sur leur passage les drames, les révoltes et les bouleversements de la planète mais aussi sa beauté et sa diversité. Les photographies, classées par thème (informations ponctuelles ou générales, vie quotidienne, drames contemporains, arts et divertissements, portraits, nature …) sont soumises, à Amsterdam, à un jury qui récompensent les clichés les plus évocateurs. Une fois les lauréats annoncés, les photographies gagnantes forment  une exposition itinérante qui traverse une quarantaine de pays.

Les chefs d’œuvre photos de l’année. Certains clichés ont déjà fait le tour du monde, comme cette jeune chinoise, rattrapée de justesse alors qu’elle tentait de se suicider en robe de mariée ou cette japonaise qui brandit le diplôme de son fils retrouvé au milieu des décombres de sa maison. Ces photographies, seules ou en série, sont autant de courtes histoires qui racontent la grande. La chute de Khadafi, l’austérité nord-coréenne, la crise du logement aux Etats-Unis et les guerres de gangs au Mexique sont saisies avec le même talent  qu’un rhinocéros mutilé, une prostituée ukrainienne ou un plongeur en vol.

Le prix « Photo de l’année ». Pour l’année 2012, la consécration ultime revient à Samuel Aranda. Ce photographe espagnol se trouvait au Yémen lors du soulèvement populaire contre l’ancien président Ali Abdallah Saleh. Son cliché montre un homme souffrant, enlacé par une femme entièrement voilée. « Nous ne saurons peut être jamais qui est cette femme, qui tient avec précaution un proche blessé, mais ensemble ils forment une image vivante du courage de gens ordinaires qui contribuent à écrire un chapitre important de l’histoire du Moyen Orient. » explique Aidan Sullivan, le président du jury. Parce que les intentions du prix sont celles-ci : promouvoir et accompagner le travail des photojournalistes contemporains qui, ensemble, œuvrent à montrer le monde tel qu’il est.

A suivre chaque année…

 

Galerie Azzédine Alaïa

18 rue de la Verrerie 75004 Paris

Entrée gratuite

Renseignements complémentaires: http://www.worldpressphoto.org/exhibition/2012_Paris




Jeudi – Exhibitions

Cela a commencé avec les grandes explorations, l’Amérique de Colomb en tête. L’Autre alors découvert devient un curieux phénomène.

Il répugne, effraie, amuse, provoque pitié, excitation… Alors on le montre dans des grandes foires aux bestiaux humains que l’on nomment  Expositions Universelles. La dernière a eue lieue en 1958. L’arrivée du cinéma et le besoin de montrer que le « sauvage », grâce à la colonisation, est désormais civilisé, auront raison de ce mode de divertissement.
En 2012, on se balade dans les couloirs sombres de cette histoire encore trop tue, à travers les femmes à barbes, siamois, nains et peuples exotiques d’ici et d’ailleurs, de nulle part surtout quand le public réclame plus d’exotisme, on invente.
Et dans ce cabinet de curiosités qui légitime la version officielle des grandes ambitions coloniales de l’époque, on se sent mal à l’aise.
Parce qu’en 2012, on se rend dans cette exposition d’expositions universelles qui, certes, a le mérite de frapper les consciences mais qui est aussi la preuve que la page est loin d’être tournée. Que l’inconscient collectif n’est pas guéri. Que le malaise est toujours là.

Exhibitions, l’invention du sauvage, au musé du Quai Branly,  jusqu’au 3 juin 2012.




Jeudi – Barbie K.O


Battre sa femme, un devoir conjugal

 

L’artiste et collectionneuse d’images Céline Delas, a conçu une série de tableaux collages sur le thème : « Barbie au tapis », décidant que les héroïnes Betty Page, symbole de la libération sexuelle et Wonderwoman auraient enfin la victoire sur Barbie, femme objet imposée par la société. C’est la représentation de la femme qui est ici dénoncée, à travers le détournement de l’imagerie la concernant.

Des toiles dans lesquelles elle évoque avec force les violences faites aux femmes, le sexisme, les tâches ménagères, l’enfermement religieux… » on me dit souvent qu’il y a une certaine violence dans mes toiles, ça ne m’est pas apparu. Il y a par contre des revendications et des choses à dire, ça oui! »

 

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Exposition à la librairie Violette and Co, Paris 11ème, jusqu’au 4 mars. Entrée libre.





Gallimard, en mots et en images

Sur Gallimard, on pourrait croire -à tort- que tout a été dit. Au cours de l’année, le centenaire de la maison d’édition a été célébré sous toutes ses formes (jusqu’au baptême d’une moitié de rue du nom de son fondateur en juin dernier).

Cette dernière exposition n’en est pas moins réussie pour autant.

Les soixante portraits présentés sont somptueux et respectent la chronologie d’entrée des auteurs dans le catalogue de la maison. Ces photographies, presque toutes en noir et blanc, sont accompagnées d’un commentaire d’Alain Jaubert, tantôt loufoque, tantôt sérieux, souvent descriptif et débordant de sous-entendus. Comme les écrivains eux-mêmes qui, derrière leurs grimaces, cachent des personnalités fantasques et/ou solennelles, un génie pour l’assemblage des mots et une rigueur dans le travail. Qui ont fait leurs preuves, cela va sans dire.

Parce qu’ils bossaient ces messieurs-dames, bien plus qu’on ne le croit ! Et c’est ce travail de fourmis que nous montre avec  justesse l’exposition. Ils ont tous pris part à l’édification de la maison comme écrivain, salarié, membre des comités de lecture. Ils ont transpiré leurs propres écrits, bien sûr, mais aussi lu et relu ceux des autres, les défendant souvent à grand renfort de lettres (proposées au public en vitrine).

Ils sont presque tous là, les célèbres auteurs de la NRF (Nouvelle Revue Française): Camus, Sartre, Nabokov, Gary, Sarraute, Char, Proust, Kundera … Aïe, même Foenkinos s’est trouvé une place dans cette galerie de souvenirs (une lettre, à la sortie, à défaut de vous impressionner, vous rappellera que la maison d’édition continue aujourd’hui d’alimenter son catalogue).

Amis, ennemis, poètes, communistes, américains, résistants, sauvages et mondains, tous forment aujourd’hui une grande famille.


« Louis Aragon à son bureau. Paris, 1951. Tampon buvard, sous-mains, bouteille d’encre, le bureau du poète moderne ressemble à celui d’un fonctionnaire. D’ailleurs il est aussi journaliste et patron de presse, et, bien sûr, subtil romancier. Il n’en a pas fini de nous surprendre. Il est encore très sérieux, ça ne durera pas. La gentille colombe de Picasso vient lui picorer la tête… Staline va bientôt mourir. »


« Portraits pour un siècle. Gallimard. »
Gallerie des Bibliothèques / Ville de Paris
Jusqu’au 27 novembre 2011, 22 rue Malher (Paris, 4e)
http://sd-2.archive-host.com/membres/up/143796333747690194/_DP_gallimard_OK_.pdf