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Morne Yasmina Reza

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Dans la nouvelle pièce de Yasmina Reza, « Comment vous racontez la partie », la salle Renaud-Barrault du théâtre du Rond-Point devient la salle polyvalente de Vilain-en-Volène, qui accueille l’un de ses « Samedi Littéraire ». Ce soir, Nathalie Oppenheim (Zabou Breitman), écrivaine à succès, va passer sur le grill de la journaliste Rosana Ertel-Keval (Dominique Reymond), « enfant du pays » de retour dans sa province natale. Quelques détails viennent parfaire l’ambiance. Du larsen au crépitement de la sono, en passant par les poivrots du village qui parlent fort en coulisses. L’entrevue publique est orchestrée par Roland Boulanger (Romain Cottard), jeune érudit et organisateur de l’événement, poète à ses heures.

La mise en scène de l’auteur est basée sur un théâtre diapositive (déjà utilisé dans Art, en 1994). Cela consiste à faire se succéder des scènes, des situations, en créant le noir entre chacune d’elles, évitant ainsi peut-être, de devoir trouver des idées pour faire bouger les personnages. Quoi qu’il en soit, ici, cela rend la mise en scène très statique.

La rencontre, qui fait l’objet du spectacle, reprend à l’entretien en public tout ce qu’il a de plus détestable. Yasmina Reza fait en ce sens, une critique du « monde littéraire », entourant les sorties d’ouvrages. Et du point de vue du public profane, il faut avouer qu’elle vise très juste.

A commencer par la définition du caractère même des personnages : la journaliste blonde inquisitoriale, qui fait sentir à ses invités que la star, c’est elle, nous fait penser à une journaliste bien connue du monde ici critiqué. Elle est spécialiste du name dropping et ne cherche pas à mettre en valeur l’humain qu’elle interroge, mais plutôt elle, sa vie et ses expériences, tombant parfois dans la psychanalyse naïve. Nathalie Oppenheim – l’écrivain face à elle – grande, brune et séduisante, victime de la journaliste vautour, nous fait songer à l’auteur de la pièce elle-même. Cette idée est confortée par le fait que le lien autobiographique est une question récurrente dans la bouche des personnages du drame. Enfin, les deux provinciaux, l’animateur littéraire efféminé et érudit, ainsi que le maire rustre et amateur de sangria (André Marcon) sont tous les deux des clichés purs et simples.

Cependant, les acteurs sont tous excellents et, pour le coup, très bien dirigés. Cela semble contradictoire, car l’auteur sauve ici son texte grâce à la direction et les nombreux temps de silence, drôles et parfois clownesques, qui ponctuent la mise en scène. On pense notamment à Romain Cottard, keatonien dans son utilisation des objets qui semblent toujours lui en vouloir, donnant ainsi lieu à des images burlesques très réussies.

Le tout est forcément bien écrit, sans être transcendant à l’aune du reste de l’œuvre de Yasmina Reza. Les dialogues donnent l’illusion d’êtres spontanés, et l’on est amusé par le mélange des écritures : directe et littéraire, puisque les personnages lisent à plusieurs reprises des extraits du roman de Nathalie Oppenheim et la poésie de Roland Boulanger. Malheureusement, quelques répliques cinglantes ne sauvent pas la pièce qui reste un drame bourgeois moyen. Parfois drôle, mais surtout où il ne se passe pas grand chose : il n’y a pas de nœud dramatique, pas de coup de théâtre. L’action est linéaire, désenchantée et pour ainsi dire assez morne.

« Comment vous racontez la partie » de Yasmina Reza, mise en scène de l’auteur, jusqu’au 6 décembre au Théâtre du Rond-Point, 2bis, avenue Franklin D. Roosvelt, du mardi au dimanche à 21h. Dimanche à 15h. Durée : 1h50. Plus d’informations et réservations sur www.theatredurondpoint.fr




« Le Capital et son singe » : leçon théâtrale d’économie

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On retrouve pour « Le Capital et son singe », le même dispositif scénique utilisé dans « Notre Terreur » : le public est installé sur deux gradins latéraux, autour d’un espace central où se déroule l’action, de part et d’autre d’une table autour de laquelle dialoguent des personnages historiques.

« Notre Terreur » nous transposait en 1793. « Le Capital et son singe » traverse trois époques : la Révolution française de 1848, la création de la République de Weimar, et un temps indéfini où de grandes figures se rencontrent.

C’est dans l’un de ces moment imprécis que débute le spectacle. Le même acteur incarne Brecht, Freud et Foucault dans une performance multiple de haut vol. Il est, à lui seul, un manifeste du « Verfremdungseffekt » de Brecht. Par ce dispositif, l’homme de théâtre – en marxiste convaincu – remet en question la représentation bourgeoise qui découle selon lui du jeu aristotélicien. Ce début en aparté plante le décor idéologique du spectacle : de la distance, le spectateur va être invité à en voir partout : dans le jeu comme dans les idées.

L’action dramatique débute, elle, à la veille de la manifestation du 15 mai 1848. La réunion fictionnelle qui occupe l’espace scénique réunit Auguste Blanqui, Friedrich Engels, François-Vincent Raspail, Armand Barbès, l’ouvrier Albert ou encore Louis Blanc. Ces hommes (et quelques femmes), sont plongés dans une dispute imaginée qui est prétexte à une mise en opposition des idées de chacun, parfois jusqu’à la caricature.

Puis, le temps d’un repas de noce, le public est transporté à Berlin en juin 1919. A table, on parle de la mort de Rosa Luxemburg, de son héritage, de la nécessité de descendre manifester dans la rue. Prenant des airs un peu fantastiques, apparaissent tour à tour Spartacus, puis Ophélie de Shakespeare. L’effet du schnaps qui coule abondamment à table, peut-être…

Enfin, on revient en 1849 au procès de Bourges où l’ouvrier Albert se transforme en Lacan face à Freud, pendant que Lamartine est à la table du jury. Toutes ces rencontres présentent un mélange historique anachronique comme seul le théâtre sait le rendre aussi captivant.

Durant les 2h30 que dure le spectacle, on assiste à une tentative de vulgarisation de concepts principalement économiques. Des mots, difficiles au premier abord, sont suffisamment bien amenés pour que chacun les comprenne. Et quand l’hermétisme pointe son nez, cela en devient presque drôle.

Par l’utilisation d’un langage moderne et populaire (pour « Notre Terreur », certains ont reproché à Sylvain Creuzevault des fautes de français que ces personnages historiques n’auraient jamais commises), il y a un humour certain, reposant surtout sur l’anachronisme et l’exagération des idées et des protagonistes. On pense notamment au chimiste Daniel Borme, joué par Léo-Antonin Lutinier, qui est ici un personnage new-age, candide de la Révolution et ballerine à ses heures perdues.

« Le Capital et son singe » est un théâtre distancé à la mise en scène astucieuse, où sous l’apparence de conversations à huis-clos, se tiennent en fait des scènes hautement pédagogiques, créant un questionnement vrai sur le monde d’aujourd’hui : le travail d’Etat n’occupe-t-il pas des gens à ne rien faire ? L’homme n’est-il pas réduit à l’état de simple marchandise ? Ne sommes nous pas chosifiés ? Quelle différence y a-t-il entre prix et valeur ? Quelle place prend l’objet au détriment de la relation humaine ? Ou comment sont conditionnées lesdites relations par des rapports sociaux et sociétaux ? Malgré le « foutoir » apparent, ce « Capital » porte un propos bien défini et passionnant.

« Le Capital et son singe » d’après Karl Marx, au Théâtre de La Colline jusqu’au 12 octobre, 15 rue Malte-Brun (20e arrondissement), le mardi à 19h30, du mercredi au samedi à 20h. Dimanche à 15h. Durée : 2h30. Plus d’informations sur www.festival-automne.com/.




Un Goya décousu, fou et faux au théâtre de l’Atalante

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Peu à peu, le festival de Caves, qui se tient au mois de mai dans la région de Besançon, tente de s’exporter à Paris. Pour l’occasion, le petit théâtre de l’Atalante accueille un spectacle créé sur un texte contemporain de José Drevon, lui-même écrit d’après l’œuvre du peintre espagnol Francisco de Goya (1746 — 1828).

C’est en fait une interprétation émotionnelle des célèbres gravures (Los Caprichos) qui nous est montrée ici. Devant le spectateur, très proche, Francesco de Goya (Maxime Kerzanet) est allongé sur une table, sorte d’espace de dissection mentale. Il est en pleine crise d’angoisse. Jamais il ne quittera ce territoire délimité. L’homme souffle, se parle, tente de contrôler sa douleur psychique en ce lieu extrêmement prégnant. À l’abri des regards, il rejette en bloc la société espagnole du roi Charles IV : le clergé, les femmes, les manières aristocratiques, avec une grande force. Les images qu’il emploie dans ce but sont claires. Nous voyons alors un peintre seul face à sa feuille, exorcisant, par le dessin, ses démons.

Malheureusement, malgré une performance d’acteur notable, une belle lumière (de Christophe Forey) et une mise en scène fine (de Guillaume Dujardin), le spectacle ne nous saisit pas. En cause ? La partition, le texte, assurément. L’auteure fantasme Goya comme s’il était Baudelaire écrivant Spleen IV, or, bien que reconnu en tant que peintre de l’horreur, de la violence et d’une certaine folie, Goya n’est pas celui du délire. Ses Caprices sont en fait bien réfléchis, pesés, et font l’objet de nombreuses études dont l’une d’entre elles a montré dernièrement que tout était calculé : même la date de sortie dans le commerce des Caprices est prévue au moment précis de la dernière pleine lune d’un cycle astronomique important de la fin du XVIIIe siècle. Alors qu’ici sur scène, le texte montre un Goya fou, à moitié nu, prisonnier d’une cave afin d’expurger sa folie dans la solitude, mais ses Caprices avaient pour but d’être diffusés à un public très large, rien n’était enfoui, rien n’indique que c’est le résultat d’un délire nocturne du peintre.

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Bien sûr, José Drevon fait ici un choix extrêmement libre, et sa vision n’est pas mauvaise, puisque c’est celle d’une artiste, son cri. Mais cela ne suffit pas à lui donner la contenance nécessaire à susciter un intérêt : il est décousu, passant du coq à l’âne sans logique, sauf celle de la démence, encore. Mais le délire, s’il ne mène nulle part, à quoi bon l’exhiber ? L’acteur termine dans la même position que celle par laquelle il nous est apparu, montrant ainsi qu’il est cloisonné dans une crise répétitive, ce qui est en plus en contradiction avec la sortie de ses démons sur le papier montrée quelques minutes avant. Tous ces mots ne semblent que style au détriment d’un véritable fond.

Du coup, le beau dispositif scénique et l’écrin particulier dans lequel on essaye de plonger le spectateur ne fonctionnent pas. À quel public s’adresse-t-on ? Le spécialiste ne verra pas Goya, l’amateur en aura une image saugrenue, et si la destination n’est pas d’apporter un témoignage biographique, ce qui semble être le cas ici, l’ennui guette et surgit plus vite que les brûlantes angoisses vécues par le personnage évoluant sur scène.

Pratique : « Caprices », jusqu’au 24 juin au théâtre de l’Atalante (18e arrondissement). Horaires et réservations sur www.theatre-latalante.com et par téléphone au 01 42 23 17 29.




Les clichés parisiens de Martin Parr

On connait tous le Paris noir et blanc de Doisneau, où les amoureux s’embrassent en marchant; celui de Prévert, peuplé d’oiseaux et de prostitués ou la cour des miracles et les gargouilles de Victor Hugo. Dans son film Midnight in Paris, Woody Allen nous livrait même une vision américaine de la capitale : un lieu étrange et poétique où se côtoient les plus grands artistes. Il faut reconnaître que Paris a mille visages et les saisir n’est pas l’apanage des Français. Depuis trente ans, l’association Paris Audiovisuel puis la Maison Européenne de la Photographie donne carte blanche aux plus grands photographes pour saisir les multiples facettes de cette ville historique. Cette année, c’est le plus anglais d’entre eux, Martin Parr, qui livre ses clichés…

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Pendant deux ans, Martin Parr s’est promené parmi nous. Il a photographié les Champs Elysées, le salon de l’agriculture, les défilés de mode, la prière du vendredi dans les rues du 18ème arrondissement et les flots de touristes qui brandissent leurs téléphones devant tous les monuments célèbres. Au premier plan, nous. Notre quotidien de Parisiens, nos rues, nos habitudes, notre tour Eiffel, nos musées, ce paysage qui nous entoure et que nous ne voyons plus, qui reste pourtant reconnaissable entre tous pour le reste du monde. Les photographies de Martin Parr aussi sont facilement identifiables. Elles représentent ce dont on préfère rire chez les autres qu’observer dans son miroir. Reconnu pour ses séries sur le tourisme de masse, ce photographe de l’agence Magnum immortalise toujours ceux qui regardent plutôt que ce qui est regardé. Des clichés, au sens propre et figuré, qui disent la vulnérabilité et la vulgarité d’une situation mieux que n’importe quelles autres photographies. Souvent amusantes et décalées, elles frôlent parfois la laideur, le ridicule et l’ordinaire. Martin Parr livre nos failles au public.

 

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Alors elles sont laides ces photographies? Non, bien sûr. Les clichés de Martin Parr sont à la photographie, ce que l’hyperréalisme est à la peinture, fidèles. Ils sont surprenants, dérangeants et éloignés de nos attentes. Ils provoquent le rire, la surprise et donc, l’attachement. Finalement, ils sont notre beauté à tous.

  • Du 26.03.14 au 25.05.14 à la Maison Européenne de la Photographie, 5/7 Rue de Fourcy – 75004 Paris. Ouvert du mercredi au dimanche, de 11h à 19h45.
  • Martin Parr est représenté par la galerie Kamel Mennour à Paris, 47 rue Saint-André-des-Arts – 75006.

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Cyrano : il est tout, avec trois fois rien

Cyrano de Bergerac

Rarement, une création fait autant parler d’elle. Fin 2012, en pleine « affaire Depardieu », Philippe Torreton prend parti et assaille le premier dans une longue tribune dans Libération. Un texte truffé de références à Cyrano de Bergerac. Quelques semaines plus tard, Torreton incarne lui-même Cyrano, ce rôle qui colle tant à la peau du grand Gérard. La comparaison se fera forcément. Heureusement, les premiers commentaires seront unanimes : Torreton ne se ridiculise pas, il est Cyrano, un personnage puissant, solitaire et brutal incarné à merveille. Un Cyrano enfermé dans un hôpital psychiatrique construit sur la scène de l’Odéon jusqu’à la fin du mois de juin.


Une pièce commune glauque, éclairée au néon. Des tables et des chaises de-ci de-là parsèment l’espace. Torreton est déjà sur scène, dos au public. Un défilé de malades délirant s’opère pendant qu’un juke-box crache de la musique. Rien dans les premières minutes ne laisse présager que nous allons assister à une représentation de Cyrano. Les plus sceptiques se poseront la question de savoir si, comme au cinéma, ils ne se sont pas trompés de salle. Puis, peu à peu, on se surprend à imaginer les salles d’asiles auxquelles chacun a pu être confronté. On se questionne alors : peut-être que ceux qui nous semblent fous habitent un monde parallèle dans lequel ils jouent les plus grands drames de la langue française ? Doucement, l’imaginaire se créé.


Enfin, la pièce débute. Montfleury (Jean-François Lapalus) monte sur une scène faite de tables en formica. Tous autour s’amusent et parient pour savoir si Cyrano viendra interrompre la représentation, ce qu’il fait. Torreton une fois debout efface les autres tant il rayonne, tant son incarnation est pleine de force et de justesse. La transposition dans ce monde en blouse blanche où lui est habillé dans un vieux survêtement Sergio Tachini n’empêche pas le texte d’être limpide et particulièrement bien dit. Rostand est l’un des ancêtres de Pagnol et Audiard en matière de textes imagés.


Bien que l’épée soit remplacée par un fer à repasser et que la scène du balcon devienne une conversation Skype, la dramaturgie est très respectueuse des situations rostandiennes : toutes existent et aucune ne perd en force. Celles-ci sont soutenues dans une mise en scène volontairement déséquilibrée qui met particulièrement en valeur le héros et son nez, au détriment des personnages secondaires.  L’organe de Cyrano parle, il est le prolongement parfait de l’acteur. De profil, il accuse, de face, il touche, de dos, il nous manque. Seule Roxanne (Maud Wyler) trouve sa place au-devant de la scène. C’est elle qui rend le Gascon tout chose, plus faible, en un mot amoureux. Monde moderne et monde baroque se confondent lorsqu’on vit cette situation douloureuse d’un amour par procuration.


L’enfermement dans le monde psychiatrique renforce d’autant plus le climat de tristesse de la situation dans laquelle se trouve Cyrano. Cet homme seul, bon et courageux cloisonné dans sa laideur avec ce nez qui « d’un quart d’heure pourtant [le] précède », vit dans un monde imaginaire. Le drame gagne en noirceur et la vie de cet homme fou en devient profondément désespérante, après une scène finale grandiose, on sort du spectacle bouleversé.


Pratique : Cyrano de Bergerac, jusqu’au 28 juin au théâtre de l’Odéon (6e arrondissement). Horaires et réservations sur www.theatre-odeon.eu et par téléphone au 01 44 85 40 40.




Spamalot, c’est Graal docteur ?

Prenez une coupette âgée de 2000 ans, un PEF* au meilleur de sa forme, le film « Sacré Graal », secouez le tout et vous obtenez SPAMALOT à Bobino ou L’adaptation française de la comédie musicale anglaise du même nom, inspirée du film des Monty Python, déjà montée par le même déjanté PEF en 2010, vous suivez ? Vous en voulez encore ? Alors je synthétise : SPAMALOT c’est 18 comédiens, 46 personnages, 180 costumes, plus de 2h de fous rires et un lapin carnivore.

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L’ex-Robin des Bois, fort de son dernier succès cinématographique avec « Les Profs », revêt de nouveau ses collants, sa cotte de maille et arbore une épée flamboyante (au sens propre), entouré par une cour de seconds rôles qui n’ont de second que le nom. En effet, PEF sait s’effacer au profit de ses preux chevaliers, notamment Galahad (ce soir-là Florent Peyre) blond platine hilarant ou d’une dame du Lac tantôt sexy, tantôt acariâtre en mal de notoriété. Même si la table est ronde, les répliques sont saillantes, la légende Arthurienne prend un « sacré » coup et le public en redemande, rien n’est épargné, pas même Monsieur Pokora, c’est dire !

Qui dit comédie musicale dit musical : chaque scène est enrobée avec plaisir et talent par des chanteurs, qui feraient rougir une Céline Dion de fin de tournée, et des danseurs, qui feraient passer « Danse avec les stars » pour une kermesse d’école communale (attention, j’ai une très grande tendresse pour les kermesses !). Les décors, mix entre châteaux, créneaux et cabarets, renforcent cette atmosphère chevaleresquo-dansant. Evidemment, quelques cascades surprendront les moins aguerris, mais que serait une comédie de PEF sans chute de trois mètres de haut ou murs dans la gueule !

Vous l’aurez compris, cette quête de Graal n’est prétexte qu’à une bonne rigolade entre potes mais il ne faut pas s’y tromper, pour que la magie opère la mise en scène doit être tirée au cordeau, et en cela PEF excelle.

Alors, que vous alliez au théâtre une fois par an  ou dix fois par mois, n’hésitez plus et courez applaudir ce Spamalot sauce frenchie. Et à ce qui n’aimeront pas, je conseille Robin des Bois et une cure de Biactol !

 

* Pierre-François Martin-Laval

 

SPAMALOT

Jusqu’au 17 avril 2014
Genre : Comédie Musicale
Bobino / 14 - 20 rue de la Gaité 75014 PARIS
Produit par Daniel Tordjman et Arthur Benzaquen
Adaptation et Mise en scène de Pierre-François Martin Laval
Direction Musicale : Raphaël Sanchez
Chorégraphie : Stéphane Jarny
Décors : Franck Schwartz
Costumes : Jean-Michel Angays
Distribution:
Arthur : Pierre-François Martin-Laval
La Dame du Lac : Gaëlle Pinheiro ou Claire Perot
Galahad : Arnaud Ducret ou Florent Peyre
Robin : Christophe Canard
Bédévère : Pierre Samuel
Lancelot : Philippe Vieux
Patsy : Andy Cocq
L'historien : Laurent Paolini

 




Delanoë, la libération… Enfin ?

Delanoë

Yves Jeuland nous a habitués à mettre son service au talent de la politique française [1. Il a réalisé, entre autres, « Camarades, il était une fois les communistes français » (2004), « Un village en campagne » (2008), « Le Président » (2010). Ce dernier porte sur la campagne de Georges Frêche pour conquérir la région Languedoc-Roussillon.], la livrant telle qu’elle est aux yeux du spectateur, souvent cruelle et manipulatrice. Avec « Delanoë libéré », c’est un autre exercice auquel se consacre le réalisateur, puis qu’ici, il se donne une place (corps et voix) au casting. Il est installé avec Bertrand Delanoë dans un studio de tournage (bien que toujours de dos), et c’est lui qui mène l’entretien avec celui qui, en mars 2014, portera le titre (honorifique!) d’ancien maire de Paris.

Le contexte est intéressant : le maire socialiste (le premier à Paris depuis 1 siècle !) ne se présentera pas à sa succession [2. La candidate du Parti Socialiste est une « lieutenant » de Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo.], il est « libéré » d’engagements futurs et peu donc dresser une sorte de bilan. Une « sorte », car ce n’est pas un bilan politique qu’il faut s’attendre à voir ici, encore moins un bilan de mandat. Quel intérêt à dresser ce dernier pour soi-même si ce n’est pas pour être réélu ? C’est donc un bilan humain qui s’écrit pendant ce film, comme le récit d’une vie, d’un homme, de ses souvenirs, avant son retrait de la vie publique.

Jeuland n’en est pas à son premier documentaire où Delanoë a un rôle important. Il y a douze ans, il tournait un film baptisé « Paris à tout prix ». Diffusé en deux épisode sur Canal+, il montrait tout de la bataille que les candidats se livraient entre eux pour l’Hôtel de Ville. Ce documentaire s’arrête sur la proclamation des résultats. La caméra était restée à l’entrée, elle a attendu patiemment la sortie. C’est d’ailleurs avec plusieurs images de ce premier documentaire que s’ouvre « Delanoë libéré ».

Filmé de trois-quarts on voit monsieur le maire regarder les images, on profite ainsi de ses réactions. Il donne l’apparence d’un homme simple, au regard fatigué, sans être agacé, qui est assis face à nous. Fait rare pour un homme politique : il s’exprime en bon français, dans cette voix grave de fumeur de cigarillos couronnée d’une légère intonation de dandy, que même l’auditeur occasionnel lui connaît. On le voit en ami de Lionel Jospin, admirateur de Gaston Defferre, inséparable de Dalida… Cette dernière qui l’accompagnait dans les rues du 18e arrondissement au soir de sa première élection en tant que député pour fêter la victoire en 1981.

C’est un vieux combattant qui porte maintenant un regard façonné par la maturité et l’expérience sur sa propre vie. Une naissance à Bizerte en Tunisie, son mai 68 à Rodez, sa montée à Paris quand il avait 24 ans et les engagements menés alors. Il parle des leçons données par ses parents, qui n’ont pas connu son ascension brillante. L’occasion pour lui de revenir sur l’un de ses grands combats face à lui-même : contre l’orgueil, un vieux démon dont il donne l’image de s’être complètement libéré aujourd’hui. Il commente aussi son coming-out, réalisé à fin des années quatre-vingt dix et se félicite du fait qu’aujourd’hui « le maire de Paris soit homosexuel, et que tout le monde s’en foute ! ». Il assume son célibat, ou plutôt, sa liberté encore une fois, confessant que jamais « [il] ne veut se priver d’une affection naissante ». La liberté, véritable luxe de cet homme sans téléphone portable, peut-être…

Il y a aussi une certaines douleur et peut-être un peu de regret quand il revient sur ses échecs internes du parti Socialiste. Fataliste, il commente : « c’est que cela ne devait pas arriver ». Douleur également, mais philosophie aussi, quand il repense à la tentative d’assassinat dont il a été victime à l’Hôtel de Ville ce samedi soir de 2002, lors de la première édition des Nuits Blanches, il dira qu’il « se peut que cela [lui] ai apporté un peu de sagesse ».

Enfin, la question de savoir, pourquoi il s’arrête là ? Alors qu’il aurait tout a fait pu être réélu si cela l’avait intéressé ? [3. Bertrand Delanoë avait annoncé dès son élection qu’il n’exercerai que deux mandats à la tête de Paris.] Delanoë répond qu’il a « admiré deux grands maires : Defferre et Chaban-Delmas, et que ces deux ont fait quelques mandats de trop ». Il préfère donc penser à l’après mars 2014, imaginant sa vie entre « voyages, plage et copains », sans pour autant écarter toute possibilité de responsabilité politique, disant en substance que si on lui confiait une « mission », il ne la refuserait peut-être pas…

Comme à son habitude, Yves Jeuland et son équipe ont le génie pour faire voir l’humanité dans le héros et comment celui-ci arrive, d’une certaine manière, à nous le faire aimer. Ils construisent une histoire autour de ce sujet qui ne semble pas forcément évident au départ. Et pourtant, on comprend tout. On s’intéresse à chaque minute du film même si on ne connaît pas grand chose de l’homme au départ [4. C’est le cas de l’auteur de cet article.]. Le mélange entre images d’archives, interview et clins d’œil musicaux (chers à Jeuland) donne un bel équilibre à l’ensemble, on ne relève pas de longueurs ou de détail qui viendrait en gâcher l’harmonie.

Ce documentaire mérite l’attention du spectateur amateur ou non de jeux de pouvoirs. Il offre l’image intéressante d’un homme politique peut-être un peu plus vrai que les autres ? Assurément vrai, car (volontairement) libéré !

« Delanoë libéré » sera diffusé le 18 octobre sur France 3 à 23h10




« Rêve de monuments » et surtout de châteaux-forts à la Conciergerie

 

Affiche exposition "Rêve de Monuments " - Conciergerie
Affiche exposition « Rêve de Monuments » à la Conciergerie de Paris

 

Le château-fort :

Qu’il soit de sable ou de légo,
Inquiétant ou fascinant,
Décrit par la légende Arthurienne ou les aventures d’Harry Potter,
Archétype fantasmagorique dans des comptes de fées ou bien réel du Moyen-Age Occidental,
Symbole de royaumes oubliés et en ruine ou preuve de la force militaire lorsqu’ils se dressaient fièrement contre l’assaillant,
D’une architecture gothique pure et dure ou tout droit sortit de l’imagination de R. R. Tolkien.

Il s’agit d’un élément architectural fascinant. Dans la superbe salle des gardes de la Conciergerie de Paris, le château-fort mais aussi tous l’univers médiéval reprend vie de la façon la plus onirique qu’il soit. Des projections, des ombres, des trompes l’œil dans cette magnifique salle gothique, voila de quoi voyager dans le temps!

Les petits et les grands … rêveurs et artistes trouveront leur compte autour de jouets, peintures, sculptures, constructions, projections ou extraits de BD.

 

Pratique : Du 22 novembre 2012 au 24 février 2013 à la Conciergerie de Paris 2, boulevard du Palais, 75001 Paris
Ouvert tout les jours de 9h30 à 18h
Dernier accès 45 minutes avant la fermeture

Tarifs : gratuit pour les ressortissants européens de moins de 26 ans.
Entre 5,50 € (tarif réduit) et 8.50 € (plein tarif).

Plus d’infos : Possibilité de jumeler le billet d’entrée avec celui de la Sainte Chapelle

Sites des monuments nationaux :
http://www.monuments-nationaux.fr/en/news/headlines/bdd/actu/1072/reve-de-monuments/

 

 




« Trois petits cochons » déjantés à la Comédie Française

Les Trois Petits Cochons, adapté très librement du conte populaire par Marcio Abreu et Thomas Quillardet fait partie de ces (rares) spectacles jeunesse à offrir aux parents une joie ne se limitant pas seulement aux rires de leur progéniture, tous en redemandent. Ce monde déjanté et cartoonesque, où le loup balaye les maisons avec son souffleur de feuille est tellement barré par moment qu’il fait rire les plus récalcitrants.

Rarement il est donné de voir une famille de petits cochons aussi humaine. La mère-truie (Bakary Sangaré) dirige avec bonheur sa fratrie joyeuse (Julie Sicard, Stéphane Varupenne et Marion Malenfant), jusqu’au jour où le boucher-loup (Serge Bagdassarian) vient l’emmener, et que la petite famille se retrouve orpheline, contrainte à faire le tour du monde en quête d’un nouvel abri.

Commence alors un long périple, voyage initiatique, où malheureusement, à chaque étape, avant l’arrivée, un petit cochon sera mangé par le grand méchant loup. Découverte d’un monde inconnu plein de dangers.

Les moments d’excitations contrastent avec les instants chaleureux. La création d’ambiance est incroyable. Les temps de fuite entraînent le public dans l’excitation, et les instants de calme dans les maisons nous reposent de ces courses effrénées.

Si sur scène, les petits cochons ont la « saudade » de leur ancienne vie, pour le public c’est une vision complètement nouvelle du conte qui s’offre, et c’est excellent.

 

 Pratique : Jusqu’au 30 décembre au studio-théâtre de la Comédie-Française, Carrousel du Louvre, Paris. Réservations par téléphone au 0825 10 16 80 ou sur www.comedie-francaise.fr/. Tarifs : entre 8 € et 18 €.

Durée : 1 h

Mise en scène : Thomas Quillardet

Avec :  Julie Sicard, Serge Bagdassarian, Bakary Sangaré, Stéphane Varupenne, Marion Malenfant.

 




Jacques Lassalle nous emmène « Loin de Corpus Christi »

Copyright : Marc Ginot

La création de « Loin de Corpus Christi », pièce de Christophe Pellet mise en scène par Jacques Lassalle est inédite. Inédite parce que montée une fois à la Comédie de Genève, mais aussi par son format, son contenu, sa forme… Tout commence lorsqu’une passionnée de cinéma tombe sous le charme d’un acteur à la Cinémathèque Française, elle va partir à sa recherche… Ne se contentant pas d’intégrer du cinéma dans le théâtre, elle bouscule les frontières entre ces deux arts par une problématique difficile. 

Tout d’abord, en soulignant la différence d »importance du personnage face à l’Histoire. Bertolt Brecht et Richard Hart vivent dans le même Hollywood qui voit se produire la montée du macchartysme après la Seconde Guerre mondiale. Le premier personnage existe encore dans la mémoire collective, le second est presque oublié après quatre films. En interrogeant ce fait, Christophe Pellet questionne également notre obsession de l’image, du désir qu’elle nous procure et l’occupation de notre esprit par un acteur, son visage, ou le corps d’une héroïne de jeux vidéos.

Sur ces idées est écrite une pièce complexe qui nous fait jongler d’une époque à l’autre, en 1946, 1989, 2005 et 2025, mais pas forcément dans cet ordre… Jacques Lassalle a fait le choix du réalisme pour dépeindre ces espaces chronologiques. Dans un décor qui est une salle de cinéma, on fait des bonds dans le siècle, guidés par des panneaux dactylographiés sur le fronton de l’écran, comme dans un film muet. Les années changent mais le cadre reste, ces sièges rouges… Tout au plus quelques draps viendront les recouvrir…

Une étrange atmosphère

Divisée en deux parties distinctes (l’une d’1h20, l’autre d’1h), la pièce nous invite à suivre Anne Wittgenstein (Sophie Tellier). Passionnée de cinéma elle partage le coup de foudre qu’elle a eu pour Richard Hart avec son vieux professeur de cinéma, Pierre Ramut (Bernard Bloch), clin d’oeil amical au critique de cinéma toujours en activité, Pierre Murat. Il la met en garde, faisant référence au Portrait de Jennie de William Dieterle. Ce film où un peintre croise un soir une jeune fille dans un parc, la fait vivre dans une toile, et par mégarde, la ressuscite. Où se situent rêve et réalité ?

Ces discussions maître-élève sont une belle leçon de cinéma, qui ne laissent pas pour autant les non-initiés sur le bord du chemin. Bloch est touchant et humain dans ce rôle, sa disciple semble troublée, mais aussi follement amoureuse de ce nouveau visage inconnu. Léger bémol cependant, dans son jeu, Sophie Teillier vire parfois un tantinet groupie, on a l’impression qu’elle essaye de se convaincre de son amour, c’est gênant. 

On sent sur toute la pièce un voile de mystère, d’étrangeté. Des fantômes planent au-dessus de nos têtes. C’est d’ailleurs comme une apparition qu’arrive Richard Hart (Brice Hillairet), pour son premier rendez-vous à la MGM en 1946. Il est comme nous l’a décrit Anne Wittgenstein : absent, aérien, nous faisant douter de sa propre existence… Il a 20 ans, vient de Corpus Christi au Texas et appréhende la vie de Los Angeles, ses excès. Dans ce monde irréel créé par Jacques Lassalle, on est forcément questionné sur comment le cinéma nous absorbe, nous capte et nous plonge dans des sensations inconnues.

Aliénation par l’image

L’Histoire nous fait rester sur terre, la chasse aux communistes fait rage outre-atlantique. Richard Hart, faible d’esprit, gamin du « deep south », devient un informateur du gouvernement et cause la fuite de quelques uns des gens qui l’ont approché de trop près : Norma Westmore (Marianne Basler), Julie Arzner (Annick Le Goff), toutes deux excellentes dans leurs rôles respectifs. Bertolt Brecht (Bernard Bloch) est aussi conduit à s’échapper avec elles.

Puis on revient à notre époque, Anne a subi quelques épreuves qui l’ont conduite à abandonner Richard Hart.

Et vient Berlin-Est, Norma Westmore s’y est réfugiée depuis 25 ans, on vit avec elle la chute du Mur. La question de Richard, de l’image, la hante. Morritz, son amant d’aujourd’hui a les mêmes traits que son amour d’hier. Le jeune homme s’avère n’être en fait qu’un informateur de la Stasi. Toujours cette question de l’image, de l’espionnage et du jeu de dupe. Qui sont ces gens qui nous obsèdent et pourtant nous détruisent ?

Toute la pièce est une critique poétique de l’aliénation à l’écran, qui nous donne l’illusion de vivre dans un monde libre. Alors que sans cesse les spectres du passés montrent que ce n’est pas le cas, le mal n’est pas forcément où le plus gros doigt le pointe. La terreur ne règne pas là où on hurle le plus fort qu’elle existe. Et si « Loin de Corpus Christi » était le cri d’un désir de liberté ?

Avec une conclusion réussie, Jacques Lassalle propose une version compréhensible de cette pièce complexe, un pari qui n’était pas gagné d’avance.

Pratique : Jusqu’au 6 octobre 2012 au théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses (18e arrondissement, Paris) – Réservations par téléphone au 01 42 74 22 77 ou sur www.theatredelaville-paris.com / Tarifs : entre 15 € (jeune) et 26 € (plein tarif).

Durée : 2 h 20 (avec entracte)

Texte : Christophe Pellet (édité chez L’Arche)

Avec :  Marianne Basler, Annick Le Goff, Sophie Tellier, Tania Torrens, Julien Bal, Bernard Bloch, Brice Hillairet

Tournée :

  • Du 10 au 19 octobre 2012 au Théâtre des 13 Vents – Centre Dramatique National du Languedoc-Roussillon, Montpellier
  • Le 13 décembre 2012 au Préau – Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie, Vire
  • Du 26 au 30 mars 2013 aux Célestins – Théâtre de Lyon



Interview – Les quatre mots de Lise

De ses années passées à Détroit, elle a ramené une sensibilité à la langue anglaise et un goût pour la musique électronique expérimentale. De sa formation classique au Conservatoire de Narbonne, elle a conservé la pratique de l’acoustique et le souci de la pureté des notes.  C’est avec une voix cristalline qu’elle interprète les tubes des autres, ceux qu’elle prétend ne pas savoir (encore) écrire. Elle égraine les phrases, mot par mot, comme on défait un collier pour réinterpréter à sa manière d’inoubliables mélodies. On ne sort pas de la salle où elle s’est produite pareil qu’on y est entré. C’est baigné dans la poésie et bouleversé par sa timidité qu’on s’éloigne en fredonnant du 50 Cent …

 

 

Son premier EP 4 titres a paru en 2011. Sur celui-ci, on retient la délicate mélodie de « Paris » et la reprise culottée de « Pimp » qui ont fait d’elle une petite célébrité sur le net. Avec son album éponyme sortie en mai 2012, elle revient sur scène par la grande porte. Elle met Apollinaire en musique avec « L’émigrant de Landor road », interprète brillamment le « Where is my mind » des Pixies et propose quelques compositions originales qui parlent de phares de voiture, de mouvements et de sentiments.

 

Tour à tour douce, délicate et drôle, Lise est une jeune chanteuse singulière qui semble toujours s’excuser d’être là lorsqu’elle apparaît sur scène. Sur les routes avec Cali dont elle assure la première partie, elle se renouvelle sans cesse avec un répertoire hétéroclite et inattendu. En attendant de se produire à la Boule Noire mardi 20 mars, elle répond à nos questions avec pudeur et humour.


Piano ?

 Je suis arrivée à la musique par le piano. On m’a mise au piano très tôt et je n’ai jamais vraiment arrêté de jouer depuis. D’ailleurs, mes références musicales sont des femmes qui chantent au piano : Tori Amos, les Elles, Barbara… Des mecs aussi, même sans piano… les Smith, Dominique A, Jay Jay Johanson.

Plume ?

 J’ai des textes français et anglais. J’ai passé beaucoup de temps près de Détroit aux États-Unis. J’y ai tissé des liens très forts et depuis, j’ai envie de chanter des chansons pour eux aussi. Je suis sensible aux mots dans les deux langues. Je n’ai jamais écrit pour d’autres. En revanche, j’ai écrit avec d’autres. Avec Mathias Malzieu par exemple, nous avons écrit une chanson à quatre mains La ballerine et le magicien qui se trouve en bonus sur mon disque. Dans mes chansons, il y a une thématique mécanique très présente, l’auto, le bateau, le camion… donc je dirai que ce sont les voyages qui m’inspirent. Et puis je reprends des tubes parce que c’est pratique et que je ne sais pas en écrire !


Passion ?

Je lis pas mal de littérature notamment américaine. Des essais aussi, j’aime beaucoup la collection « La librairie du XXe siècle ». Je voyage. Je retourne fréquemment à Détroit et je descends réguièrement dans le Sud où je suis née.


Tournée ?

Je serai à la Boule Noire à Paris le 20 mars, à Sigean le 23 mars, en première partie de Rachida Brakni au Café de la danse le 4 avril… puis à nouveau près de Paris les 13 et 14 avril. J’ai des projets en cours. Le plus marrant, c’est celui de Bird And Rolleuse, c’est à dire choriste pour le groupe Dionysos sur quelques événements. Sinon je commence à me pencher sur un nouveau projet de disque…

 




Mardi – Loheem

L’OM au Camp des Loges ?

Ah non pardon Loheem à la Loge ! (Paris 11, Métro Charonne)

Un concert comme on en redemande.
Milamarina pour débuter. La harpe électrique à l’honneur. Du beat. De la douceur.
Le public est séduit. Le public est surpris.
Mission réussie.

Puis Loheem entre en scène. Julie au chant, Antoine à la guitare.
Les chansons s’enchaînent et nous enchantent.
Les mélodies se mêlent. Les accords nous prennent au corps.

Et la voix nous laisse pantois.
Une voix pure, sans barrière, sans obstacle.

Un savoureux mélange d’anglais et de français.
Juste ce qu’il faut de chacune des deux langues pour nous dépayser, mais pas trop.
Pour nous perdre, et nous reprendre.
Acoustique, électrique. Tous les plaisirs sont là.

Et cerise sur la gâteau.
Sublimation, Nirvana.
Hommage à Kurt, ça ne s’invente pas ! Stay away !

Et on entraperçoit de nouveaux possibles.
La guitare rock. La voix qui porte.

Mais les lumières s’allument déjà.

Loheem
Facebook : https://www.facebook.com/loheem
Site Web : http://www.loheem.com/
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« Solutions inédites pour partager un supplément d’âme », We Love Art

LenimpdeJessPlus de 6 ans, et toujours toutes ses dents, l’agence de conception « d’espaces-temps » We Love Art a prouvé encore une fois ce samedi 5 juin 2010 que le prix de LA soirée parisienne lui revenait.

Mon premier est une habituée des festoches, des concerts de Björk et a fait la prog du Divan du Monde. Mon second est le fondateur de TRAX, le plus gros magazine français sur les musiques électroniques et le créateur des soirées aTRAXion. Mélangez-les, et vous obtenez mon tout : un cocktail secoué qui enflamme les nuits parisiennes 2 ou 3 fois par an.

Vous avez peut-être compris que je parle de l’agence We Love Art, dont les 2 managers sont Marie Sabot, qui l’a créée en 2004, et Alexandre Jaillon, qui a rejoint l’aventure début 2005.

Pourquoi j’en parle ?

Parce que ! J’adore le concept : des soirées un peu barrées, et pourtant orchestrées de main de maître, un peu comme les Play – objet d’un futur post – : des sortes de « raves » pas en plein air, où tu te retrouves à tournoyer sur des basses à te faire exploser le cœur et à te laisser porter par des nappes mélodieuses qui te transportent loin, loin ailleurs.

Parce que les We Love prouvent que les personnes qui écoutent de l’électro ne sont pas que des mecs aux cheveux hirsutes ou aux baskets fluo, et que les soirées dites « parisiennes » ne se divisent pas entre le Showcase, le Rex ou le Batofar (pour faire vite). On y voit de tout  et de tous les âges, du raver hirsute – oui, ben il en faut quand même !- qui porte son sac à dos et bouge la tête juste devant la scène sur la gauche le plus près possible de l’enceinte, à la fille en talons qui n’a pas peur de pique-niquer sur la pelouse de la Villette juste avant l’ouverture des portes. Et l’ambiance fait qu’on finit tous par se parler, se mélanger, et tournoyer ensemble.

Parce qu’en plus, c’est toujours dans des endroits sympa : la Villette, Aquaboulevard, la Chesnay du Roi, le Palais de Tokyo…

Et parce que surtout, ce sont des artistes (ou des labels) – que j’adore !- du monde entier, improbables et tellement attendus : Vitalic, Luciano, Ellen Allien…

Pourquoi j’en parle right now ?

Parce que We Love Art a organisé sur Mai et Juin 2010 un combo : We Love Sonique avec Richie Hawtin puis Vitalic, à l’occasion de Villette Sonique.

Et c’était fou. Et même Mathilde, pas férue d’électro et qui s’est moqué de moi la 1ère fois que je lui ai fait écouter Paul K, a aimé, si, c’est vrai 😉

Parce que Richie Hawtin fête ses 40 ans cette année, et pour l’occasion, a vu les choses en super grand. Il a même fait développer une appli Synk, qui joue sur le son et l’image, et fonctionne notamment durant ses concerts. Un petit flop pour la Part I, mais n’empêche, l’ambition de faire dans le génial et l’innatendu est toujours là, et c’est ce qui fait la force de We Love.

Parce que Vitalic, auteur du célèbre morceau Trahison, joué sur la bande-annonce de Naissances des pieuvres. Parce que James Holden et Cassius.

Parce qu’Exyzt, collectif d’illuminés lumineux, qui s’est chargé de la célèbre structure d’Etienne de Crecy, était là pour une perf’ censée épileptique.

Et parce que fumer des clopes, fermer les yeux et lever les bras en souriant, c’est un mode de vie.

Pourtant bémol il y a.

Pour y aller, il faut de plus en plus débourser : environ 30 € en prévente et 7 euros la bouteille d’Heineken. Customisée, peut-être. En aluminium, certainement. Mais 7 €.

Une We Love, c’est un événement de la culture électronique incontournable à Paris aujourd’hui, et qui ne se produit que 2 ou 3 fois par an. Un événement léché et très bien imaginé. Pas un festival. Ça reste du niveau des meilleures soirées du Rex Club avec Pan Pot, même si le lieu change etc. Une soirée parisienne en somme. La meilleure, oui, mais quand même.

Alors je vote pour que le concept We Love reste ce qu’il y a de mieux pour nous : la musique électronique trans-générationnelle, trans-culturelle, qui permet de partager un supplément d’âme et de penser l’électro autrement.

Voir la vidéo We Love Sonique Part II – Vitalic